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la Poste et les revues : feu le service public de la circulation des idées

Les mobilisations s’amplifient contre le changement de statut de la Poste et sa privatisation programmée. Vacarme s’y associe, et souhaite, avec d’autres éditeurs, attirer l’attention sur un autre aspect des réformes en cours : le démantèlement des tarifs postaux qui permettaient l’envoi de journaux, de revues et de livres à moindre coût. Ultime étape d’un processus amorcé il y a cinq ans au moins, un accord vient d’être signé entre La Poste, l’État, et les corporations du secteur, qui prévoit une augmentation de plus de 30% des tarifs en question, à raison de 4 à 5% par an pendant 7 ans, hors inflation. Les majors de la presse peuvent espérer compenser cette augmentation par des économies d’échelle et la libéralisation du portage qu’on leur fait miroiter ; les petits éditeurs, eux, subiront la hausse de plein fouet. Certains n’y survivront pas : la production et la circulation d’idées s’appauvriront d’autant.

La justification de cette mesure est un cas d’école, et le détail de l’accord un véritable manuel de la Réforme. Vous souhaitez mettre en pièces un service public ? C’est très simple : changez de langage. Les coûts de La Poste concernant la presse excèdent ses recettes ? L’État compense la différence ? N’invoquez plus une production « non-marchande », exempte des injonctions à la rentabilité, et sans laquelle le service rendu ne le serait pas à tous, mais un insupportable « déficit », que l’État ne veut plus « combler ». La Poste engrange des bénéfices considérables sur d’autres produits ? Qu’à cela ne tienne, isolez les activités déficitaires, quitte à culpabiliser leurs agents – un salarié sous pression, c’est toujours bon à prendre. Les sommes économisées par l’État (quelques dizaines de millions d’€) vous semblent dérisoires au regard des cadeaux fiscaux récemment accordés aux plus riches, et plus encore au regard du service rendu jusqu’ici ? Naïveté : pour les futurs actionnaires de La Poste, il n’y aura pas de petits profits.

Bref, nous sommes furieux et consternés, mais déterminés à obtenir la révision de cet accord, et pleinement solidaires des mobilisations en cours.

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