les 120 jours de Babel

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Photo d'Aurélien Gillier

les 120 jours de Babel

Les journées de mobilisation contre la loi Travail ont été marquées par une répression policière importante et des dispositifs sécuritaires nouveaux. Elles ont aussi donné lieu à des formes d’organisations, de solidarités et de résistance qui sans être tout à fait inédites ont été caractéristiques de ce mouvement. L’apparition d’un « cortège de tête » relativement important et décidé à ne pas subir passivement l’encadrement policier a ainsi ponctué cette mobilisation. Ce texte est un journal de bord dont l’écriture est situé à l’avant du cortège.

La question de la « violence » politique ne relève pas du règne abstrait de la critique de la raison pratique : elle se déploie dans la matérialité de la contingence. Elle ne se décrète pas par principe, mais se met en pratique, du moins si elle apparaît nécessaire pour bousculer les rapports de force ou résister à la répression policière. Les seize journées de manifestations sur lesquelles nous nous focalisons [1] constituent un excellent prisme pour lire les tendances qui ont caractérisé les différentes phases de la mobilisation et pour faire ressortir certains enjeux cruciaux.

Mercredi 9 mars est la première des mobilisations. Le débat parlementaire sur la loi El Khomri approchant, vers la mi-février, des syndicalistes convoquent une manifestation à 14 heures partant de la place de la République vers Nation. Entre temps, des groupes lycéens s’aperçoivent que les âmes s’échauffent — beaucoup de camarades d’école relancent le hashtag #OnVautMieuxQueCa, tandis que la pétition en ligne pour l’abrogation de la loi travail connaît un énorme succès — et décident alors de devancer les syndicats, en appelant au blocage des lycées tôt le matin et en fixant un autre rendez-vous, qui deviendra un événement récurrent et symbolique de la mobilisation, 11 heures place de la Nation. Plus de quinze lycées à Paris (notamment dans le nord-est), quelques-uns à Bobigny, Clichy et en Seine-Saint-Denis et une autre centaine dans toute la France répondent positivement, en empêchant le déroulement normal des cours. La manifestation matinale est vive, avec des détournements entre Nation et Bastille, des jets de peinture à répétition, des tags sur les enseignes des grandes marques et quelques petites escarmouches avec les forces de l’ordre. Rien de trop différent de ce qui se passera quelques heures plus tard, les 2 000 manifestants du matin étant toutefois intégrés par les 150 000 et plus de l’après-midi.

Jeudi 17 mars est un autre jour. Comme pour la semaine précédente, le rendez-vous est donné à 11 heures place de la Nation, et ensuite à 14 heures place de la République. Pendant toute la semaine, les facs sont en ébullition et les assemblées universitaires, lycéennes, interprofessionnelles et interluttes s’enchaînent sans cesse : à Nation, plusieurs milliers d’étudiants se présentent décidés à marquer le coup et à faire de la manif lycéenne quelque chose d’autre qu’une simple balade matinale. Le cortège, bien équipé de tout ce qu’il faut pour résister aux charges policières, avance résolument jusqu’à ce qu’il tombe sur un chantier routier : c’est à ce moment que les forces de l’ordre sont contraintes de reculer [2].

Street Politics

L’après-midi, une fois la manifestation syndicale terminée place d’Italie, on assiste par contre à l’évacuation violente de la faculté de Tolbiac par les CRS et la BAC. Les étudiant.es présent.es ont occupé l’amphithéâtre afin d’organiser une assemblée générale. Sur demande du recteur de l’université, les policiers entrent dans le bâtiment et forcent les occupants à vider les lieux, usant brutalement de leurs matraques, de tonfa, etc. Le dispositif sécuritaire de l’état d’urgence peut finalement être déployé dans toute sa puissance aussi en centre-ville, et testé pour appliquer de nouvelles techniques de gestion des places, en sondant les divers degrés de tolérance qu’elles suscitent. Beaucoup d’étudiant.e.s sont frappé.es, un certain nombre est blessé. Cet événement révèle au grand jour les forces en présence : les contre-mesures de la répression apparaissent alors incontestablement pour ce qu’elles sont [3].

