Intervention graphique

Voyageur infatigable, de l’Espagne au Brésil, du Canada au Sahara, François Méchain est un étrange héritier de la nébuleuse du land art, tant il en poursuit les gestes autant qu’il en déplace les lignes. Lui aussi voue son art à l’ailleurs et au grand vent du dehors, y bâtissant des sculptures éphémères et in situ. Mais il vient de la photographie, toujours magnifique et inséparable de ses sculptures, non de la peinture. Et s’avère moins fasciné par les grands espaces nus ou les pharaoniques terrassements industriels (à la Robert Smithson) que par les forêts et les lieux marqués par les traces de l’histoire humaine ; moins formaliste (à la Mickaël Heizer) ou moins mystique (à la Richard Long) mais plus écologique et politique ; autant historien que géographe, autant passeur de temps que d’espaces. Il définit lui-même ses œuvres, toujours construites avec des matériaux trouvés sur place, comme des « carottages dans l’épaisseur du monde ». Une sorte de human land art ou de political space-time art. En tout cas une manière singulière et libératrice de conjuguer les temps : ceux de la nature, des lieux, des matériaux et des hommes.

Du 4 novembre au 23 décembre 2010, une rétrospective 1980-2010 lui est consacrée, à la Galerie Michèle Chomette, 23, rue Beaubourg 75003 Paris. Site de l’artiste www.francoismechain.com.

Les œuvres de François Méchain sont reproduites [1] pp. 13, 20-21, 28, 33, 38-39 et 48.

Légende de la page 13 [1] : Brioude, Auvergne, France, 1999. Du foin récolté dans l’environnement s’enroule autour d’un arbre. Distorsion du convenu, mutation forcée.

PZ

Notes

[1note de la rédaction dans l’édition imprimée de Vacarme, numéro 53