La réunion des contraires L’absorption de la « Volkspolizei » dans la police berlinoise, 1989-90

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Berlin, 9 novembre 1989, le mur n’est plus. du jour au lendemain, la ville ne fit géographiquement qu’une, mais politiquement et administrativement toujours deux, dans l’attente d’un ordre politique unique. deux polices, chacune construite en opposition à l’autre, ont été appelées à se fondre en une seule, et ce en moins d’une année. Réunification et réconciliation, en un rien de temps.

I am a police. That may sound like an unusual statement – or an unusual construction. But it’s a parlance we have. Among ourselves, we would never say I am a policeman or I am a police officer. We would just say I am a police.
– Martin Amis, Night Train.

1 Deux polices, séparées quatre décennies durant, ont été appelées à se fondre en une seule, à Berlin : la Volkspolizei, police du régime de RDA en voie de décomposition accélérée, et la Police de Berlin-Ouest, issue des polices ouest-européennes. Il aura fallu, en un rien de temps, mêler ensemble deux institutions contraires. Un rien de temps ? Une brève année : du dehors, un agenda politique martial s’était imposé. Après quelques mois, il fut décidéen effet que l’Allemagne ne ferait qu’une, et ce le 3 octobre 1990. Pour ne rien gâcher, les cérémonies de cette union devaient prendreplace à Berlin, dont la police devait alors gérer les manifestations de masse. C’est donc au 1eroctobre 1990, soit deux jours avant l’unité allemande,que les deux administrations fusionnent, pour faire face aux risques de ce 3 octobre si particulier : la police berlinoise est la première institution publique unifiée d’Allemagne.

Aujourd’hui, dans Berlin unifié, les deux polices ne font plus qu’une, en charge d’appliquer les mêmes lois, au sein d’une ville unique, auprès de populations qu’aucune barrière physique ne sépare plus, et ce sous un seul et même commandement, celui du « Sénat » de la ville. Que sont devenus les anciens Vopos ? Cette union si rapide fut-elle du goût de tous ? Quelles procédures de justice, quelles mises en scène de la réconciliation se sont jouées, dans un si bref intervalle, au sein des organisations policières ?

2 En avril 1990, le syndicat de la police ouest-allemande accueille en fanfare 83 000 nouveaux adhérents, en absorbant le tout neuf syndicat de la Volkspolizei. Des voix s’élèvent contre la fraternisation enchantée avec les nouveaux « collègues ». En septembre 1990, la revue syndicale publie un courrier d’un policier lecteur qui fait remarquer combien l’adhésion massive des Vopos rappelle l’ancien syndicatunique de RDA [1]. Ce lecteur indigné exige une suspension de l’action euphorique de son organisation, au profit de procédures préalables à même de juger tous ces aspirants au rang d’égal : il dénonce « l’ignorance quotidienne, depuis quarante ans, des droits de l’homme, la haine encasernée de la démocratie, et d’ailleurs la méconnaissance totale de l’ensemble de ce qu’est la police dans un État de droit ».

Le lecteur indigné réclame alors d’urgence… l’attente. Suspendre pour mieux se réconcilier. Il entre ainsi en « dissidence victimaire [2] », contestant le primat de la fraternisation aveugle et de manière générale l’emprise d’un futur de promesses [3] sur un présent aux assises historiques trop désajustées.

Le passé est l’arme que l’on veut retourner contre le présent, ce présent qui s’écrit trop vite. Spécificité de l’Unification allemande : les « autres absents », les acteurs de l’histoire (ceux du « Vorwelt » sont encore bien là ; la RDA déchue n’a pas emporté ses agents, qui restent présents (dans le « Mitwelt ») et portent témoignage face au futur (« Nachwelt ») qui s’annonce [4]. Spécificité de Berlin : ces mondes temporels sont assignés à la coexistence dans un seul espace, une seule et même ville, que la frontière de béton ne sépare plus.

3 Cette simultanéité des temps se traduit par l’obligation de maîtriser un environnement fait d’ignorance (qui sont exactement ces Vopos ?) et d’insaisissabilité des événements qui se produisent. Que faire ? Une police, une seule, en un rien de temps.

