portraits de groupes : Camille Cabral (PASTT), Joëlle Grégorie (ASB), Armand Hotimsky (Caritig)

par

Le PASTT est une association de lutte contre le sida. L’ASB se bat sur le terrain juridique et législatif. Le CARITIG est un lieu de recherches et d’informations. Ces trois associations de transsexuelLEs sont situées à Paris. Au mois de juin, elles défileront dans le cortège de la Gay Pride. Pourtant, si le PASTT lutte contre le sida aux côtés de Aides et d’Act Up, si l’ASB tient sa permanence au Centre gay et lesbien, si le CARITIG refuse les frontières des genres pour s’ouvrir à la théorie queer, pour les représentants de ces trois associations, les transsexuelLEs sont une minorité à part entière. Aussi, la confusion entretenue par les médias entre travestiEs, drag-queens et transsexuelLEs, tout autant que la proximité entre les activités des associations transsexuelles et homosexuelles, incitent les porte-paroles que nous avons rencontrés à adopter des précautions de langage. Lorsque chaque entretien a commencé, il a fallu se mettre d’accord sur les mots. D’abord régler son compte à la “transsexualité” : le terme ne satisfait personne, même si tout le monde l’emploie, par défaut ou par habitude. Ensuite, poser ses marques : 1) L’opération chirurgicale de changement se sexe ne définit pas la féminité ou la masculinité. Il y a plusieurs manières d’être un homme ou d’être une femme. Certains ne se font opérer que pour avoir les papiers, d’autres par désir. 2) Être transsexuelLE ne détermine aucun type particulier de pratiques sexuelles. Selon ses pratiques ou selon son sexe social, on est hétérosexuelLE, homosexuelLE ou bisexuelLE.

Le cadre était posé : l’entretien pouvait se poursuivre.

Camille Cabral (PASTT)

par Victoire Patouillard

« Je serais très frustrée si des assistantes sociales, des anthropologues ou des épidémiologistes se retrouvaient un jour à diriger le PASTT. » Toute la fierté de Camille Cabral est en effet d’avoir créé une association de lutte contre le sida « avec et pour des personnes discriminées ».

Depuis sa création, en 1994, le PASTT est resté fidèle à cette définition communautaire de la santé. Aujourd’hui, l’ensemble du conseil d’administration est composé de personnes transsexuelles. Seul le président échappe à la règle. Camille s’en amuse et s’en accommode même si son rêve reste que « la présidente soit transsexuelle » : elle avait proposé le poste à des transsexuelles qui l’ont refusé. Elle se satisfait donc de la division du travail en place : « Il préside et je gouverne. » Proposé au PASTT par ECS (Ensemble Contre le Sida), issu de l’association Dessine-moi un mouton, Peter Remmelts assume le rôle de responsable légal et de gestionnaire du budget de l’association. Cela arrange Camille qui dit « avoir horreur de l’argent ».

De son côté, Camille assume les fonctions de porte-parole et de directrice de l’association. Les rôles ne sont pas interchangeables. Le président comprend les revendications portées par le PASTT mais « il ne sent pas dans la peau les problèmes des transsexuelles. On ne peut pas demander à une personne comme ça, mariée, qui n’a jamais été impliquée dans le monde de la prostitution, de comprendre la prostitution. Il y a des choses comme ça. »

Lorsqu’on lui demande comment elle a découvert le monde de la prostitution, Camille dit qu’il l’a “enveloppée”. Partie du Nordeste brésilien, arrivée à Paris en 1980 pour terminer ses études de médecine, Camille travaille au service de dermatologie de l’hôpital Saint-Louis pendant cinq années enchaînant les bourses d’études et les vacations. Elle dort dans une petite chambre de la salle des gardes, apprend le français en regardant la télévision et en suivant le Professeur Buisson dans ses consultations de jour. Parce qu’elle est transsexuelle et parce qu’elle parle espagnol, elle devient, de manière informelle, la personne référente du service pour les prostituées brésiliennes et latino-américaines. En dehors de l’hôpital, Camille est invitée à participer aux sorties en discothèque. Des liens d’amitié se nouent. L’expertise médicale acquise à l’hôpital se double donc d’une connaissance plus intime du monde des prostituées du bois de Boulogne.

