Actualités

Vacarme n°43 est disponible en librairies

Vacarme n° 43 (avril-juillet 2008) est disponible en librairie depuis le 18 avril. Vous y trouverez...

... un entretien avec Philippe Artières : « faire des histoires »

«  Écrire ce qui n’était pas écrit, à propos des luttes collectives en particulier : devenir scribe, rassembler ces discours pour permettre à d’autres de s’en emparer. (...) Il me semble rétrospectivement que ce travail de passeur d’archives vers le présent est un aspect essentiel de mon travail de recherches depuis quinze ans. » C’est bien ce qui ressort, en effet, des travaux de Philippe Artières. Contre une certaine écriture savante, qui pense l’histoire comme un récit et l’historien en auteur, la sienne consiste le plus souvent à publier des « archives mineures », écrites dans les insterstices du pouvoir (comme ces 200 Lettres perdues échangées entre une femme et son fils détenu), parfois sur les murs (comme ces graffitis de prisonniers reproduits dans Vivent les voleurs !), parfois sur les peaux (comme les tatouages d’À fleur de peau) — traces de vies dominées mais pas écrasées, de résistances ordinaires, de courages anonymes. Ce parti-pris anti-héroïque guide son dernier livre, co-dirigé avec Michelle Zancarini-Fournel : Mai 68, Une histoire collective (La Découverte) se veut l’anti Génération de Hervé Roman et Patrick Rotman. «  En somme, montrer que l’histoire n’est jamais celle de 25 personnes (...), entrer dans le cortège des manifestants et peindre ses acteurs les plus inconnus. »

... un dossier : « 1968/2008 : être anti-autoritaire aujourd’hui »

Quarante ans après mai 1968, l’autoritarisme revient en force : un candidat à la présidence de la République promet de liquider l’héritage d’un printemps anti-autoritaire, et il est élu ; un enseignant gifle un élève, il obtient le soutien public du Premier ministre et de 40 000 pétitionnaires ; un psychiatre plaide pour une restauration de l’obéissance pure et simple dans les relations familiales, et il fait la une des journaux télévisés. C’est le point de départ de ce dossier, et un appel à se positionner clairement : au moment où il est gravement remis en cause, il faut défendre ce mouvement de démocratisation des rapports sociaux dont mai 68 a été à la fois la cristallisation et l’accélérateur — on ne peut pas être nostalgique d’une époque où un général occupait l’Elysée, où prévalait une organisation disciplinaire du travail, où les femmes mariées devaient obtenir l’autorisation de leur époux pour exercer un emploi.

On ne peut pourtant pas être anti-autoritaire aujourd’hui comme on l’était il y a quarante ans. D’une part, parce que les relations d’autorité ont une histoire : nous sortons progressivement de cette « domination rapprochée » que 68 a desserrée. D’autre part, parce qu’il n’est plus possible de penser l’autorité au singulier : on pouvait, en 68, mettre toutes les autorités dans le même sac et le sac au feu parce qu’elles étaient homologues les unes aux autres (un chef de l’État père de la patrie, un père « chef de famille », etc.) ; elles ne le sont plus. Il faut donc mener la critique de l’autorité champ par champ : de la famille à l’école (celle-ci n’ayant pas suivi la démocratisation de celle-là), de la psychanalyse à la littérature, de la police au travail — c’est l’organisation de ce dossier. Enfin, parce que là où l’anti-autoritarisme de mai 1968 se formulait dans la langue révolutionnaire, l’anti-autoritarisme contemporain s’énonce désormais dans une grammaire démocratique  : rappeler à ceux qui occupent une position d’autorité qu’ils ne la doivent qu’à la légitimité, construite et provisoire, qui leur est concédée, sur fond d’égalité inconditionnelle — c’est cela, sans doute, être anti-autoritaire aujourd’hui.

... cinq Lignes :

  • Danilo Martuccelli, sociologue, cherche à réarticuler désir d’égalité et désir de singularité ;
  • Gilles Chantraine, sociologue, et Jean Bérard, militant à l’Observatoire international des Prisons, reviennent sur l’invention d’une nouvelle — et effarante — «  rétention de sûreté  » ;
  • Achille Mbembe, historien, Michel Agier, ethnologue, et Rémy Bazenguissa-Ganga, sociologue, examinent la manière dont l’Afrique post-coloniale tourne le dos à une France raciste ;
  • François Brun, ingénieur de recherches au Centre d’Étude de l’Emploi, déplie les logiques de l’utilitarisme migratoire ;

... un Cahier éclectique : Jean-Christophe Bailly nous propose de devenir «  les enfants de Bartleby  », Jean-Claude Lebensztejn nous livre le deuxième volet de ses notes de lectures sur Kafka, Peter Szendy poursuit sa série sur les tubes, Anne Bertrand son histoire de la photographie américaine (ce trimestre, Helen Levitt), Nick Fraser, producteur de l’émission StoryVille sur la BBC, se prête au jeu de l’entretien, Victoire Patouillard à celui du rébus, et Marie de Cenival passe au crible les programmes de circonsion contre le sida dans les pays du sud.

Post-scriptum

Cinq articles, indiqués par un point vert, sont disponibles en ligne dans leur version intégrale. À noter :

  • Vous pouvez commander ce numéro, ainsi que les précédents.