Le 22 février 1990, le président de police de Berlin- Ouest forme un groupe de travail, consacré à « l’éventualité d’un travail policier commun dans les deux parties de la ville de Berlin », « avec la mission de relever tous les problèmes juridiques, structurels, personnels et matériels, ainsi que de prendre les mesures nécessaires qui se verraient immédiatementimposées à la police par une future unité urbaine administrative ». Les conclusions sont rendues le 9 mars 1990. Ce document entend mettre en œuvre deux programmes : l’absorption les anciens Vopos dans une police unique, appliquant un droit unique ; l’indistinction des agents de cette police unique. Quels sont toutefois les coûts, à long terme, des choix arrêtés ? Quelle est l’exacte nature des risques induits par les décisions imposées par le calendrier ?

On n’examinera pas toutes les dimensions de cet improbable pari : réunir en une seule institution deux anciennes ennemies, dont les légitimités s’étaient construites des décennies durant à l’appui du rejet de l’autre. La police ouest-berlinoise a toujours pu faire l’économie de la justification, l’économie des moyens de se dire « démocratique » puisque son contraire, de l’autre côté du Mur, était par nature « dictatoriale ».

4 Mentionnons l’armement. Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, l’armement et les moyens de protection des Vopos se trouvaient alors bien en deçà des normes légales et techniques de celles de leurs collègues de l’Ouest. Les 11 646 pistolets soviétiques Macharow 9 mm, l’arme de poing des Vopos depuis 1960, étaient loin d’être conformes aux dispositions ouest-berlinoises fixant les armements des agents publics de la ville. La solution ? « La liste réglementaire des armes autorisées à Berlin devra être ouverte aux modèles d’arme de la Volkspolizei, ce sans considération de leurs normes de sécurité (“ ungeachtet ihres Sicherheitsstandards ”) » (comité de travail, 6 octobre 1990). La réalité résiste : le droit se plie. L’unification allemande, dix ans après, se laisse admirer comme une belle mécanique, mais semble à l’échelle locale, et dans le temps de sa « réalisation », plutôt relever du miracle des alchimies réussies.

5 Au jour de la fusion des deux institutions de la ville, sur les 9 400 Vopos que comptaient les unités de Berlin Est, 6 843 agents se portent candidats à la poursuite de leur service sous les couleurs de la police berlinoise réunifiée. 6 843 contrats de travail sont signés, et les 6 843 agents immédiatement intégrés dans la police de la ville. Au 1eroctobre 1990, donc, deux tiers des ex-Vopos sont intégrés ; plus de 80 % si l’on compte également les personnels administratifs.

Ils le sont toutefois sous un régime spécifique, celui d’employé (« Angestellte »), et non pas de fonctionnaire (« Beamte ») : ils sont donc employés dans la police berlinoise, en attente de leur titularisation au titre de fonctionnaire (« Verbeamtung »). En outre, tous les ex-Vopos sont rétrogradés de deux rangs. Les agents de direction, en revanche, sont placés, pour reprendre le terme alors consacré, en « file d’attente » (« Warteschleife »), la poursuite de leurs activités étant suspendue à l’examen préalable de leurs dossiers individuels. Cela signifie donc que tous les autres agents sont admis sans examen préalable de leurs compétences policières, ni de leurs allégeances politiques. Des policiers de l’Ouest sont par ailleurs envoyés à l’Est, gagnant au passage un ou deux échelons hiérarchiques, et prennent en charge la direction et l’encadrement des postes de police ; ascension précoce pour tout un ensemble de ces agents, correspondant aux besoins engendrés par la rétrogradation de leurs collègues de l’Est et la placardisation des hauts gradés.

Comment assurer l’homogénéité territoriale, et ce au jour même de l’unification ? La solution fut la « Durchmischung  », le « mélange de part en part ». Dès le premier octobre 1990, 600 policiers de l’Est sont partis effectuer leurs missions à l’Ouest, et 2 340 policiers de l’Ouest ont pris leur service à l’Est ; les deux au sein de patrouilles mixtes, de patrouilles communes. Le pari qui a été fait fut celui de l’apprentissage sur le tas et dans le feu de l’action du savoir (notamment juridique), des techniques, et du savoir-faire.

