Vacarme 04/05 / féminin pluriel

féminisme, avez-vous dit ? table-ronde avec des associations féministes

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Y a-t-il encore des luttes féministes en France aujourd’hui ? Pour beaucoup le féminisme est associé soit à la période glorieuse des années 1970, soit aux revendications contestées des Américaines : avant ou ailleurs.
C’est pourquoi nous avons donné la parole à des femmes qui luttent ici et maintenant. Chacune s’est d’abord étonné que les femmes se retrouvent dans la rubrique minorités. Non que les femmes n’aient pas historiquement été traitées comme "mineures" ou qu’elles ne demaurent pas "minoritaires" dans tous les lieux où elles ne sont pas à parité ou à égalité avec les hommes. mais aujourd’hui, les femmes en supportent plus qu’on les désigne encore symboliquement comme telles. L’une d’entre elles a même proposé que pour l’occasion, la rubrique soit rebaptisée "majorité"...

Pouvez-vous me parler d’un moment marquant dans votre activité ces dernières années ?

Gisèle Marie, À Tire d’Elles et Femmes entre Elles. Rennes

À Tire d’Elles, créée en 1990, est une association féministe à libre choix sexuel. Elle fait partie d’un tissu associatif féminin, féministe et les bien, extrêmement dynamique sur la place de Rennes, grâce, notamment, à une politique municipale résolument engagée en faveur de l’égalité des chances : citons Femmes entre Elles, association féministe lesbien ne, avec laquelle À Tire d’Elles partage ses locaux, le Réseau Femmes en Bretagne, qui, depuis 1995, veille à l’application de la plate-forme de Pékin, le Mouvement Français du Planning Familial, les sections locales de l’Union des Femmes Françaises-Femmes Solidaires et de l’Assemblée des Femmes, le Centre d’information sur les Droits des Femmes, les associations de femmes algériennes et de femmes afghanes... et la liste est incomplète. « le moment marquant pour À Tire d’Elles, ç’a été la campagne pour la grâce de Véronique Akobé, jeune employée de maison ivoirienne qui purgeait à la prison de Rennes une peine de 20 ans de réclusion criminelle pour avoir blessé son employeur et tué le fils de ce dernier qui l’avaient violée à plusieurs reprises. Dès le lancement de la campagne par l’AVFT (Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail) en novembre 1995, nous avons rédigé une pétition que nous avons commencé à faire signer et circuler. Le 8 mars 1996, nous avons organisé à Rennes une conférence-débat avec l’AVFT, qui a été couverte par le journal télévisé national et a loué un rôle crucial dans le « décollage > de celte campagne. À diverses re-prises, nous avons fait écho à Rennes de manifestations organisées par l’AVFT à Paris. Nous avons beaucoup travaillé avec les médias locaux, presse et télévision, qui ont souvent mieux relayé que les médias nationaux une mobilisation qui réunira, in fine, 170 associations, partis et syndicats français et étrangers. À travers cette campagne, l’association a gagné en visibilité. Nous avons su nous affirmer telles que nous sommes, féministes à libre choix sexuel, et être reconnues pour la qualité de notre travail et des valeurs que nous défendons. J’ai connu la période féministe où i+ y avait les luttes de classes, psych’ et po ; les radicales, les mille et une tendances et pas de réelle rencontre entre les différents groupes féministes et/ou gauchistes. Aujourd’hui, nous savons mettre ensemble nos énergies sans gommer nos différences. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est une vraie richesse. "

Évelyne Cloud, Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV)

Le CFCV a été créé à la suite de viols commis dans le RER en 1985. II s’agissait de dénoncer le degré élevé de tolérance de notre société aux violences sexuelles, dont témoigne l’indifférence manifestée par les témoins présents dans les rames du train au moment de ces viols. Depuis lors, le Collectif anime une permanence téléphonique nationale gratuite ci anonyme (SOS Viols Femmes Informations) pour informer et soutenir les victimes et leurs proches.

« Le téléphone vert existe maintenant depuis 12 ans. Les violences sexuelles mira- et extrafamiliales restent extrêmement communes. Si les victimes parviennent de plus en plus nombreuses à parler et à porter plainte, la police et la justice, en revanche, ne semblent pas encore toujours prêtes à les entendre et à leur donner réparation. L’événement marquant se situe plutôt du côté des autres professionnels ; avocats, travailleurs sociaux, « psys » ... Depuis deux ans, nous recevons beaucoup plus de demandes de formation. Qu’est-ce que cela signifie ? Que ces professionnels connaissent encore mal la réalité des violences sexuelles, niais qu’ils souhaitent mieux l’appréhender. Nous faisons avec eux un énorme travail sur les « mythes >, qui entourent le viol. Notre analyse est féministe : cela implique que nous définissions les violences sexuelles comme la manifestation d’un abus de pouvoir masculin sur les femmes et les enfants. Il ne s’agit pas seulement d’une histoire entre individus ; mais d’un fait social et collectif qui doit être dénoncé comme tel. Nous travaillons avec ces professionnels sur les conséquences à court et long terme du traumatisme de la violence sexuelle. Nous leur apprenons à repérer, entendre et accompagner les victimes ... »

