occuper, créer, résister le cas de la résidence artistique Cambridge

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occuper, créer, résister

Alliant l’expérimentation artistique à l’imagination politique, la résidence artistique Cambridge s’est installée au sein d’une occupation urbaine de São Paulo. Entre discussion, partage, mais aussi frictions, ce projet nous rappelle que la place de l’art n’est décidément pas qu’au musée !

Situé dans le centre de São Paulo, l’Hôtel Cambridge fait partie de ces immeubles du centre-ville qui sont aujourd’hui occupés par des populations précaires en quête de logement, après avoir été progressivement abandonnés dans le courant des années 1990 et au début des années 2000. L’hôtel qui a fermé en 2004, a été occupé en 2012. Qu’elles soient autonomes ou coordonnées par un mouvement, ces occupations s’inscrivent dans un contexte de crise de grande ampleur, où le « miracle brésilien », finalement pas si miraculeux que ça, se distribue différentiellement entre les couches de la population. Après sa désertion par bon nombre d’activités économiques dans les années 1990, le centre de São Paulo est littéralement devenu une « zone » les soirs de semaine et les week-ends. Occuper, c’est donc à la fois revitaliser le centre et y affirmer la nécessité de garantir un espace pour les populations les plus pauvres.

L’Occupation Hôtel Cambridge accueille depuis le mois de mars 2016 la Residência Artistica Cambridge, un projet artistique né des suites du tournage du film Era o Hotel Cambridge de la réalisatrice Eliana Caffé au sein de l’Occupation en 2014. Dirigée par Juliana Caffé et Yudi Rafael, la résidence est née d’un désir d’articuler une réflexion artistique contemporaine à un contexte d’occupation. Bien qu’elle soit loin d’être la première action de ce genre, la résidence mène un travail de recherche attentif et mobilisé au sein de l’occupation, sans fuir la confrontation avec les problèmes qu’implique sa présence. Pensée comme un projet éphémère, elle doit mettre un terme à ses activités en janvier 2017. La résidence, qui a déjà accueilli l’artiste Ícaro Lira, reçoit actuellement les artistes Raphael Escobar et Jaime Lauriano, ainsi que l’écrivain en résidence Julián Fuks, et elle recevra bientôt Virgínia de Medeiros, dernière résidente du projet.

entrer dans l’occupation

La transition démocratique des années 1980 au Brésil, a vu le développement des organisations populaires en faveur du droit à la ville et au logement. Malgré le fort développement économique qu’a connu le Brésil depuis les années 1950, le pays reste marqué par des contrastes sociaux extrêmement forts, particulièrement visibles dans les villes. Environ 86 % de la population brésilienne est citadine. Les inégalités sociales et les politiques publiques ont conduit à l’expansion de l’habitat informel et précaire. Regroupés en alliances nationales comme le Movimiento Nacional por Moradia Popular (MNMP, 1989) et le Movimento Nacional de Luta por Moradía (MNLM, 1990), les différentes organisations de lutte pour le droit au logement ont joué un rôle de premier plan dans les efforts pour une réforme urbaine au cours de ces vingt dernières années, ainsi que dans l’élection de Lula en 2002.

São Paulo est l’une des premières villes brésiliennes à avoir vu naître les mouvements d’occupation d’immeubles laissés à l’abandon. En 2000, une étude de l’Institut brésilien de géographie et de statistiques révélait qu’il existait plus d’appartements vides que de familles sans domicile dans la capitale économique et qu’un grand nombre d’entre eux se situait dans le centre-ville :

« Aujourd’hui, la justice s’exerce au travers de l’occupation illégale de propriétés. Des propriétés sans fonction sociale et qui empêchent que des millions de travailleurs aient un lieu où loger. Même les étudiants occupent les écoles afin d’engager une lutte juste pour sauver l’éducation. Nous les sans-toits, nous occupons illégalement des immeubles abandonnés pour assurer la justice sociale et conquérir notre droit au logement. » [1]

Le 23 novembre 2012, le Movimento Sem Teto do Centro (MSTC), mouvement membre du FLM [2], a occupé l’Hôtel Cambridge et entamé une première phase de nettoyage et de réhabilitation des espaces. L’Occupation Cambridge abrite environ cinq cents personnes, réparties dans cent dix neuf appartements. Pour l’essentiel des familles brésiliennes, dont beaucoup de femmes seules avec des enfants, mais également des réfugiés et des immigrants venant de Bolivie, d’Haïti, de Palestine, du Cameroun et de République dominicaine.