L’unification des polices de Berlin a ainsi consisté en un bricolage hâtif dans un espace temporel marqué à la fois par l’urgence de l’instant présent et par l’absence d’antécédent historique. Compte tenu des tensions et des antagonismes entre les deux polices, compte tenu également du caractère particulièrement vif, à Berlin, de tout ce qui concerne la RDA et les crimes de ce régime, on peut s’étonner de la célérité apparemment sans encombre de la mise en œuvre de ces décisions. Faut-il croire que tous, « dissidents victimaires » compris, se furent rangés à l’intérêt supérieur de l’urgence politique imposée par l’échelon fédéral ?

6 En réalité, la décision se jouait à l’écart : hors de la vue du « public » (l’opinion publique qui aspirait à la traque des « coupables du régime », ou appelait au pardon), hors de la vue, surtout, des intéressés (policiers de l’Ouest hostiles, policiers de l’Est apeurés). Tout se joue dans une économie de la scène publique et des coulisses officieuses, une économie du retrait et du secret. La décision publique relevait d’un régime « machiavelien » [5] : silence sur le concret de l’unification des polices. La scène politique ouest-berlinoise confia le soin aux directions administratives de la police de l’Ouest de régler tout cela en silence.

Cette organisation muette de l’unification policière reposait sur la mise en place de discrets réseaux de vigilance. Ce furent les jeunes cadres intermédiaires de la Volkspolizei de Berlin Est qui ont fait, avec la police de Berlin-Ouest, l’unification des deux polices, et ce dès décembre 1989. Derrière le lourd voile d’incertitude et de méconnaissance, la police de l’Ouest entretenait un flux continu d’information en provenance des seconds rangs de l’Est, les cadres les plus jeunes de la Volkspolizei, qui avaient tout à perdre de manifestations d’affinité au régime réel-socialiste. Une telle dynamique à l’écart de la scène publique exacerba bien entendu les rancœurs des dirigeants de la Volkspolizei, qui multipliaient les prophéties de malheur [6] et tentaient d’empêcher l’inéluctable. Ainsi l’opération Reisswolf, au cours de laquelle les responsables politiques de RDA et des cadres de la Volkspolizei détruisirent les archives et maquillèrent les dossiers individuels. Les agents de la base étaient ainsi maintenus dans la plus grande incertitude à l’égard de ce qui se jouait en haut.

À quelles conditions la greffe prit-elle prendre ? Quelles furent les conditions de félicité de ce commandement commun sur deux populations apparemment si hétérogènes ?

7 Le temps joue là sa part. La décision publique planifia au plus exact le jour J, et remit au lendemain la gestion de tous les risques induits. La soudaineté de l’action publique ne consistait ainsi pas seulement à faire le pari d’enfermer l’avenir, mais aussi de faire se réconcilier les passés, ou de les faire taire. Et ceci dans une économie des pratiques qui mêlait sur un même espace les policiers les uns aux autres : la soudaineté du processus se conjuguait à la proximité, à l’intimité des destinées.

L’anticipation de procédures humiliantes ou l’empressement à se garantir contre un quotidien trop oppressant ont donc tout naturellement poussé les plus âgés, donc les plus « loyaux » à l’égard du système ancien, à ne pas pousser la porte d’entrée. Les « prophètes de malheur » ont peu à peu dégagé le terrain, laissant ainsi les plus jeunes (qui sont souvent, aussi, les moins haut gradés), seuls avec (ou face aux) nouveaux collègues de l’Ouest. Cette désaffection collective brisa la circulation verticale de ces prophéties et empêcha leur cristallisation en chances de mobilisation. Ceux qui restèrent furent arrimés à l’immédiatement présent (travailler, se former, apprendre), et à l’attente de ce qu’il adviendra d’eux.