Gisèle Amoussou, Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT)

L’AVFT a été créée en 1995 par Marie-Victoire Louis, sociologue au CNRS, Yvette Fuillet, députée européenne, et Joëlle Causin, secrétaire au ministère des Finances, à la suite d’un harcèlement sexuel subi par cette dernière. À l’époque, il n’existait pas de texte juridique spécifique pour saisir la justice sur ce type d’agissements. C’était une véritable « gymnastique juridique ». On avait recours aux qualifications inappropriées d’attentat à la pudeur ou de voie de fait. L’ancestral « droit de cuissage » restait le plus souvent impuni, puisqu’il n’était pas reconnu par la société comme répréhensible. « Un moment marquant ? Ce fut le vote de la loi réprimant le harcèlement sexuel en 1992. L’AVFT a réussi à faire ériger cette expression de la domination masculine sur les femmes dans les relations de travail au rang de délit et à faire en sorte que cette loi soit effectivement appliquée : c’est une avancée incontestable pour les droits des femmes ! Au départ, les sceptiques étaient nombreux. On disait que cette loi ne serait pas appliquée, que la preuve serait difficile à administrer. Dans la pratique, il n’en a pas été ainsi. Depuis qu’il existe un cadre législatif sur lequel se fonder, les femmes sont de plus en plus nombreuses à oser parler et dénoncer Nous les accompagnons dans leur démarche, quand elles font appel à nous. Et ce, face à l’employeur, auprès de l’Inspection du Travail, chez leur avocat, devant les prud’hommes ou devant le Tribunal Correctionnel... Nous cherchons à créer un rapport de forces en leur faveur, et pour ce faire, nous nous constituons souvent partie civile à leurs côtés. Il existe maintenant une jurisprudence sur laquelle les nouvelles victimes Peuvent S’appuyer pour faire valoir leurs droits et exiger réparation. »

Malka Marcovich, Union contre le Trafic des Êtres Humains

L’Union contre le Trafic des Fines Humains est la section française de la Fédération Abolitionniste Internationale, créée en 1875 par Joséphine Butler en Angleterre, pour lutter contre la prostitution sans incriminer la personne prostituée.

« Pendant longtemps, le féminisme ne m’a pas posé question. À ma majorité, le droit de vote, le droit à la contraception et à l’avortement, etc., étaient des acquis. Dans le courant des années 1970, j’ai ressenti, comme d’autres femmes de ma génération, alors adolescentes, les déviances de la libération sexuelle. À savoir, le diktat de devoir coucher avec tout le monde, homme ou femme. C’est à travers mon travail sur la prostitution, inspiré par ma réflexion sur l’intégrité de la personne et la liberté de parole, que l’ai commencé à comprendre les enjeux des rapports de domination. C’est par ma réflexion sur l’exploitation sexuelle que j’ai trouvé ma place dans le féminisme. À ce titre, la clarification féministe opérée lors de la conférence internationale "Violence, abuse and women’s citizenship", qui s’est tenue à Brighton en novembre 1996, fut un moment extrêmement marquant : les organisatrices ont en effet repris à leur compte la motion proposée par quelques associations participantes, dont l’Union contre le Trafic des Êtres Humains et l’AVFT pour la France, suivant laquelle « le féminisme et une position pro-prostitution S’excluent mutuellement. À l’avenir, toute réunion féministe internationale et tout réseau contre la violence masculine envers les femmes devraient adopter des positions clairement anti-prostitution.

Le projet de société que je souhaite promouvoir est celui d’un monde sans exploitation sexuelle, d’un monde qui s’ouvre sur l’altérité, où le droit au plaisir cède au profit du droit au désir, droit de dire oui ou de dire non et d’être respectée dans son corps et sa parole. Je ne veux plus que l’on puisse détourner "mon corps m’appartient" en "mon corps peut donc être un produit marchand". »

Isabelle Gillette, Directrice, Groupe de femmes pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles (GAMS)