À la mort du docteur Siboulet, un nouveau responsable de service est nommé. Camille est convoquée dans son bureau. Il lui expose ses réticences à l’idée d’avoir une transsexuelle dans son service et lui demande de partir. Camille se retrouve donc sans emploi à la rentrée universitaire suivante : « J’étais très ignorante de la réalité française. Je ne connaissais pas les lois qui protègent les gens par rapport aux discriminations. Je n’ai rien fait, j’ai accepté. » Elle s’inscrit alors à l’ANPE qui lui propose une formation sur la question du VIH destinée aux professionnels de la santé. Dans le cadre de cette formation, elle doit présenter un projet lié au VIH : elle propose une intervention auprès des prostituées du bois de Boulogne. La responsable de la formation l’encourage à présenter ce projet à l’AFLS (Agence Française de Lutte contre le Sida) : Camille obtiendra 200 000 francs afin de mener une recherche-action de six mois. « J’étais toute seule, alors j’ai invité une amie : Sonia Castelletti. C’est une personne d’origine argentine, elle est aussi transsexuelle. Elle était intelligente, savait parler et négocier. Je l’ai invitée à faire cette recherche-action avec moi. Nous avons commencé ce travail avec la voiture privée de Sonia. On allait au bois de Boulogne et sur les boulevards. Au début, c’était horrible parce que les filles n’étaient pas habituées. Elles voyaient que nous étions transsexuelles comme elles mais il était très difficile pour elles d’accepter qu’une transsexuelle puisse avoir des responsabilités auprès du ministre. Au fur et à mesure, nous avons expliqué des petites choses simples : que nous étions là pour faire la prévention d’une maladie grave, le sida — à l’époque, il n’y avait que l’AZT — et qu’il fallait absolument utiliser le préservatif. Nous expliquions des petites choses simples et peu à peu, elles ont commencé à nous accepter. » Sonia et Camille entament ensuite des négociations avec la DGS pour assurer la pérennité du projet. En 1994, le PASTT est créé : « Nous avons acheté un bus et nous avons commencé à sortir dans le bois et sur les boulevards pour faire de la prévention. L’association est d’abord hébergée par l’ANRS pendant six mois puis par Aides. En 1997, l’association devient indépendante et prend un local autonome. Le groupe des débuts est toujours là : Camille, Sonia, Jacinte et Marina.

Fière et triste à la fois

Camille Cabral est médecin : elle aurait pu ouvrir un cabinet. Elle a choisi de monter avec d’autres transexuelles une association de santé communautaire. Ce fut un choix de militante. À l’écouter, on devine que chaque année a été une année de combat : le récit de Camille est traversé par le souvenir des bras de fer qui l’ont opposée aux institutions ; elle en garde des haines fortes et semble pouvoir faire à tout instant la liste exhaustive de ses ennemis. Elle se dit sur la corde raide, travaille sans cesse à maintenir “l’équilibre entre les gens de la rue, les institutions et les autres associations”. Elle avoue aussi que cette association la “bouffe”, qu’elle vieillit trop vite, que, dans cinq ans, elle devra prendre sa retraite. Elle compte ses alliés, trouve que le PASTT constitue une avant-garde bien isolée, voudrait entrer en contact avec les américains et qu’on l’éclaire sur le mouvement féministe fran« ais. Elle s’interroge sur sa succession et dessine en creux son propre portrait : quelqu’un capable d’endosser une multitude de rôles, quelqu’un de “costaud” et qui sait s’imposer, une porte-parole efficace et une vraie militante : celle qui ne laissera jamais passer quelque chose qui va contre ses idées. La fierté transsexuelle, pour Camille Cabral, c’est de « ne pas faire de concession à la majorité », de « se battre pour ses idées ». « Je suis très fière et très triste à la fois. Fière parce que le PASTT est peut-être la seule association au monde qui mène des programmes aussi larges : prévention, insertion, hébergement, droit des transsexuelLEs, lutte contre les discriminations. Je n’en connais pas d’autre. Je n’en ai pas rencontré en Asie. Je n’en ai pas rencontré dans les grandes conférences internationales, même aux États-Unis, même en Europe. La seule qui s’approche du PASTT, c’est le MIT de Bologne, Mouvement Italien de Transsexuels. Souvent, les associations s’orientent vers le conseil sur l’opération et les hormones. Elles font de la prévention, bien sûr, mais ce n’est pas de fa« on large comme ici. Je suis fière, mais, en même temps, je suis triste parce que je voudrais que ce soit partout. »

Le PASTT, Prévention Action Santé Travail pour les Transgenders :
94, rue Lafayette. 75010 Paris http://www.intersocial.org/~~pastt

Joëlle Grégorie (ASB)

par Victoire Patouillard

Syndrome : ensemble bien défini de symptômes qui peut s’observer dans plusieurs états pathologiques différents et qui ne permet pas à lui seul de déterminer la cause et la nature de la maladie (Petit Robert).