Car ils attendirent, en effet, et longtemps. Qu’en a-t-il été du timing propre à la titularisation définitive au rang de fonctionnaire de la police de Berlin ? D’abord, une commission d’examen spécifique décidait de l’aptitude professionnelle à l’exercice des compétences policières, sur la base des réponses à un questionnaire long de 72 questions (18 pages), qui portait sur les activités professionnelles et politiques passées. La décision de titularisation pouvait être prise. Mais cette décision restait en quelque sorte éternellement provisoire, car une deuxième commission, fédérale, elle, avait pour mission d’examiner tous les dossiers relatifs aux collaborateurs de la Stasi, et d’informer de ses conclusions, le cas échéant, les autorités judiciaires et administratives. Cette fameuse « autorité Gauck » pouvait intervenir et amener, à tout moment, la révision de l’appréciation portée sur les policiers. Ceux-ci furent donc admis au rang de fonctionnaires « au vu des éléments présents... » : leur titularisation n’était donc jamais définitivement acquise.

8 Cette procédure enfermait ainsi dans le silence des consciences individuelles à la fois le vœu formulé quant à l’avenir (briguer le titre de policier) et le retour sur le passé, dans un double mouvement d’auto-thématisation (l’acte commis est nécessairement un acte individuel, détaché de son contexte historique) et de contrition. Ce n’était pas tant l’acte passé qui pouvait être cause de démission forcée, que le mensonge avéré, immédiatement sanctionné. Cette procédure, qui instituait l’aveu repentant comme modalité de la qualification, avait pour caractéristique principale sa durée : un an, deux ans, quelques fois plus longtemps encore. En 1992, seuls 2 130 anciens Vopos avaient été titularisés. Début 1996, plus aucun personnel de direction n’exerçait dans la police réunifiée. À cette date, les hauts et moyens gradés (personnels d’encadrement) avaient été examinés par la Gauck (22 % s’étaient vus objets d’enquête de la part de la Gauck), mais environ 400 agents du rang (sur un total de 5 662 aspirants) attendaient encore (11 % s’étaient vus objets d’enquête de la part de la Gauck). Chacun se voyait ainsi assigné dans le silence de cette modalité confessionnelle à son seul passé, rendant ainsi d’autant plus coûteux tout basculement dans un régime de parole publique.

Le silence qui caractérisait le « régime machiavélien » de l’unification des polices se prolongeait par une collection de silences individuels, obligés par la contingence matérielle propre aux conditions d’examen des dossiers individuels : l’attente s’imposait ainsi comme le supplément machiavélique du secret machiavélien…

9 Sans autre sommation que les quelques mois qui ont précédé l’Unification allemande, les policiers de l’Ouest ont accueilli des étrangers, ceux contre lesquels on leur avait enseigné des décennies durant leur légitimité à se dire « policiers ». C’est cette procédure, unique en son genre, qui a constitué l’épreuve décisive. Épreuves individuelles, si l’on en juge par le nombre des récits sur les désespoirs individuels (divorce, alcoolisme, etc.). Mais épreuves organisationnelles, également, qui participa en réalité de manière décisive à l’absence de désordres collectifs.

Qu’est-ce que le métier policier ? L’immersion dans le social, la compréhension des ressorts ordinaires de la tranquillité et de la paix publiques ; toutes choses si peu codifiées par le droit et devant tant au sens intuitif des situations mobilisé par les agents. L’exercice du métier policier s’ancre bien plus dans une « arène d’habileté » ou de « virtuosité », que dans une « organisation planifiée », tenue par des règles [7].

Voilà ce qui renverse du même coup les rapports d’autorité et de commandement, et étouffait à l’Est les effets de la rétrogradation des agents de l’Est et de la promotion des agents de l’Ouest. Car l’aptitude requise à la maîtrise du métier se trouvait, chez les policiers, prise dans les dynamiques de leurs localités d’exercice : le club de jeunes, l’association des locataires, les représentants municipaux… Ce trait était plus accentué encore à l’Est, où exerçant une fonction cardinale dans la capillarité du contrôle social, les îlotiers de RDA se trouvaient saisis, absorbés par le social. Aussi, les missionnaires débarquant dans les postes de police de l’Est leurs habitudes bureaucratico-rationnelles (séparation du public et du privé, spécialisation du métier policier, etc.) se trouvaient projetés dans le maillage des transactions innombrables de ce monde nouveau, où ils étaient bien obligés, en retour, d’apprendre leur quartier, de s’y faire introduire, guider, connaître. Quant aux Vopos installés à l’Ouest, beaucoup moins nombreux que leurs collègues de l’Ouest transportés à l’Est, l’administration policière avait su leur allouer prioritairement les ressources primordiales, celles assurant, justement, le maintien de la face à l’égard du public (ils bénéficiaient ainsi les premiers des tenues de l’Ouest) et des pairs (alignement des salaires sur ceux de l’Ouest).