Le GAMS, créé en 1982, est la section française du Comité Inter-Africain sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants, qui regroupe 26 pays africains francophones et anglophones, notamment autour de la lutte contre les mutilations sexuelles> Le GAMS, qui réunit des femmes africaines et françaises, privilégie l’information des familles et la formation des professionnels qui les côtoient, en particulier les professionnels de la santé, les travailleurs sociaux et les enseignants. « Dans l’activité du GAMS, 1993 fut une année marquante avec le lancement de la campagne régionale, puis nationale, "Nous protégeons nos petites filles", neuf ans après la parution du Livre bleu sur les mutilations sexuelles [réflexions et propositions d’action pour lutter contre les mutilations génitales féminines, à l’initiative d’Yvette Roudy et avec la collaboration d’associations, Mouvement de Défense des Droits de la Femme Africaine, GAMS, Ligue du Droit des Femmes, Mouvement Français pour le Planning Familial].Cette campagne de prévention a été construite par la Délégation régionale aux Droits des Femmes d’Île de France, avec l’appui du GAMS, de la CAMS, de la CIMADE et du MFPF La circulaire relative à l’intégration des populations immigrées (19.12.1994) Fait de la prévention des mutilations sexuelles un objectif permanent pour l’État. En février 1996, une jour- , née nationale est venue compléter ’ cette campagne, en présence des représentants des pouvoirs publics français et d’organisations internationales (Comité Inter-Africain sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants, Centre International pour l’Enfance, Organisation Mondiale de la Santé). Aujourd’hui, la sensibilisation des populations concernées et la formation des professionnels se poursuivent, notamment en Ile-de-France, Haute-Normandie, dans les Bouches du Rhône, le Rhône, l’Oise et le Nord. »

Maître Linda Weil-Curiel, Avocate, Commission pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles (CAMS) et co-fondatrice d’Atlanta/Sydney + La CAMS ; association créée en 1982, axe son action sur l’aspect juridique de l’excision. Elle se constitue partie civile dans les procès de mutilations sexuelles.

« Dans l’histoire de la CAPAS, un temps marquant fut la reconnaissance du bien-fondé de la répression pénale des mutilations sexuelles, position défendue depuis son origine par la Commission. Au départ, l’accent était mis exclusivement sur l’information-prévention et nous avions contre nous la quasi - totalité des Africaines et les autres associations qui n’appréciaient pas que l’on puisse traduire devant les tribunaux, et a fortiori aux Assises, des parents "innocents", malgré l’excision de leur fille. Les procès ont fait évoluer les mentalités. Il y eut, en 1984, le procès de Créteil, où j’ai fait valoir ma position avec succès : l’excision devait être jugée en mur d’assises et non, à la va-vite, en tribunal correctionnel. Le tribunal correctionnel de Créteil s’est déclaré incompétent au profit de la cour d’assises. Puis, en 1988, s’est tenu le premier procès en assises. Depuis lors, des poursuites et condamnations des auteurs et complices de mutilations sexuelles ont eu lieu en lie de France et dans d’autres régions françaises. Aujourd’hui, le volet répressif de la lutte contre les mutilations sexuelles est reconnu comme nécessaire par les associations et par les Africaines, notamment parmi les jeunes, dont certaines, adolescentes ou jeunes majeures, commencent maintenant à dénoncer leurs parents et l’exciseuse. Cette reconnaissance a été consacrée, en 1995, par la remise du Prix des Droits de l’Homme de la République française à la CAPAS, pour l’ensemble de son action et pour la qualité de son film Le Pari de Bintou.

C’est la même démarche légaliste qui m’a conduite à fonder Atlanta +, avec Annie Sugier et Anne-Marie Lizin. L’idée est née à l’ouverture des JO de Barcelone en 1992. On était devant une contradiction flagrante : d’un côté, l’Afrique du Sud était réintégrée parmi les nations olympiques, parce qu’elle abandonnait l’apartheid et la discrimination qu’elle faisait subir aux Noirs. De l’autre, 35 délégations se présentaient sans une athlète femme. Et personne ne dit mot. C’est ce que j’appelle le "machisme ordinaire", une anomalie que personne ne remarque. Nous nous sommes intéressées à la Charte Olympique qui interdit toute forme de discrimination, et nous avons mis en demeure le Comité Olympique International d’empêcher que toute discrimination à l’encontre des femmes se manifeste à l’occasion des JO. Comme pour l’excision, il existe une loi, il faut l’appliquer. C’est à l’application de la loi que l’on mesure la volonté politique de faire respecter un ordre égalitaire. "

Sylvie .Jan. secrétaire générale de l’UFF-Femmes Solidaires (Union des Femmes Françaises - Femmes Solidaires)

L’UFF-Femmes Solidaires a eu cinquante ans en 1995. Elle est issue des comités féminins de la Résistance. À l’origine organisation de type familial, elle se rapproche pendant la guerre froide du PCF, dont elle se distancera plus tard En 1992, un changement d’équipe à la direction du mouvement S’accompagne d’un tournant radicalement féministe. Il s’agit d’être féministe et solidaire : permettre au plus grand nombre de femmes d’intervenir pour la défense de leurs droits et de leurs libertés, rendre la parole accessible à fautes grâce à un vrai journal, Clara Magazine, travailler dans toutes les régions au plus proche des lemmes, en créant des liens de solidarité entre elles.