Pour Carmen Ferreira da Silva, coordinatrice du MSTC, la revendication du droit au logement ne doit pas être isolée, elle doit s’accompagner d’une lutte pour l’éducation, la santé, mais aussi la culture. « La culture crée de la communauté » ajoute-t-elle, elle est essentielle au sein de l’occupation pour créer du lien entre les occupants, ainsi qu’entre les occupants et le reste de la ville. Même si les mentalités évoluent, les occupations n’ont pas une bonne image auprès de la population. Le caractère illégal de la pratique reste vivement critiqué. Aussi, la culture relève-t-elle également d’une stratégie pour améliorer l’image des occupations. Les mouvements d’occupation ont déjà collaboré à plusieurs reprises avec des artistes. Parmi les expériences passées on peut citer notamment l’exposition Arte Contemporânea no Movimento Sem-Teto do Centro qui eut lieu en décembre 2003 dans l’Occupation Prestes Maia. Cent vingt artistes participèrent à cette exposition par des performances, des installations et des interventions au sein de l’occupation. Comme le souligne l’historien et critique d’art André Mesquita, l’événement « donna lieu à des rencontres amicales et subtiles, d’autres plus agressives, des engagements intimes mais aussi beaucoup de conflits et de crises. » [3]. Le décalage entre les situations d’extrême précarité des occupants et les (bonnes) intentions artistiques était grand , certains virent dans l’événement la quête d’une visibilité alternative, pas totalement désintéressée, de la part des artistes.

Consciente de ces difficultés à faire se rencontrer deux réalités, l’équipe de la Residência Artistica Cambridge a dès le début décidé que cette expérience ne produirait pas d’objets d’art au sens traditionnel du terme. Cette décision impliquait donc la nécessité de chercher et d’expérimenter d’autres formes de création et de rencontres au sein de l’occupation. Comme le souligne Juliana Caffé, la résidence s’est structurée comme un projet et non comme une institution. En ce sens l’équipe a voulu se dissocier du MSTC, une institution au fonctionnement vertical, très présente dans l’organisation de la vie quotidienne de l’occupation. En effet, celle-ci repose sur une autogestion rigoureuse : les occupants sont tenus à un planning de tâches collectives (ménage, assemblées générales, etc.) et sont sommés de respecter le règlement intérieur, ainsi que de participer activement aux activités et aux mobilisations du mouvement. Alex Flynn, anthropologue et commissaire invité à la Residência Artistica Cambridge, explique que d’une certaine manière le droit de résider dans l’occupation se monnaie par la participation [4] active aux actions du mouvement, y vivre c’est donc participer à la lutte collective. Bien qu’accueillie par le MSTC, l’équipe de la Résidence a tenu à ce que ses activités ne soient pas obligatoires pour les occupants même si elles leurs sont destinées. S’il y a un impératif, c’est celui de la rencontre et non celui de la participation.

un art de l’écoute

Le dialogue et l’écoute, c’est d’ailleurs ce qui caractérise le travail de l’artiste Ícaro Lira, premier résident du projet de mars à août 2016. Ce jeune artiste de Fortaleza, vit et travaille à São Paulo où il développe un travail documentaire et archivistique, entre archéologie et fiction, autour de l’histoire brésilienne. Présenté souvent sous la forme de petits « musées », comme c’est le cas de deux de ces derniers projets que sont O Museu do Estrangeiro et Campo Geral, ses recherches présentent une accumulation d’objets, de traces et de récits, où se dessinent par rhizomes les silences d’une histoire amputée. Dans le cadre de sa résidence à l’Occupation Cambridge, Ícaro Lira a organisé toute une série d’évènements, de rencontres et d’ateliers ; une manière de prolonger ses précédents projets où ce type d’événements était partie prenante ; une manière également de recentrer sa pratique sur la rencontre et le dialogue et non sur l’objet. Pour l’artiste le contexte de l’Occupation nécessitait d’imaginer d’autres formes et impliquait que ces formes soient collectives et collaboratives [5]. L’artiste a d’abord commencé par partir à la rencontre des habitants afin de tenter de comprendre ce qu’était l’Occupation, mais aussi ce qui se faisait en son sein. Ce lieu n’est pas un tout unitaire, il est traversé de différents groupes et collectifs aux intérêts divers ; si la lutte pour le logement les rassemble, les trajectoires et les modes de vie sont multiples. Il y a par exemple un groupe de réfugiés, le GRIST (Grupo de Refugiados e Imigrantes Sem Teto de São Paulo), né durant le tournage du film d’Eliane Caffé ; le collectif des ramasseurs de papiers, le collectif des vendeurs ambulants ou le collectif des journalistes libres ; on trouve également un coiffeur, une boutique de gâteaux et une friperie solidaire. Le MSTC est aussi présent et dispose de bureaux à côté de la bibliothèque, l’un des espaces collectifs de l’Occupation.