10 Ainsi, on comprend mieux qu’en dépit de l’intensité des souffrances individuelles, cette proximité spatiale imposée par la Durchmischung ainsi que la temporalité propre du métier policier ont vu très vite la « condition policière » et les nécessités immédiates du présent, voire de l’urgent, l’essence du métier policier [8], absorber le choc de l’événement, pour aujourd’hui aboutir à une réelle indistinction des provenances au sein de la police berlinoise.

Il eût fallu pour s’opposer aux décisions en cours la force de surmonter la temporalité concrète alors à l’œuvre dans les plis du quotidien : la routine policière, la célérité de la fuite des cadres dépositaires du passé, l’attente et la dissolution des héritages collectifs dans les fors intérieurs. Dans le secteur scolaire, le politique voulut se donner du temps, respecter les spécificités des deux systèmes : ce fut un échec. Il fallut attendre face aux résistances des deux côtés mai 1995 pour une direction commune aux écoles d’Est et Ouest. Et si durant l’année scolaire 1991-92, des 32 000 enseignants, seuls 325 avaient passé la rive, ils étaient deux fois encore l’année suivante…

La Volkspolizei qui s’imposait à l’époque comme le roc imprenable de tous les archaïsmes de RDA s’est dissoute dans les contingences du quotidien, auxquelles veille la police. Le passé, dans la police berlinoise, n’a « tracé son sentier » qu’à l’échelle des échanges discursifs et des souffrances individuelles ; mais n’a jamais gêné la bonne marche de l’institution. Pas de procédure de réconciliation. Aucune, mais le présent, le temps qui passe, qui s’imposent comme la variable décisive, qui étouffe les velléités de résistance contre l’avenir que les institutions veulent écrire, et qui permet à ces dernières leur plein épanouissement, en dépit même des souffrances de ceux qui les forment.

Notes

[1Les sources exactes sont référencées in F. Jobard, « Usages et ruses des temps. L’unification des polices berlinoises après 1989 », Revue française de science politique, juin 2003, p. 351-381, que le présent article tente de résumer.

[2S. Lefranc, Politiques du pardon, Presses universitaires de France, 2002, p. 312-321.

[3« Promettons-nous des relations de couple l’un avec l’autre » (allocution du patron du syndicat de police de l’Est, décembre 1989).

[4D. Trom, « Voir le paysage, enquêter sur le temps », Politix, 39, 1997, p. 87.

[5Ph. Corcuff, M. Sanier, « Politique publique et action stratégique en contexte de décentralisation. Aperçus d’un processus décisionnel ‘après la bataille’ », Annales HSS, 2000, p. 858.

[6Les prophètes de malheur sont ces « lanceurs d’alarme » qui, « de l’annonce de troubles ou d’accidents inévitables à l’Apocalypse, cherchent à convaincre l’humanité entière qu’une ère de grands malheurs est ouverte » (F. Châteauraynaud, D. Torny, Les sombres précurseurs. Une sociologie pragmatique de l’alerte et du risque, EHESS, 1999, p. 37).

[7N. Dodier, Les hommes et les machines. La conscience collective dans les sociétés technicisées, Métaillié, 1995, p. 268 et suiv.

[8Le policier, écrit Egon Bittner, est en effet celui qui doit intervenir chaque fois que se produit « quelque-chose-qui-ne-devrait-pas-être-en-train-de-se-produire-et-à-propos-de-quoi-il-vaudrait-mieux-faire-quelque-chose-maintenant » (« De la faculté d’utiliser la force comme fondement du rôle de la police », 1974, Connaître la police. Cahiers de la sécurité intérieure, 2003, hors-série).