« L’événement marquant de très grande envergure, c’est la conférant-ce mondiale des femmes à Pékin en 1995, avec le forum des ONG et la conférence des États. Ce fut une rencontre exceptionnelle, un lieu unique d’échange, de confrontation et de réflexion sur les solutions et les chemins à construire ensemble. On avait souvent les mêmes mots, dans la diversité des langues, des cultures, des urgences pour parler de liberté, de respect, de dignité, la crème exigence de démocratie avec la revendication de parité. Pékin, sa préparation et ses lendemains, furent un tournant dans l’histoire des conférences internationales : à Nairobi, en 1985, les femmes étaient venues pour dénoncer leurs souffrances, ce qui était déjà extrêmement important. En 1995, à Pékin, elles sont venues pour dénoncer les responsables et travailler aux solutions. Ce fut aussi un tournant pour les femmes en France : l’UFF-Femmes Solidaires et d’autres associations ont été énormément sollicitées pendant deux ans, avant et après la conférence. J’ai été enthousiasmée par la volonté du grand public, des femmes, mais pas seulement, de s’approprier les enjeux de cette conférence. Pékin a été l’occasion d’un renouvellement de l’ex-pression féministe en France, et ce, autour de trois facteurs importants : un fort mécontentement autour de la dégradation de la situation générale, économique, politique et sociale, et une inquiétude concernant la fragilisation des acquis féministes ; la prise de conscience par l’opinion publique féminine du danger des intégrismes, et, à ce titre, la résistance des Algériennes, très forte à partir de 1994, a joué un rôle déterminant dans cette sensibilisation, les mobilisations massives autour de Sarah Balabagan et Véronique Akobé, en 1995 et 1996. La rencontre de ces trois facteurs peut expliquer le succès de la manifestation du 25 novembre 1995 et de ses suites. II y a une recherche, chez beaucoup de femmes aujourd’hui, pour se faire entendre de façon efficace, une volonté, par exemple ce qui s’est passé pour la parité, de se retrouver ensemble pour obtenir des succès. C’est vraiment notre histoire de femmes, et la seule garantie que l’on ait de progresser : s’unir et exprimer la même chose en même temps, dans la diversité de nos approches, de nos motivations, de nos implantations géographiques... »

Michèle Idels, Vice-Présidente de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie (AFD)

L’AFD a été créée en 1989, par Antoinette Fouque, co-fondatrice du MLF et aujourd’hui députée au Parlement européen. Il s’agissait de donner au mouvement un second et décisif élan, et, après 21 ans de luttes de libération, d’oeuvrer à la démocratisation de la société, c’est-à-dire à l’accès des femmes au plein exercice d’une citoyenneté (symbolique, politique, culturelle, sociale) fondée sur leur identité spécifique. Il s’agit de donner lieu à un véritable droit des femmes.

« Un moment marquant, dites-vous. II y en a tant.

J’évoquerai d’abord notre engagement pour la parité. En même temps que la création de l’Alliance des Femmes, nous présentions des listes aux municipales à Paris et à Marseille, puis, en 1992 ; à Marseille, pour les élections régionales. Nombreuses sont celles, qui ont depuis lors permis de rendre le débat pour la parité incontournable : en juin dernier, le nouveau gouvernement Jospin s’engageait à en inscrire le principe dans la Constitution ; une victoire incontestable, même s’il nous incombe encore de veiller à sa mise en oeuvre, et de passer d’une parité quantitative à une parité qualitative - c’est-à-dire, d’une parité porteuse d’un projet, d’une politique pour les femmes. Impossible de ne pas évoquer aussi les Conférences de l’ONU de cette décennie qui ont vu émerger une nouvelle conscience positive de la différence des sexes et les femmes, comme actrices décisives de tout progrès. Nous avons été des milliers, dans le monde, à nous mobiliser au cours de ces années et en 1993, la Conférence sur les droits de l’Homme inscrivait enfin les droits des femmes comme faisant partie intégrante et indivisible des droits de la personne humaine ! En 1995, la 4e Conférence des Nations unies sur les femmes consacrait l’importance du mouvement mondial des femmes, et, ONG et déléguées officielles unies, nous taisions reculer les intégrismes.