Ícaro Lira a ainsi organisé une série de rencontres collectives afin de penser l’occupation. Parmi les différents intervenants invités à présenter leur travail aux occupants et à un public extérieur, on peut citer Raquel Rolnik, une urbaniste ayant réalisé une importante recherche sur la financiarisation de la ville ; Alex Flynn, qui a travaillé et vécu durant deux ans dans une occupation du MST (Movimento Sem Terra) ; Luiz Kohara, éducateur populaire et militant des droits de l’homme et des sans-abris ; Peter Pál Pelbart, philosophe et thérapeute, etc. Bien que riches et engagées ces interventions ont soulevé des questions et révélé des décalages. La commissaire d’exposition Marta Ramos remarque que lors de certaines discussions, on pouvait observer une séparation physique entre les groupes d’occupants et les membres du public extérieur. « Dans l’occupation, nous avons ressenti dans nos chairs les contradictions entre la pensée bourgeoise qui aborde les problèmes depuis le champ de la théorie, et ceux qui les vivent et en font l’expérience » [6], se rappelle la réalisatrice Eliane Caffé.

« Nous les sans-toits, nous occupons illégalement des immeubles abandonnés pour assurer la justice sociale et conquérir notre droit au logement. »

En tant que stratégies nées de l’urgence, ces occupations ne répondent pas à un désir d’autonomie et d’émancipation, mais à une nécessité. L’occupation apparaît alors comme un dû : dans le cadre du droit brésilien, la constitution garantit le droit de propriété si celle-ci remplit sa fonction sociale, or dans le cadre d’un immeuble laissé à l’abandon, l’État ou la municipalité peut, au terme de diverses mesures (taxes et pénalités) exproprier le propriétaire qui ne remplira pas ce devoir [7]. Si l’occupation apparaît de fait comme un organe autonome, presque indépendant du reste de la ville, elle ne cherche pas à s’en émanciper. L’occupation se différencie du squat tel qu’on peut le percevoir en Europe : dans le cas du squat, les habitants mettent l’accent sur l’autonomie et l’indépendance de leurs modes de vie au regard des politiques urbaines. Or comme le souligne Carmen Ferreira da Silva, au MSTC « nous ne voulons pas créer un État parallèle, nous voulons être intégré à l’État comme des citoyens reconnus », l’occupation est donc une étape. Depuis septembre 2016, l’Hôtel Cambridge a été exproprié par la municipalité et doit faire l’objet d’un programme de réhabilitation destiné à pérenniser ce logement social [8].

conflit critique et création

Au sein de l’Occupation Cambridge et de la Résidence se nouent donc différentes temporalités, celle de l’urgence face au besoin de logement et celle de la création artistique, liée au temps plus long de l’expérimentation et de la réflexion. Les rencontres initiées par Ícaro Lira rendent compte de ces croisements de temporalités et des frictions qu’elles génèrent entre récit de vie et théorie. Ce travail d’écoute [9] est une réponse au processus de marginalisation dont font l’objet les personnes qui habitent l’occupation, toutes en situation de grande précarité. Par exemple, nombre des réfugiés qui habitent l’occupation sont diplômés : Isam Ahmad Issa, un palestinien, est diplômé en génétique, Pitshou, un congolais leader du GRIST est avocat ; mais ils ne travaillent plus dans leur branches faute d’être reconnus. Les activités impulsées dans le cadre de la résidence défient l’idée du silence comme état passif et en explorent les potentialités disruptives en ouvrant des espaces pour la discussion et l’écoute, que ce soit dans le cadre du ciné-club, d’une discussion sur les immigrés et le travail artistique [10] ou de l’atelier Cidade e clinicat, où des psychanalystes reçoivent les occupants. Plusieurs des ateliers initiés dans le cadre de la résidence d’Ícaro Lira se poursuivent encore aujourd’hui indépendamment de lui ; c’est le cas de l’atelier Cidade e clinica, mais aussi de celui mené par le collectif Dulcineia Catadora [11] qui produit des livres avec les occupants. En multipliant les activités et les propositions, l’équipe de la résidence cultive l’essai et se refuse à produire un événement unique. Elle développe un travail à rebours du système de valeur de l’art, privilégiant la valeur de l’échange et de l’interaction à celle de la valeur matérielle. Parce qu’il se refuse à produire quelque chose de déterminé et qu’il revendique l’imprécision et l’instabilité de ces expérimentations, le travail artistique effectué dans le cadre de la résidence dépasse le champ de la représentation pour s’inscrire dans le champ de l’éthique et du social :