Le jeudi 24 mars, la tension est tout de suite palpable. Tout le monde imagine désormais ce que pourrait impliquer de se présenter le matin à la manif lycéenne, et les jeunes y arrivent munis d’écharpes, de masques, de lunettes et de sérum : le simple fait d’être là peut constituer un danger physique et il convient alors de s’en prémunir. Parti de la place d’Italie en direction de Montparnasse pour rejoindre la manifestation syndicale, le cortège lycéen du 24 s’oppose tout au long du trajet aux forces de l’ordre, en affirmant à voix haute son « Non » au monde tel que nous le connaissons. Le jeudi suivant, le 31 mars, fait glisser le curseur encore un peu plus loin. Ce ne sont plus les 2 000 personnes du 9 mars, ni les quelques 5 000 du 17 et du 24, mais une longue procession de plusieurs centaines de mètres qui précède les banderoles syndicales. De 11 à 17 heures, les trajets de place de la Nation jusqu’à place d’Italie et de place d’Italie jusqu’à place de la Nation sont marqués par des affrontements tendus entre cortège lycéen (le matin) ou cortège de tête (l’après-midi) et agents de la sécurité nationale.

Après l’appel à la grève générale, la manifestation nationale du 31 mars et l’occupation des Nuits debout, la manifestation du mardi 5 avril rassemble un peu moins de monde. Le matin, place de la Nation, les flics prennent leur revanche : fouilles, nasses, tabassages et embarquement de plus de 120 étudiants, le tout assaisonné d’une bonne dose de violence gratuite [4]. Le samedi 9 avril, toutefois, première journée de manifestation non fériale, il se passe quelque chose de très significatif. Si les forces de l’ordre continuent à « escorter » le cortège sur les trois côtés de sa tête en provoquant délibérément pas mal de tensions, et si les nasses restent à l’ordre du jour, les « bacqueux » ont de plus en plus de mal à s’infiltrer : les groupes autonomes, l’interfac, les activistes de Nuit debout et toute la jeunesse qui anime les premières files du cortège continuent de s’équiper, de s’organiser et place de la Nation les affrontements durent plusieurs heures. C’est ici que, pour la première fois, on assiste à un phénomène inédit. Aidés par l’après-midi de soleil, plusieurs milliers de personnes du cortège syndical — travailleurs, citoyens, curieux, etc. — restent sur place une fois le défilé terminé. Sur les buttes qui séparent les deux sens de marche de la rotonde et dans le petit jardin au milieu de la place, la composition des manifestants qui accordent leur soutien implicite aux scènes d’antagonisme urbain est vaste et relativement diversifiée. Malgré les centaines de lacrymogènes qui pleuvent de toute part, le drone qui survole la place, etc., nombreux sont ceux qui filment avec leurs portables tout ce qui se passe ou, tout bonnement (mais pas innocemment), restent à observer. Ce n’est que vers 18 heures que Nation commence à se vider, puisque les gens s’acheminent vers Nuit debout.

Les 28 avril et 1er mai, beaucoup de militant.e.s de France et d’Europe viennent à Paris. Le cortège de tête continue de se massifier. Cela est dû non seulement à la démultiplication des groupes qui s’auto-organisent, mais aussi aux syndicalistes de base qui dépassent les services d’ordre et, en partie, aux jeunes des quartiers populaires qui viennent exprimer leur point de vue sur l’« État, les flics et les patrons ». En fait, le peu de mixité sociale qui a marqué la contestation contre la loi travail et son monde a bel et bien continué de s’exprimer dans les quelques centaines de mètres qui séparent les services d’ordres des syndicats des cordons policiers, qui ont de plus en plus de mal à enrégimenter le cortège de tête [5]. L’usage brutal des armes dites non-létales, très présent dès le début des protestations, se dévoile une énième fois dans la manif du 28 avril et, surtout, le soir même sur la place de la République, lors des résistances à l’évacuation de Nuit debout [6].

