Vacarme 56 / Zibaldone !

Adama Kouyaté a de la constance. De l’ouverture de son premier Photo hall en 1949 aux années 1980 ; de Kati à Ségou (Mali), en passant, par Ougadougou (Burkina), Bouaké (Côte d’Ivoire), ou même Paris où, en mai dernier, ce bel octogénaire a réinstallé son studio le temps d’une exposition dans la galerie Jean Brolly, son dispositif n’a pas changé. Des photos 6x6 au cadrage presque toujours identique ; des portraits en pied saisis dans un espace de 4 m2 juste décoré d’une toile peinte, d’un sempiternel tapis de paille et de rares accessoires ; deux lampes latérales qui ménagent des ombres subtiles. Plus encore que chez les deux autres grands photographes de studio maliens, Malick Sidibé et Seydou Keita, c’est cette rigueur sérielle qui frappe d’abord dans son travail. Car la pauvreté revendiquée du code est ici la contrepartie et la condition de la diversité des mises en scène : devant son objectif, chaque modèle devient l’acteur de lui-même pour un autoportrait rêvé avec le photographe. Ses milliers de clichés, qu’il dit avoir conservés par ordre chronologique dans une armoire à Ségou, constituent une encyclopédie des corps et des poses, une histoire du vêtement, un manuel de classe, un témoignage heureux de l’Afrique des premières années d’indépendance. Elles racontent la façon dont une pratique héritée de la photographie anthropologique fut alors réappropriée en première personne.

© Adama Kouyaté. Courtesy Galerie Jean Brolly - Paris. Studios d’Afriques, photographies d’Adama Kouyaté / textes d’Amadou Chab Touré, éditions Gang, octobre 2010.

Portfolio

  • Bouaké, 1967
  • Bouaké, 1968
  • Ségou, 1955
  • Ségou, 1971