Le parti pris de l’expérimentation

Beatriz Preciado est philosophe. Depuis le Manifeste contra-sexuel où elle fait l’éloge du gode, jusqu’à Pornotopie où elle érige l’imaginaire Playboy en matrice de la sexualité contemporaine, elle développe une pensée à la fois aiguisée et rentre-dedans qui reformule les bouleversements du monde occidental en articulant les questions du sexe et du genre à celles de la colonisation, du capitalisme et de l’industrie pharmaceutique. Sa force est d’être démonstrativement conceptuelle et de se poser elle-même comme objet d’expérimentation. Performeuse et émancipatrice, on l’aime parce qu’elle nous oblige à repenser des catégories qui nous paraissent évidentes (l’homosexualité, le service public, le corps), parce qu’elle a l’art des grandes traversées historiques sur des objets ignobles (le sperme, la syphilis, les hormones), parce qu’elle est provocatrice avec bienveillance. Et puis, parfois, elle nous déstabilise en assumant les conclusions jusqu’auboutistes de ses raisonnements.

Bibliographie

  • Manifeste contra-sexuel, Balland, 2000.
  • Testo junkie : sexe, drogue et biopolitique, Grasset, 2008.
  • Pornotopie. Playboy et l’invention de la sexualité multimédia, Climats, 2011.