Plus récemment, avec Antoinette Fouque, vice-présidente de la Commission des droits de la femme au Parlement européen, notre travail pour l’inscription des droits fondamentaux des femmes dans le nouveauté traité adopté à Amsterdam en juin dernier : pour finir, l’égalité entre les hommes et les femmes figure parmi les missions de l’Union européenne, bien qu’elle n’ait pas été reconnue comme un droit fondamental et que les actions positives, qui, seules, peuvent permettre la mise en oeuvre de l’égalité, soient toujours menacées. Il reste beaucoup à faire. Enfin, je citerai les actions de solidarité internationale de l’Alliance à l’égard des femmes d’ex-Yougoslavie, victimes de viols massifs, de Leyla Zana, députée kurde emprisonnée en Turquie, de Taslima Nasreen, féministe et laïque, qui s’est vue condamnée à mort par les intégristes de son pays, de Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix, leader démocratique de l’opposition birmane, assignée à résidence par la junte militaire de Yangon. »

Nelly Trumel, K Femmes Libres », Radio libertaire (89.4)

En 1986, Nelly Trumet créait « Femmes Libres » sur Radio Libertaire, la radio de la Fédération Anarchiste, à l’occasion du 50e anniversaire de la révolution espagnole. L’émission s’ouvrait sur l’évocation de "Mujeres Libres », une organisation créée en 1936 par des femmes espagnoles remarquables, anarchistes et féministes. L’émission est axée sur les luttes, la réflexion et les activités créatrices de femmes d’ici et d’ailleurs, anarchistes ou non, auxquelles l’émission donne la parole, comme le résume son indicatif « femmes libres, qui se libèrent, qui se révoltent, qui luttent et qui témoignent ». Au même titre que les autres émissions de cette radio aux très petits moyens, « Femmes libres », tous les mercredi de 18h30 à 20h30, depuis onze ans, est un véritable acte militant.

« Un moment marquant depuis la création de l’émission ? Tout est marquant ! Elle s’est construite pas à pas. Après plusieurs années, l’ai pris conscience qu’elle était reconnue et appréciée. Cela a été une révélation pour moi. Je ne m’y attendais pas du tout. Ce qui me motive, c’est d’informer les auditrices-teurs sur le féminisme (rendez-vous, publications, etc.), de les sensibiliser à la réalité de la condition des femmes en France et dans le monde, et de les conduire à s’engager en tant que citoyen(ne)s à part entière, et non de délivrer la bonne parole. J’ai des convictions politiques, mais je ne les assène pas. J’ai trop le respect des engagements de chacun et de chacune. On se trouve à un moment extrêmement difficile. L’entrée des femmes dans la vie publique (politique, professionnelle) est inéluctable. II n’y aura pas de retour en arrière. Cela induit une violence, un refus absolu, des réactions d’une très grande brutalité, sur fond de crise politique, économique et sociale, où les femmes sont d’ailleurs les premières à payer. Le féminisme, dans les médias, devient un sujet incontournable, même s’il n’est pas toujours bien présenté. C’est très récent. C’est pour cela aussi que l’on voit la remontée d’un ordre moral patriarcal, avec le retour du religieux. C’est un peu comme un chant du cygne, qui devient beaucoup plus méchant, parce qu’il sait qu’il va mourir. Ceci dit, cela peut durer encore des années, des centaines d’années. Les acquis sont toujours fragiles ; on ne les maintiendra que si on continue à se battre. Je ne suis ni pessimiste, ni optimiste. Je crois à la permanence de la lutte, quel que soit le contexte. Quand on lutte, il y a toujours des aspects positifs : on garde sa dignité, on retrouve confiance en soi ; on se reconstruit et on invite les autres à le faire. Mon plus grand plaisir, c’est quand une auditrice appelle pour me dire le courage pue loi donne l’émission. •>

Denise Fuchs. Présidente. co-fondatrice de la Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF)

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Le Lobby Européen des Femmes a été crée en 1990 par les milieux associatifs qui avaient l’habitude de travailler informellement avec la Commission européenne. Le LEF regroupe aujourd’hui 2700 associations à travers l’Union européenne. C’est une association démocratique et pluraliste, au fonctionnement transparent, qui a pour mission de réfléchir et d’échanger sur les droits des femmes - à ce titre, sa subvention émarge au budget européen sous l’appellation « Forum européen des femmes " -, mais aussi d’inter venir dans l’élaboration des politiques au niveau européen ce qu’el-le revendique haut et fort. Au niveau international, le LEF est devenu le réseau de référence pour l’Europe. La CLEF a été créée en France en 1991, sur les principes du LEF, à l’initiative d’associations engagées dans la construction européenne. Elle regroupe aujourd’hui une soixantaine d’associations féminines et féministes. À ses débuts, la CLEF était perçue par les femmes de droite comme un regroupement de gauche, par les femmes de gauche comme un regroupement de droite. La préparation de la conférence de Pékin a permis de clarifier la situation et de définir ce que les unes et les autres avaient en commun, notamment à travers la plate-forme « Réussir Pékin ».

