Vacarme 18 / Processus

« In memoriam Francis Bouygues » (le cas TF1)

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Fini le temps où le bétoneur Francis Bouygues se rêvait en nabab avec Ciby 2000, sa filiale cinéma qui produisait tout ce que le cinéma mondial comptait de pointures de « qualité internationale », de La leçon de piano de Jane Campion, à Twin Peaks : Fire Walk with Me de David Lynch en passant par Little Buddha de Bertolucci. Avec la disparition du magnat du BTP s’arrêtait l’aventure de Ciby 2000. Aujourd’hui TF1 Films Productions coproduit une vingtaine de films par an, avec un apport moyen par film de 11,7 MF (contre 4,8 pour France 2 Cinéma et 2,1 pour Arte).

Quel genre de films ? Ceux qui nourrissent les prime time de la chaîne, qui permettent de rafler la mise audimat. La liste des films dans lesquels a le plus investi TF1 Films Productions en 2000 parle d’elle-même : Le Prince du Pacifique, Le placard, Vidocq, Astérix..., Yamakasi, La vérité si je mens 2, Le pacte des loups, Belphégor, etc. Avec un record historique : 33 MF dans Le prince du Pacifique d’Alain Corneau en 2000, montant que Laurent Storch, directeur général de la filiale cinéma de la chaîne, justifie laconiquement dans Le Film Français : « Certes, le montant est important, mais il correspond à plusieurs droits de diffusion télévisuelle. »

Très chère la diffusion, quand le film est un échec en salles, ce qui laisse des doutes sur le succès audimatique de ses 4 diffusions à venir. À la fin de Little Buddha, quand au large de Vancouver, Chris Isaak et Bridget Fonda dispersent en mer les cendres du vieux Lama qui a choisi leur fils pour successeur... Surgissait à l’image la phrase « In memoriam Francis Bouygues ». En 1993, on croyait rêver. Et si c’était vrai ?