Actualités

libérez-le !

Il va à la préfecture de Bobigny déposer son dossier. Ce matin, comme
des centaines d’autres, il attend depuis des heures l’ouverture du
service des étrangers. Carte de séjour ou pas, tous doivent passer
par là, subir le même rite d’humiliation, la même violence, le même
rappel à sa condition d’étranger. Ensuite, il y a les guichets ou
plutôt les guichetiers qui trouvent toujours un prétexte pour faire
revenir le lendemain, faire attendre des mois, des années, maintenir
dans l’illégalité...

Il est arrêté à la gare de Bordeaux. Contrôle d’identité. Tous les
jours, ces contrôles se répètent dans la rue, dans les gares, dans
les foyers. Souvent discrets, deux trois policiers postés ici ou là.
Un harcèlement qui ne veut pas dire son nom, qui cherche à paraître
autre que ce qu’il est vraiment. Personne n’est dupe. Une opération
organisée à grande échelle par l’Etat contre une certaine catégorie
de la population, cela s’appelle une rafle : ici permanente et diffuse.

Il passe devant le JLD (Juge des libertés et de la détention). Cette
impression si banale que le juge n’est là que pour valider une
décision de police. La loi, disent-ils. Ces lois réécrites tous les
deux ans qui fragilisent toujours plus les populations étrangères,
fabriquent des sans-papiers, précarisent le statut des étrangers en
France (remise en cause de la carte de dix ans, du regroupement
familial, du droit d’asile) — un apartheid inscrit dans la loi. La
loi, disent-ils.

Il est mis en rétention. Des milliers de personnes sont enfermées
dans les centres de rétention. Ces lieux qui là encore ne veulent pas
dire leur nom, qui se cachent dans les sous-sols des commissariats,
dans les zones industrielles, aux abords des aéroports, au milieu des
bois... On nous parle de l’amélioration des conditions de détention,
d’espace pour enfants... Mais il s’agit bien de camps dans lesquels on
est enfermé et aucun aménagement d’aucun type n’enlèvera à ces lieux
leur violence. Violence de lieux que les pays européens n’ont jamais
cessé de construire pour gérer les populations étrangères.

25 000 expulsions cette année — on le répète tous les jours à la
télé, il faut remplir le quota. Les préfets doivent exécuter leur
basse besogne sans mot dire, comme ils l’ont toujours fait. On ne
compte plus les rendez-vous pièges à la préfecture, les flics qui se
font passer pour le conseiller d’orientation pour donner un faux RDV
aux parents, les ANPE à qui on demande de fournir les cartes de
résidence aux préfectures, les banques et les postes qui balancent.
La traque aux sans-papiers est permanente, la peur aussi... La peur
c’est un mode de gouvernement par lequel on oblige des milliers de
gens à bosser, à accepter n’importe quel travail, pour n’importe quel
salaire, dans n’importe quelle condition.

N’oublions pas que la fragilisation de nos existences, la justice et
la police qui se resserrent chaque jour un peu plus autour de nos
vies est notre lot à tous. Résistons, donnons corps et consistance au
mouvement qui se profile... Occupons bloquons tout ce que nous pouvons.

collectif d’occupation de la préfecture de Bobigny