« Un moment marquant pour la CLEF est sans aucun doute Pékin. La Préparation de la conférence mondiale, en premier lieu : pendant des mois, des associations qui se connaissaient Peu Ont travaillé ensemble, mis leurs idées et leurs analyses en commun pour élaborer une plate-forme de revendications. Fait nouveau dans la culture associative française, imprégnée d’individualisme, ces associations ont su dépasser leurs clivages- Des associations Qui n’appartenaient pas à la CLEF ont également participé à ces échanges. Le déroulement de la conférence mondiale, ensuite : au forum des ONG, nous avons investi tous les ateliers qui nous semblaient importants, et en particulier tous ceux tenus par des intégristes pour marquer notre opposition. Nous avons organise des manifestations à cet effet. À la conférence des États, nous étions représentées au sein de la délégation officielle française. Nous avons travaillé ensemble dans un esprit de partenariat. Nous avons dit ce que nous avions à dire et nous continuons à le faire, notamment avec l’application de la plate-forme d’action de Pékin par le gouvernement : après Pékin, tout commente. L’autre temps fort de la vie de la CLEF, indissociable de sa raison , d’être, est le lobbying dans le cadre de la Conférence intergouvernementale pour la révision des traités européens. La CLEF s’est appuyée sur le considérable travail de réécriture du traite de Maastricht produit par le LEF : une référence pour des centaines d’associations et un document officiel de discussion lors des négociations. L’enjeu essentiel était d’inscrire l’égalité comme droit fondamental dans le nouveau traité donnant une base juridique solide à toute Politique européenne concerter les femmes. Notre travail fut un demi-succès Puisque l’égalité figure comme l’une des missions de l’Union européenne mais il a contribué à faire reconnaître les associations comme Partenaires de facto dans l’élaboration des textes législatifs européens..

Suzy Rojtma,, secrétariat national du Collectif National Pour les Droits des Femmes (CNDF)

« l’événement marquant est la description même du processus qui a Conduit aux Assises Nationales pour les Droits des Femmes. Le CNDF n’est pas à proprement parler une association. C’est un regroupement de 166 organisations, partis politiques, syndicats, associations, qui s’est créé dans la foulée de la manifestation du 25 novembre 1995, manifestation précurseur du mouvement social de novembre-décembre 1995, qui a réuni 40 000 personnes, hommes et femmes, par rapport aux droits des femmes (la grève des cheminots avait commencé le 24 novembre). La manifestation était à l’initiative de la CADAC (Coordination d’Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception), qui avait été fortement inquiétée par la manifestation de 8 000 opposants au droit à l’avortement en larmier 1995 et qui attendait une occasion pour réagir. Cette occasion a été trouvée dans les velléités du gouvernement Jappé d’amnistier les auteurs des commandos anti-IVG en juin-juillet 1995. La mobilisation a été tout à fart unique. Après la manifestation du 25 novembre, il ne fallait pas en rester là. Un état des lieux de la situation des femmes en France paraissait nécessaire, pour dresser des revendications. Pour ce faire, huit commissions se sont réunies perdant un an et demi au niveau régional et national pour élaborer des plates-formes thématiques de revendications, globalisées dans une plate-forme commune. "Les lemmes prennent la parole", lors des Assises Nationales pour les Droits des Femmes, les 15 et 16 mars 1997, à Saint-Denis. Dans le Collectif, on trouve, j’insiste, des I partis (PS, PC, Les Verts, Mouvement des Citoyens, Lutte Ouvrière, Ligue Communiste Révolutionnaire) et des organisations syndicales (CGT, SUD, la gauche de la CFDT, FSU). Une telle unité autour des droits des femmes n’avait jamais été réalisée dans les années 1970. Depuis la chute du mur de Berlin, on assistait, d’une part, à un changement d’attitudes du PC et de la CGT vis-à-vis des revendications féministes, d’autre part, à la création de nouveaux syndicats assez radicaux prenant en compte les problèmes de société, tels que ceux rencontrés par les femmes, les sans-papiers... Cette aspiration de la gauche à une unité sur les droits des femmes a pu se traduire dans les faits. Le collectif marche au consensus. On ne vote pas. On essaie de trouver des points communs pour pouvoir avancer, ce qui ne veut pas , dire que la plate-forme revendicative adoptée par les Assises soit minimaliste. C’est une plate-forme forte avec des mots d’ordre forts. »

VOS COUPS DE GUEULE ?

LES VIOLENCES : LA PORNOGRAPHIE, LA PROSTITUTION, L’EXCISION...

• M. Marcovich : tout le bruit autour de la pédophilie, petite partie de l’iceberg, empêche d’aborder l’exploitation sexuelle dans son ensemble.

• M. Idels : la misogynie est toujours plénière : violences, meurtres, discriminations, et nous n’avons toujours pas dans la Constitution française de reconnaissance de nos droits fondamentaux, ni dans notre droit, de loi anti-sexiste à l’instar de la loi antiraciste

• M. Marcovich : pour les lemmes, la non-autorisation de parole sur la violence qu’elles subissent, l’impossibilité d’être entendues et crues, la difficulté d’obtenir justice.