Le 1er mai c’est pire encore. En plein milieu de la journée internationale du travail, l’art policier de la « contre-insurrection » se dévoile dans toute sa beauté : Flash-Ball à bout portant, matraques, grenades de désencerclement à hauteur de journaliste et gaz lacrymos sur l’arrière-garde des poussettes. C’est à ce moment que se produit un deuxième fait extrêmement significatif. Les forces de l’ordre tentent délibérément de diviser en deux le cortège, à 500 mètres de Nation (un coup déjà tenté, d’ailleurs, le 28 avril, mais de manière moins spectaculaire), en proposant aux syndicats de terminer le défilé à un autre endroit. Un cordon de gendarmes et, tout de suite après, un autre de CRS s’interposent au milieu du cortège, en séparant la tête (les mouvements sociaux, l’interfac, les précaires et les chômeurs) du reste de la manifestation, juste devant le service d’ordre des syndicats. Le dispositif policier suppose en effet l’existence d’une multiplicité de répertoires d’action différents dans les manifestations puisqu’il scinde le cortège en des endroits spécifiques (là où il a identifié au préalable des comportements différents). Mais il la produit en même temps en opérant matériellement une distinction entre groupes de manifestant.e.s, visant ainsi à produire une opposition au sein de la mobilisation. De toute façon, cela n’a pas marché : devant, le cortège n’a pas bougé pendant au moins une heure et quart ; derrière, le service d’ordre des syndicats a été lentement dépassé par sa base et par les travailleurs. Après une heure et demie de stase dynamique, le cortège de tête décide d’avancer doucement sur une centaine de mètres, jusqu’à ce que, au croisement des boulevards Diderot et Reuilly, les forces de l’ordre essaient d’empêcher unilatéralement les syndicalistes de passer avec des camionnettes et des grilles : c’est à ce moment que la nasse est brisée par derrière, c’est-à-dire par les militants des syndicats (et d’une autre cinquantaine de jeunes qui avaient réussi à s’échapper du dispositif policier grâce à des habitants qui leur avaient ouvert les portes d’un bâtiment), et que le cortège est réuni. Voici un des événements les plus significatifs — et joyeux ! — de cette première phase de mobilisation, qui a probablement joué son rôle lui aussi dans l’accélération des semaines suivantes.

Les flics prennent leur revanche : fouilles, nasses, tabassages et embarquement de plus de 120 étudiants, le tout assaisonné d’une bonne dose de violence gratuite.

C’est jeudi 12 mai, deux jours après l’utilisation du 49-3, et mardi 17 mai qu’il y a eu non seulement des affrontements avec les forces de l’ordre, mais aussi des escarmouches entre cortège de tête et service d’ordre des syndicats [7]. Ce dernier ne s’est pas contenté, comme c’est souvent le cas, d’entraver plus ou moins activement le parcours de la manifestation (tout le monde a vu les discussions le 24 mars sur le boulevard des Invalides avec la BAC ou les obstructions affichées sur le boulevard Arago le 28 avril), mais il a tenté d’intervenir directement dans la répression. Toutefois, l’injonction gouvernementale à l’ordre et à la sécurité n’a pas atteint son objectif : très rapidement le cortège de tête et bon nombre de syndicalistes ont réagi avec fermeté, en faisant comprendre aux services d’ordre que le terrain était très glissant pour eux.

Jeudi 19 mai est un intermezzo. La tactique de gestion de la manifestation est totalement inattendue. On part de la place de la Nation et le service d’ordre des syndicats, après les échauffourées des deux dernières manifestations, est bien visible et équipé, mais il reste aux marges. À la différence de ce qui s’est produit lors des dix journées de mobilisations précédentes, le cortège de tête défile tranquillement jusqu’à la gare d’Austerlitz, sans que les CRS, les gendarmes et les policiers ne tentent de le suivre de façon provocatrice sur ses trois côtés. Ils sont présents en masse face à lui, bien évidemment, mais à plusieurs mètres de distance des premières lignes. Dans les boulevards qui entrecroisent le parcours aussi, on les voit très présents, en masse, mais toujours à une vingtaine de mètres du trajet : des petites chambres de décompression ont remplacé l’huile sur le feu. Cela pour ce qui est de Paris. En revanche, dans les autres villes — notamment du Nord — on a assisté au comportement abusif de toujours. C’est lors de ces journées, en fait, que le barycentre de la contestation se déplace loin de la capitale.

