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Vacarme n°47 est disponible

Le numéro de printemps (avril-juin 2008) vient de paraître. Il est disponible en librairie, sur commande et par abonnement. Le sommaire complet et quelques articles, signalés par un point vert, sont consultables en ligne.

Anniversaire de mai 68, hier, et discours aujourd’hui, sur le « nouvel âge » de l’économie ouvert par la crise : mais en quel sens au juste la politique est-elle affaire d’âges, de générations et d’héritages ? Cette question traverse le sommaire du n°47 de Vacarme (avril-juin 2009). Faisant une large place à la photographie (interventions, notamment, de Pere Formiguera et Yan Gao), la revue s’ouvre par un entretien avec Nicole Lapierre : sociologue parlant à la première personne, celle-ci se penche sur ce qui, dans notre rapport à la mémoire et à l’histoire, nous rend capable de nous dégager des identités assignées. Retraversant les silences de la mémoire des juifs de Plozk, travaillant sur les changements de nom, Nicole Lapierre interroge le façon dont le national exerce son emprise sur le nominal, et comment à l’inverse, face à un Dieudonné, la mémoire juive et la mémoire noire sont nouées et se nouent dans des détours prometteurs.

Si nous sommes liés à nos contemporains par la mémoire, nous le sommes aussi par la date de naissance, ou par le fait d’avoir affronté en commun les mutations d’une époque : pour autant, l’idée de « génération » a-t-elle une portée politique ? Partant de l’actualité récente (Sarkozy fut-il élu par les vieux ? Obama, par les jeunes ?), le Chantier de Vacarme revient sur une notion décidément mouvante – tant les générations peuvent être à la fois un fait sociologique, l’horizon d’une expérience partagée et un enjeu de mobilisation collective. Ici, les générations montantes sont victimes de politiques fiscales et économiques qui organisent l’inégalité, là les générations futures sont objets de tous les appels à la responsabilité : autant d’ambiguïtés, qui invitent dans ce dossier à lire les politiques européennes à travers le prisme générationnel (Louis Chauvel) ou à soupçonner qu’aujourd’hui, l’idée d’une histoire où les générations se succèderaient à l’identique a peut-être secrètement perdu son sens (Jean-Luc Nancy).

Ces inquiétudes trouvent une série d’échos dans les Lignes qui, de numéro en numéro, prolongent leurs enquêtes thématiques : échos du mouvement social guadeloupéen, où se renégocie une mémoire coloniale (Michel Agier) ; échos de la lutte des classes (Pierre Zaoui), que la lecture « générationnelle » de la société ne saurait occulter ; échos des politiques publique en matière de drogues, où « les jeunes » font l’objet d’une étouffante sollicitude (Aude Lalande) ; échos de la lutte contre le sida dont les hésitations, entre thérapie pour soi et prévention pour les autres, interrogent les rapports de l’intime et de l’horizon commun (Michel Celse).

Naviguant entre littérature, politique et art, le Cahier de Vacarme voit lui aussi revenir l’insistante question de la jeunesse – à travers une table ronde sur les transformations annoncées de la justice des mineurs — et celle de la mémoire, par un biais inattendu : celui de la « reprise » en musique (Rodolphe Burger, Vincent Casanova). La reprise, ou comment déplacer une mémoire, pour l’entendre aujourd’hui ?

Post-scriptum

Revue de presse : Le Monde des Livres, 18 avril 2008, "Une nouvelle politique des générations" (sur le Chantier).