• D. Fuchs : l’offensive du gouvernement hollandais, au sein des organisations internationales et en Particulier de l’Union européenne, pour faire reconnaître la légitimité du commerce du corps humain, en faisant disparaître toute référence à la convention abolitionniste de 1949 (Qui exprime La volonté de lutter contre toute forme d’exploitation de la prostitution) au profit d’une référence à la « prostitution forcée » et au « trafic des femmes », sous-entendant qu’il peut exister une « prostitution libre et choisie ». Toute forme de prostitution est une violence.

Nous allons porter le débat à l’automne au sein du Lobby Européen des Femmes, qui est actuellement divisé sur la question, les ONG hollandaises, notamment, suivant la position de leur gouvernement...

• M. Marcovich : si la prostitution est une réalité extérieure à la vie de la plupart des femmes, aucune ne peut dire, en revanche, qu’elle n’a Pas subi la Pornographie, un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre. La pornographie est un viol mental, au quotidien, une nouvelle norme, qui fait que les femmes ont du mal à dire non, quand le désir n’est pas là.

• I. Gillette : l’Égypte est parmi les premiers pays à avoir interdit les mutilations génitales féminines, mais également parmi les premiers à les avoir à nouveau autorisées en les médicalisant. Après l’interdiction ministérielle de 1996, l’autorisation est rétablie en juin 1997. Il y en a marre 1 (NDLR : Le 25 juin 1997, le tribunal administratif du Caire a annulé l’interdiction de l’excision, décrétée, il y a un an, par le ministre égyptien de la Santé. Le tribunal ’ administratif a suivi une récente décision du Conseil d’État égyptien qui estime que l’excision est un geste licite, bien que l’islam n’en fasse pas une pratique obligatoire I le gouvernement égyptien a lait appel, début juillet, de l’arrêt du tribunal administratif du Caire, ce qui a pour effet de suspendre son exécution. L’excision reste toujours illégale en Égypte tant qu’une instance d’appel ne sera pas prononcée.)

LE DECALAGE ENTRE LE DROIT ET LES FAITS

• S. Jan : pour les femmes qui ont la quarantaine et pour toutes les femmes plus jeunes, il est insupportable de se sentir libres et égales dans nos têtes, et d’être en position sociale discriminée (temps partiel imposé, écarts de salaire, entraves au droit à l’avortement, harcèlement sexuel et violences dans la famille et dans la rue). Cela entraîne un repliement, un abandon, un écoeurement, un découragement au plan individuel, de toute façon de la souffrance. Cela motive aussi de la colère. L’enjeu, c’est de passer de la colère, de la frustration individuelle, à la parole et à la parole avec les ’ autres.

LE DENIGREMENT DU FÉMINISME

• Me L. Veil Curiel : Je suis lâchée contre les personnes qui disent « j’approuve tel acquis, mais je ne suis pas féministe » et incluent dans ce terme une nuance de dénigrement. Le recul des droits des femmes ? La responsabilité en revient aussi aux femmes et à la façon dont elles agissent par exemple dans le cadre familial en acceptant certains comportements de leur mari et des enfants. Je ne supporte plus ces jérémiades lorsqu’elles se contentent de subir en laissant faire. Un droit, on se l’octroie, et, si on ne s’élève pas avec fermeté tous les jours de sa vie pour le conquérir, il ne faut pas aller l’attendre des autres. Si on n’accepte pas le principe de sa propre responsabilité, y compris celle des mères par rapport à l’excision de leur fille, on ne peut pas faire évoluer les choses. C’est douloureux, c’est injuste, mais c’est souvent la seule façon de faire réagir, en provoquant une prise de conscience.

L’INTOLÉRANCE

• G. Marie : la force de la majorité bien-pensante, qui, au nom de la morale judéo-chrétienne et hétéro-patriarcale, se permet de juger les gens et tente de les enfermer dans une conformité absolue où nous sommes tous-toutes pareilles et avons le droit de ne rien faire. La notion d’amour, où est-elle là-dedans ? Autre coup de gueule : l’extrême droite contre le lesbianisme : Colette, lesbienne et professeur de philosophie à Marseille, qui a reçu à deux reprises des lettres anonymes d’insultes homophobes, parce qu’el-le avait critiqué l’idéologie du EN lors d’un cours sur la liberté.

LE TRAITEMENT DISCRIMINATOIRE DES MÉDIAS

• G. Mairie : l’inexistence ou la faible visibilité des femmes, et en particulier des lesbiennes, dans les médias I nationaux.

L’AMBIGUITE DE L’ÉTAT

• G. Amoussou : le désengagement de l’État, depuis deux ans, du financement de diverses associations luttant pour les droits des femmes, ce qui met en péril leur travail sur la I durée.

