Vacarme 61 / Pierre Pachet

La matière du sommeil

par

« Il y a quelqu’un sur la scène de la nuit ». Le sommeil passe sur les pages des livres singuliers de Pierre Pachet, il s’y dépose et colore les textes (comme la raison, chez d’autres, dessine une certaine manière d’écrire). Le thème a longtemps été négligé à cause, sans doute, de l’intérêt plus franc et plus immédiat que la psychanalyse a accordé au rêve ; à cause, aussi, de la croyance en la puissance de la lucidité dans le comportement humain. Mais Pierre Pachet n’est pas venu à bout de cet objet de pensée qu’il approche avec Nuits étroitement surveillées (Gallimard, 1981), et avec lequel il étudie, comme depuis un observatoire de lui-même, le mode de conscience produit. Il poursuit son étude avec La Force de dormir, où il se penche sur le sommeil dans la littérature (Gallimard, 1988). Le sommeil est non seulement grille de lecture des textes littéraires, matière à réflexion : il est ce suspens où l’écrivain doit se tenir, entre vigilance et abandon, pour écrire. Car, dit Pierre Pachet, cette inconsistance ou « puissance poétique » comme il l’appelle, rappelle que le monde n’est « ni un récit, ni une image ». Et qu’on n’y entre jamais sans désir.

Bibliographie

  • Sans amour, Denoël, 2011.
  • Devant ma mère, coll. « L’un et l’autre », Gallimard, 2007.
  • L’amour dans le temps, essai autobiographique, Calmann-Lévy, 2005.
  • Aux aguets, Essais sur la conscience et l’histoire, éd. Maurice Nadeau, 2002.
  • Adieu, éd. Circé, 2001.
  • Autobiographie de mon père, Belin, 1987 ; nouvelle édition, avec une postface de J.-B. Pontalis, éd. Autrement, 1994 (tr. en turc et en hébreu).
  • De quoi j’ai peur, essai, Gallimard, 1980.