Vacarme 16 / Chroniques

Monsieur le Président

par

Bernard Tapie est revenu. Le président de l’O.M.triomphant des années quatre-vingt-dix était tombé en disgrâce suite à sa condamnation dans l’affaire Valenciennes/0.M. et à la lutte sans merci que lui opposait le président de la Ligue nationale de football, Noël Le Graet.

Celui-ci a salué le retour de Tapie par un laconique "Un homme ne doit pas payer toute sa vie". Mais monsieur Le Graet n’est plus président de la L.N.F. Il fut en effet victime d’une fronde menée par la frange ultra libérale des présidents de clubs, représentée par Jean Michel Aulas, président de l’Olympique Lyonnais. C’est le président de l’A.J. Auxerre, Gérard Bourgoin, qui occupe actuellement ce fauteuil. Malheureusement, les problèmes juridiques auxquels il doit faire face à cause de la faillite de l’entreprise avicole (ce type élève du poulet en batteries !) dont il est le président le décrédibilisent. Ainsi que ses " problèmes de comportement " stigmatisés par son ancien allié le président Aulas dans le journal L’Équipe. Effectivement, M. Bourgoin semble agir "à la hussarde" et calquer son attitude sur celle de Jean Gabin dans le rôle du "Président". Il devra certainement se méfier davantage ; le président Aulas est également vice-président de la L.N.F. et c’est un habile stratège. Il a par exemple rappelé son ancien adversaire, l’ex-président Le Graet pour le charger de négocier les droits d’une émission de football avec le président de TF1. Négociations qui semblent plus faciles avec le président de Canal + Pierre Lescure, qui est également le président du P.S.G. (la chaîne étant propriétaire du club).

Mais revenons à notre ami Bernard Tapie. M. Robert-Louis Dreyfus, président de l’O.M. et président d’Adidas l’a appelé au secours d’un O.M. miné par tout ce qui fait de Marseille une ville extraordinaire — Par exemple par le président des clubs de supporters à propos de l’exploitation des produits dérivés. Ou par l’éviction du président délégué M. Marchand jugé pas assez marseillais — Belle ironie quand on se souvient que l’ex ministre du président Mitterrand était lui même président d’Adidas à l’époque de sa gloire.

Sur ce petit monde merveilleux des présidents, gardons un œil vigilant. Un certain nombre de personnages d’une médiocrité avérée ont assis leur pouvoir dans cette fonction. Si aujourd’hui Sylvio Berlusconi fait peur à l’Europe, il le doit à son passage à la présidence du Milan A.C. alors au sommet de son art. Et le chef de guerre Arkan a immédiatement investi son butin dans le rachat du club d’Obilic dont sa veuve est encore présidente.

Souvenons nous du président Chirac boudiné dans le maillot bleu de la France qui gagne.

Soupçonnons les vainqueurs, surveillons leurs présidents.