L’ABSENCE D’UNE STRUC-TURE MINISTÉRIELLE OU INTERMINISTÉRIELLE POUR PRENDRE EN CHAR-GE LES DROITS DES FEMMES DANS LE NOUVEAU GOUVERNEMENT JOSPIN

• I. Gillette : un coup de gueule ? L’absence de ministère des Droits des femmes dans le nouveau gouvernement Jospin.

• D. Fuchs : c’est contre l’engagement de mainstreaming pris par les États à Pékin. Nous avons écrit au Premier ministre à ce sujet.

• S. Rojtman : nous nous sommes émues auprès de Lionel Jospin de l’absence de ministère des Droits des femmes. On attendait au pire un secrétariat d’État chargé des droits des femmes. On ne peut pas dire que le problème des femmes soit suffisamment intégré dans chacun des ministères, pour qu’un ministère spécifique soit désormais inutile.

VOS COUPS DE CŒUR ?

LES PROGRÈS VERS LA PARITÉ

• Me L. Weil-Curiel : le renouveau du féminisme sur le thème de la parité. Cela devrait permettre un

élargissement de l’action féministe.

• D. Fuchs : la promesse de la parité est importante. La plus grande présence des femmes à l’Assemblée nationale, c’est le résultat du travail des associations, qui ont porté le débat dans toutes les instances, qui ont poussé les partis à se déterminer et, en ce qui concerne les partis progressistes, à créer une ouverture. Il faut continuer à travailler parce que le gouvernement a bien d’autres priorités. Même s’il s’y est engagé, la réforme de la Constitution n’est pas faite et peut rencontrer bien des obstacles. De plus, il faudra une bonne toi d’application, sinon la réforme restera lettre morte.

• M. Idels : les premiers pas vers la parité et nous venons de loin : la France vient de passer du dernier à l’avant-dernier rang de l’Union européenne en matière de représentation des lemmes au Parlement !

LE COURAGE DES FEMMES

• S. Jan : des coups de coeur, j’en ai souvent et j’ai de quoi en avoir : le courage des femmes, leur grande force, leur dignité, dans la vie au quotidien, sur les lieux de travail, dans les situations de conflit et de destruction, on n’en parle pas assez. Des coups de chapeau, aussi : à

Leyla Zana, que j’ai rencontrée en prison, aux femmes palestiniennes, à Malika, caissière dans un Monoprix à Saint-Ouen, licenciée pour 200 francs de trop dans sa caisse, qui se bat depuis 18 mois pour obtenir justice.

LE BONHEUR D’ÊTRE ET DE TRAVAILLER AVEC DES FEMMES

• G. Marie : ma rencontre avec les femmes féministes et lesbiennes, aussi bien à Rennes qu’en France ou dans le monde, a été et demeure un grand bonheur. Elles me rendent la vie beaucoup plus légère. C’est une force dynamique, qui nous unit, nous rend solidaires, désireuses de partager notre enthousiasme, notre énergie, nos compétences et nos savoir être. La rencontre entre les idées et les actes s’est concrétisée récemment dans la création de la coordination lesbienne nationale.

ASSOCIATIONS CITÉES

À Tire d’Elles, 17 rue de Gascogne, 35700 Rennes, tél : 02 99 54 48 06 - fax : 02 99 54 10 81 Femmes entre Elles, MJC la Paillette, rue du Pré de Bris, 35000 Rennes, tél : 02 99 59 50 32 - fax : 02 99 54 10 81

CFCV 9 villa d’Este, 75013 Paris - tél. vert : 0 800 05 95 95 ’ AVFT, 71 rue Saint-Jacques, 75005 Paris - tél : 0145 84 24 24 - fax : 01 45 83 43 93 (publications : La Lettre de l’AVFT, Projets Féministes) Union contre le Trafic des Êtres Humains, 16 Rue Cassette, 75006 Paris

GAMS, 66 rue des Grands-Champs, 75020 Paris - tél : 01 43 48 10 87 - fax : 01 43 48 00 73 I CAMS et Atlanta +, 6 place Saint-Germain-des-Prés, 75006 Paris - tél : 01 45 49 04 00 - fax : 01 45 49 16 71 Femmes Libres, Radio Libertaire, 145 rue Amelot, 75011 Paris - tél : 0148 OS 34 08

UFF-Femmes Solidaires, 25 rue du Charolais, 75012 Paris - tél : 01 40 01 90 90 - fax : 01 40 0190 81 (publication : Clara Magazine) Alliance des Femmes pour la Démocratie, 5 rue de Lille, 75007 Paris - tél : 0145 48 83 80 - fax : 01 42 22 62 73 (publication : La Lettre de l’AFD)

CLEF, 100 rue de Rennes, 75006 Paris - tél : 01 64 94 29 24 ou 0146 55 06 22 - fax : 0160 80 12 65

Collectif National pour les Droits des Femmes, c/o CADAC, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris - tél/fax : 0143 56 36 48