Nous arrivons ainsi au 26 mai, moment apical des grèves syndicales. La brièveté du parcours, très court (de Bastille à Nation), se prête à faciliter l’intensité des affrontements. Encore une fois plus de 100 000 manifestants. Et encore une fois des pics de conflictualité très élevés. Les forces de l’ordre, qui comptent plusieurs centaines de blessés, ont désormais renoncé à tenter de contenir le cortège de tête en l’accompagnant sur les trois côtés de sa pointe, et cela donne libre cours au désir de révolte des milliers de sujets qui se pressent devant les syndicats. Pour cibles, toujours les mêmes symboles : banques et assurances, agences d’intérim et immobilières, panneaux publicitaires, de signalisation et parcmètres, magasins et fast-food. Un concessionnaire Skoda risque le feu-de-joie, mais, pour sa chance, il se trouve au rez-de-chaussée d’un bâtiment de plusieurs étages. Arrivés à Nation, deux petites nouveautés nous attendent. Tout d’abord, le dispositif sécuritaire est plus imposant que jamais, avec des grilles qui bloquent l’accès à une bonne moitié de la place et qui filtrent les sorties de tous les boulevards environnants. Ensuite, les CRS sont déjà juste au milieu du petit jardin au centre de la place, avec des « bacqueux » qui orbitent autour d’eux : les forces de l’ordre chargent immédiatement, mais à petits détachements, afin d’empêcher la formation des groupuscules, en installant tour à tour des pelotons hyper mobiles sur tout le demi-cercle de la place resté libre, où peut se défouler une partie du cortège. Les hélicoptères qui survolent la place concourent à l’atmosphère générale. Pour la première fois, à s’affronter au corps à corps avec les policiers, il y a aussi pas mal de travailleurs et salariés, et plus seulement les groupes auto-organisés des soi-disant « casseurs » : troisième élément significatif, après les avertissements d’incendie du 9 avril et du 1er mai. À la différence des autres manifestations, toutefois, l’offensive des manifestants n’est pas seulement « compensée » par des arrestations massives et des centaines de blessés plus ou moins graves : il est à signaler un journaliste dans le coma, à cause d’une grenade jetée intentionnellement à ses pieds [8] !

Dom Mabb

Mardi 14 juin est la seconde grosse date nationale. C’est à cette occasion que la manifestation est la plus impressionnante, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif. Les syndicats affluent massivement de tout l’hexagone et dans les blocs auto-organisés, la solidarité matérielle et l’entraide ne parlent pas seulement le français, mais aussi l’allemand, l’espagnol et l’italien. La journée commence à l’aube, avec des blocs à répétition le matin très tôt, et se conclut le soir, avec plusieurs manifs sauvages qui gravitent autour du Sénat et, plus tard, de la place de la République, alors que le cortège de l’après-midi constitue l’acmé des affrontements de rue [9]. À nouveau, on innove dans l’arsenal et les techniques anti-émeute déployées : ce sont les canons à eau qui font leur entrée sur scène, aux côtés des hélicoptères, des drones, des grilles et de l’armement maniable par l’agent individuel. Une fois mise à l’écart l’horizontalité linéaire de la nasse classique, avec ses ennuyantes interruptions du flux de la manifestation, les forces de l’ordre expérimentent un autre dispositif encore : des charges en vertical au milieu de la rue suivant le parcours du cortège, alternées par des barrières qui coupent les trois-quarts de sa voie de transit, et un jet incessant de lacrymogènes et de grenades afin d’essayer d’éviter la formation de blocs homogènes de conflictualité. Cette tactique provoque une grande confusion, en poussant le serpent du cortège à accélérer son allure tout en mélangeant ses différentes composantes. Plus encore que le 31 mars, toutefois, le 14 juin se distingue par l’irréductible obstination des manifestants à organiser le conflit, en plaçant les syndicats entre le marteau de l’antagonisme et l’enclume sécuritaire.

Selon Manuel Valls, il n’est pas responsable de marcher bras dessus bras dessous avec les « casseurs », alors que la France est sous le feu de la menace terroriste.