« Il est nécessaire de penser la construction consciente de ces actions et de leurs visibilités, ainsi que la possibilité, ou non, qu’elles se réverbèrent au-delà des limites du champ artistique. Pour faire écho à l’intention situationniste, le projet doit être un élément activateur engagé dans son contexte et non préoccupé par celui-ci depuis la seule sphère symbolique. » [12]

Les discussions collectives entre les acteurs du projet de résidence sont horizontales et primordiales, elles cristallisent à la fois ses enjeux et ses difficultés : « Nous nous sommes beaucoup inspirés de la critique faite par Claire Bishop à propos de l’esthétique relationnelle de Nicolas Bourriaud » [13]. Cela signifie aborder les relations non pas dans le cadre d’un idéal communautaire lisse de tout accroc, mais être conscient des difficultés et des frictions qu’implique le travail collectif et la rencontre avec l’autre. Privilégiant les relations et les discussions que génère sa présence et son activité, l’équipe de la résidence, commissaires comme artistes, travaille à partir des difficultés qu’elle rencontre ; aussi celles-ci font partie intégrante du projet. Au cours de ces premiers mois de travail, l’équipe est d’ailleurs revenue sur plusieurs de ses actions : lors des premiers évènements organisés par la résidence, les occupants étaient invités par l’intermédiaire du MSTC ; Juliana Caffé explique que l’équipe a par la suite privilégié le porte à porte sur demande des occupants [14] qui aspiraient à une relation plus personnelle, moins formelle ; les évènements principalement organisés dans la bibliothèque se sont progressivement relocalisés dans l’atelier de couture, après que l’équipe a constaté que les habitants l’occupaient plus spontanément et plus librement que la bibliothèque où se trouve le bureau du MSTC.

Les occupations ne répondent pas à un désir d’autonomie et d’émancipation, mais à une nécessité. L’occupation apparaît alors comme un dû.

À leur arrivée dans la résidence, les artistes Raphael Escobar et Jaime Lauriano ont tenu à organiser plusieurs grands repas afin de rencontrer les habitants de l’Occupation. L’équipe curatoriale et artistique a ainsi cuisiné pour les occupants de l’Hôtel Cambridge. Le geste n’est pas sans rappeler celui de l’artiste Rirkrit Tiravanija, qui en 1992 cuisinait un curry pour les visiteurs de la 303 Gallery à New-York. Cependant, on remarquera que le public servi n’est pas le même. Dans un cas, il s’agit du public d’une galerie new-yorkaise, dans l’autre, des habitants d’une occupation précaire. Poser la question des relations induites par une action, c’est questionner la nature de celle-ci, mais également interroger les acteurs qu’elle réunit. La rencontre devenue objet de l’art déplace le régime esthétique dans le champ d’expérience de l’ordinaire. Ces relations sociales mises en mouvement par l’expérience artistique rendent compte des profondes similitudes entre l’expérience esthétique et l’expérience ordinaire, plus souvent considérée comme non-esthétique. Dans le cas des repas organisés par Escobar et Lauriano, le repas apparaît pour les artistes comme une façon de remercier et de rencontrer ceux qui sont en réalité leurs hôtes, les occupants.

