passer par l’atelier

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Les ateliers « chemin de vie » sont un dispositif d’accueil avec l’écriture, inventé par l’association parADOxes [1]. Ils ont lieu au local de l’association, ou dans un établissement scolaire. Au prétexte du CV, il s’agit de prendre le temps avec un adolescent d’envisager son parcours, les étapes, les obstacles, ce qui a fait rupture ou ce qui a bordé ce chemin. C’est souvent à l’occasion d’un moment d’arrêt, d’une interrogation ou d’un « décrochage », qu’un·e élève nous est adressé·e par un·e enseignant·e, ou par le ou la CPE.

Une « atelière » [2] reçoit un·e adolescent·e pour trois rendez-vous individuels d’une heure, à une table : c’est cet espace avec quelques outils d’écriture, qui fait l’atelier. La conversation s’engage autour du parcours de vie et d’école. Assez tôt, l’écriture arrive comme un travail concret — on est en atelier —, qui fait en même temps une sorte de détour à la conversation, à plusieurs reprises le long des trois rendez-vous. Pour certains l’écriture est source d’une inquiétude ou d’une inhibition très vives, il s’agit alors d’y aller pas à pas, parfois de recueillir quelques mots et les transcrire pour le rdv suivant, et d’ainsi donner plutôt quelque chose à lire. Rien de figé, des bribes, des fragments, des bouts de ce qui cherche à se dire.

L’invitation à écrire se présente diversement. Il peut s’agir de pousser un peu vers l’écriture quelque chose qui est apparu (faire la liste, dessiner la carte, reprendre le mot…), ou bien c’est une proposition sans rapport avec la conversation, appuyée sur des formes qui nous sont familières, comme un portrait chinois, une liste d’instants…

À ce moment l’atelière se recule un peu, ménage un espace. La feuille glissée sur la table, la boîte pleine de stylos, feutres etc., et quelques mots d’invitation ont ouvert une étendue d’abord vide, une possibilité… Va-t-il, va-t-elle s’y avancer ? Parfois écrire va vite, parfois c’est si hésitant que cela pourrait s’arrêter… mais bientôt apparaissent une façon de tracer les signes, d’occuper la feuille, de formuler des détails ou des pans de vie… Ce qui surgit là est si singulier qu’il ne s’agit pas de le déchiffrer, c’est une présence qui se déploie. Souvent, délogés par les mots écrits ou leur forme dessinée, des moments de vie s’éclairent et provoquent une surprise. Un bout de savoir inattendu ouvre une autre perspective que celle où l’adolescent était en impasse, le mouvement dé-fige.

De la vie de tel·le adolescent·e, à l’école et au large d’elle, des éléments épars se relient, se déplacent, des motifs se transforment légèrement, cela va de pair avec la manipulation des feuilles, des mots, des phrases, laissés de côté ou repris et composés avec d’autres.

À la fin de l’atelier, l’adolescent·e a fabriqué son « chemin de vie » : quelque chose (écrit, dessin, collage…) qui représente son trajet. La réalisation qui surgit de cette proposition est toujours surprenante. Quelle qu’elle soit, elle est la trace d’une étape du « chemin », peut-être le moment de s’en faire l’auteur : c’est là qu’on signe.

Quelques écrits et dessins réalisés par des adolescent·e·s en atelier « chemin de vie », choisis avec Léna Burger, atelière à l’association parADOxes accompagnent ces lignes. Remerciements à leurs auteurs qui se reconnaîtront : Charlene, Gaspard, Ibrahim, Nikos, Rosalie, Yayi.

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Notes

[1L’association parADOxes, à Paris dans le 10e, accueille les jeunes de 11 à 25 ans, pour des consultations psychanalytiques gratuites et des ateliers d’écriture sur rendez-vous. www.paradoxes-paris.org.

[2Les « atelières », intervenantes à parADOxes, sont des « professionnelles de l’écriture » et non des psychologues.