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Meurtre de Natalia Estemirova : Memorial, une ONG prise pour cible.

L’enlèvement puis l’assassinat de Natalia Estemirova, retrouvée morte en Ingouchie le 15 juillet dernier, marquent une étape de plus dans l’entreprise visant à réduire au silence celles et ceux qui, depuis des années, s’efforcent de faire connaître et de dénoncer les violations des droits humains commises en Tchétchénie. A travers la personne de Natalia Estemirova , c’est aussi l’activité d’une association qui se trouve visée : l’association Memorial, pour laquelle cette chercheuse et militante travaillait, vise depuis la Perestroïka à documenter les atteintes aux droits de l’homme, qu’elles aient été commises dans le passé soviétique ou par l’actuel régime russe.

Dans son dernier numéro, Vacarme a rencontré Arseni Roguinski, co-fondateur et président de Memorial. Dans cet entretien, il revient sur les enjeux démocratiques de ce projet, indissociablement historique et actuel : opposer, à la falsification historique sur laquelle le pouvoir russe entend rétablir la grandeur nationale, le rappel de la terreur soviétique et la mise en lumière des crimes d’aujourd’hui. "L’histoire rappelée par Mémorial est en conflit frontal avec la fierté historique reconstruite par le pouvoir", note A.Roguinski : c’est la continuité de cet affrontement que les assassins de Natalia Estemirova, dans leur acharnement à la faire taire, incarnent cruellement. Aujourd’hui, Memorial a suspendu ses activités en Tchétchénie. Le conflit, lui, continue.

Sur les difficultés rencontrées par les militants dans la dénonciation des crimes commis en Tchétchénie, on lira également l’analyse de Bridget Conley (directrice de programme au Musée du Mémorial de l’Holocauste des Etats-Unis) et l’entretien accordé en 2004 à Vacarme par la journaliste Sophie Shihab, grand reporter au quotidien Le Monde et spécialiste de ce conflit.