Dans le cadre d’un autre travail réalisé durant la résidence, Raphael Escobar a proposé ses services auprès des petits commerces et ateliers de l’occupation — salon de coiffure, boutique de gâteaux, glacier et atelier de couture. Après de longues discussions avec les occupants qui les tenaient, l’artiste a réalisé des light box pour chacun d’entre eux. Ces enseignes commerciales ont été spécifiquement conçues pour l’occupation. Petits modules luminaires au service des activités de l’occupation, elles institutionnalisent l’économie informelle qui s’y est développée. En octobre 2016, Raphael Escobar a présenté ces mêmes light box — une seconde série — dans le cadre de son exposition personnelle à la Galerie Leme à São Paulo brisant par là l’accord tacite qui fondait la résidence, celui de ne pas produire d’objets d’art. La valeur d’échange s’est vue remplacée ici par la valeur d’exposition. Produites à l’origine pour un contexte bien précis, ce déplacement produit une forme de décontextualisation : la light box devient le signe d’une activité laissée à part dans l’Occupation. De quoi est-elle alors le signe si ce pour quoi elle a été conçue n’est pas présent ? On peut se demander, si ces light box ne sont pas également hors de propos dans l’Occupation, puisque certaines d’entre elles ne sont pas raccordées à l’électricité et n’accomplissent qu’à moitié leur fonction.

C’est parce qu’il ne nie pas ce type de contradictions que le travail de Juliana Caffé, Yudi Rafael et Alex Flynn est à la mesure d’un projet qui aspire à nourrir l’imaginaire politique. Par l’accueil critique de ses propres échecs, l’équipe rend compte de l’art comme d’une expérience sociale où entrent en friction diverses réalités qu’elle ne cherche pas à niveler mais au contraire à faire parler. L’expérimentation artistique développée permet de rendre visible et de produire des actions et des savoirs antagonistes. Conduite auprès des occupants, elle rend compte d’un engagement dont l’ancrage dans la vie quotidienne permet une synergie des forces biopolitiques contemporaines — sociale comme artistique. La Residência Artistica Cambridge développe un art de l’expérimentation, qui par son refus de la forme matérielle achevée, conçoit sa pratique depuis la relation et le dialogue, tout en concurrençant les structures d’invisibilité à l’œuvre alentour des occupations du centre-ville de São Paulo [15].

Post-scriptum

Elena Lestes Muñoz est doctorante à l’Université Paris 1 et à l’Université de São Paulo. Elle est également coordinatrice de projet pour la plateforme http://arte-sur.org, dédiée à l’art contemporain d’Amérique du Sud.

Les photographies qui accompagnent cet article sont de Luiza Sigulem.

Notes

[1Lettre ouverte du 31 octobre 2016 — FLM, Frente de Luta por Moradia.

[2Le Frente de Luta por Moradia (FLM), né de l’occupation simultanée de trois immeubles de São Paulo en juin 2003, est un collectif de mouvements autonomes luttant pour le droit au logement des familles les plus démunies. Le collectif a fait de l’occupation son mode d’action. Pour plus d’informations : https://frama.link/r6th8YeP.

[3 André Mesquita, Insurgências Poéticas : Arte Ativista e Ação Coletiva, Annablume/Fapesp, São Paulo : 2011. p. 274.

[4 Entretien du 22/10/16, São Paulo.

[5Entretien avec l’artiste, 24/10/16.

[7Voir à ce sujet : Raquel Rolnik, « Prédio vazio há mais de dez anos, pode ? », Folha de São Paulo, 22 septembre 2014.

[8 L’Occupation Cambridge bénéficie désormais du soutien du programme fédéral Minha Casa Minha Vida, qui soutient le financement de logement urbain pour les familles de faibles revenus. Le récent changement de mairie pourrait à terme remettre en cause ces victoires.

[9Marta Ramos à propos du travail d’Ícaro Lira, entretien réalisé le 18/10/16.

[10Rencontre visible dans sa totalité sur la chaîne Youtube de la résidence.

[11 Dulcineia Catadora est un collectif éditorial initié en 2007, dans le cadre de la Biennale de São Paulo, par les artistes Lúcia Rosa et Peterson Emboava, en collaboration avec le Mouvement National des Ramasseurs de Papiers. http://www.dulcineiacatadora.com.br

[12Marta Ramos, in « Residência é sinônimo de mordait », 28 août 2016, Revista Brasileiros.

[13Voir Claire Bishop, « Antagonism and Relational Aesthetics », October, 110. 2004. p. 51-79.

[14Juliana Caffé, entretien réalisé le 26/10/16.

[15Le 30 noveembre 2016, la Residência Artistica Cambridge a été primée pour son projet par l’APCA (Association Pauliste des Critiques d’Art) dans la catégorie « Appropriation urbaine ».