Situés dans cette position inconfortable, dans les journées qui nous rapprochent de la manif du 23 juin, les syndicats tombent dans le piège de la divergence des luttes. Manuel Valls, dans son incomparable souci des droits démocratiques, exhorte inconditionnellement les syndicats à retirer l’appel à la manifestation du jeudi 23 juin : ce n’est pas responsable de marcher bras dessus bras dessous avec les « casseurs », alors que la France est sous le feu de la menace terroriste. Les médias dominants se pressent à diffuser le verbe. Les syndicats, quant à eux, tombent dans le piège le plus grave de ces quatre mois. Au lieu de refuser cordialement l’invitation du Premier ministre et de tirer de leur côté les composantes les plus modérées de l’électorat [10], ils cèdent aux pressions et acceptent le compromis : une promenade de quinze minutes autour du bassin de la Bastille cerné par des grilles à chaque entrée et entouré jusqu’à plusieurs centaines de mètres de distance par des détachements de policiers qui soumettent chaque individu voulant accéder au lieu de la défaite à trois ou quatre tours de fouilles. Les deux manifs successives, du mardi 28 juin et du mardi 5 juillet, sont en partie organisées par le dispositif sécuritaire légitimé par le précédent du 23 juin, et en partie désertées par les militants, les syndicalistes et les jeunes les plus actifs.

Les manifestations de ce long mois de mars ont atteint des sommets de violences policières que les cortèges n’avaient pas connus depuis de nombreuses années. Ce qui a surtout été marquant, c’est la diversité et l’évolution, au cours du mouvement, des formes mêmes de la répression et de la diversité des stratégies de résistance qui s’y sont opposées.

Post-scriptum

Davide Gallo Lassere est chercheur précaire rattaché au laboratoire Sophiapol. Il s’occupe de philosophie sociale, économique et politique, et du capitalisme. Il est l’auteur notamment de Contre la loi Travail et son monde. Argent, précarité et mouvements sociaux, à paraître en novembre 2016 (Éditions Eterotopia France).

Notes

[1Respectivement, les 9, 17, 24 et 31 mars, les 5, 9 et 28 avril, les 1er, 12, 17, 19 et 26 mai, les 14, 23 et 28 juin et le 5 juillet 2016.

[2La plupart des images de cette vidéo ont été enregistrées le matin du jeudi 17 mars du côté de boulevard Voltaire à Paris : [https://youtu.be/mQkO0vL8UhY].

[3Pour quelques images, cf. http://www.liberation.fr/france/201.... À mesure que la mobilisation avance, on assiste à une prise de conscience de ce que sont les violences policières et de leur caractère « normal » dans les quartiers populaires. C’est ainsi que se met en place l’organisation, dans la continuité des ZAD, de groupes très efficaces de Street Medics, groupes de soignants qui s’occupent des blessés pendant les manifestations, et des collectifs d’auto-défense.

[4Pour une description du dispositif de la nasse, cf. https://lundi.am/Kettling.

[5L’autre espace social qui s’est distingué en ce sens est l’AG interprofessionnelle de Saint-Denis.

[6Après que tous les représentants des syndicats soient venus parler face à l’AG de Nuit debout, des groupes de jeunes ont décidé de ne pas abandonner la place. Pour un aperçu de ce qui s’est passé en plein cœur de Paris entre minuit et trois heures du matin, cf. https://youtu.be/8xwcXpg2F2U. Il faut rappeler aussi que la journée du 28 avril avait commencé avec la répression brutale des syndicalistes lors de l’action de blocage du port de Gennevilliers, où l’on a vu des policiers retourner à la charge des personnes blessées — accusées ensuite de violences à l’encontre des forces de l’ordre.

[7Peut-être cette attitude était-elle liée au fait que les centrales syndicales s’apprêtaient à donner bataille et à conquérir, sur le terrain, le droit à négocier… au moins l’article 2 ! Toutefois, une question reste incontournable : fallait-il vraiment en passer par cette épreuve pour espérer pouvoir se légitimer — sic — en tant qu’interlocuteurs crédibles auprès du gouvernement et du Medef ?

[9Pour une narration du point de vue des Street Medics, cf. https://paris-luttes.info/street-me....

[10La mobilisation continue à être largement soutenue par la majorité de l’opinion publique, alors que cela fait plus d’un demi-siècle qu’il n’est pas interdit aux syndicats de manifester (et en effet, la Ligue des droits de l’homme annonce son intention de citer cette interdiction auprès de l’ONU même).