« Toute notre vie, on est avec des médecins, des cliniciens, dans un secteur médical. On prend un traitement, ce traitement on le prend à vie. En même temps, on est dans des secteurs médicaux comme une femme qui fait une interruption de grossesse : on est dans un hôpital mais on est pas malade. » Auparavant, Joëlle nous a expliqué pourquoi elle ne voulait pas parler de “transsexualité” :

« TranssexuelLE, ça voudrait dire : aller d’un sexe vers un autre, ce qui n’est pas le cas. Quand on a un minimum de bon sens, on sait qu’on ne devient pas l’autre. » Elle préfère parler de “syndrome”. Ce syndrome a un nom : celui du médecin qui l’a découvert, Harry Benjamin, un psychiatre sexologue canadien pour qui la transsexualité n’était pas une maladie mentale mais une affection, un handicap. « Il supposait que cela pouvait être dans les gênes. » Autrement dit : la transsexualité pourrait avoir un fondement biologique. C’était au début des années 1950 aux États-Unis. En 1994, en France, une association de transsexuelLEs décide de reprendre ce terme à son compte. Ce sera l’Association du Syndrome de Benjamin. Depuis deux ans, Joëlle en est la présidente.

La naturalisation de la transsexualité sert de point d’appui à leurs revendications. Aussi, « la sortie de la question transsexuelle du champ de la psychiatrie » revendiquée par l’ASB doit être lue au regard de cette définition médicalisée de la transsexualité. En effet, si l’ASB conteste le monopole de la psychiatrie, elle ne remet pas en cause son expertise.

Joëlle est prise en charge à 100 % en tant qu’handicapée mentale. Elle est suivie par plusieurs psychiatres car « plus tu as de certificats, plus tu montres que tu y as mis du tien ». Cependant, elle souligne qu’un accompagnement psychiatrique, aussi lourd soit-il, n’est pas « mauvais en soi ». L’ASB n’hésite pas à y recourir : lorsque quelqu’un se présente à la permanence de l’ASB, le jeudi au Centre Gai et Lesbien, et qu’il se dit transexuel, il est d’abord envoyé chez un psychologue : « De toutes façons, on envoie toujours chez un psychologue — un psychologue parce que c’est quelque chose d’un peu moins violent ; dès que tu dis psychiatre, les gens réagissent : non, mais je ne suis pas dingue. Donc, on leur dit toujours : il faut que vous en parliez à quelqu’un d’autre ; essayez de vous battre avec vous-même et si vous pouvez éviter, évitez-le. » Puisqu’il s’agit de déterminer une affection d’après ses symptômes, la compétence professionnelle du médecin est requise et le diagnostic prime sur le sentiment personnel : « L’accompagnement psychiatrique n’est pas mauvais parce qu’il y a des gens qui peuvent dire “je suis une femme” comme d’autres disent “je suis Napoléon”. »

Par conséquent, ce que dénonce l’ASB, ce n’est pas tant le savoir psychiatrique que la multiplication des expertises, la longueur du protocole suivi par ceux qui s’engagent dans la procédure de changement d’état civil, l’arbitraire des décisions des tribunaux de Grande Instance et l’imposition de psychiatres assermentés. Il ne s’agit pas de démédicaliser la transsexualité mais de la médicaliser davantage : la contestation du monopole détenu par quelques psychiatres s’articule à des revendications de prise en charge et d’accès aux soins : l’ASB dénonce « la mauvaise qualité des soins, en particulier chirurgicaux » et revendique « le choix des praticiens » et le « libre accès aux soins y compris à ceux dispensés en Europe et leur prise en charge ». L’opération chirurgicale de “réassignation sexuelle” coûte entre 45 000 et 100 000F. Si on définit la transsexualité comme un handicap de longue durée, son traitement doit être pris en charge. La biologisation de la transsexualité prend donc tout son sens lorqu’elle débouche sur sa médicalisation.

L’ensemble des revendications est repris par l’ASB dans un projet de loi qui vise à simplifier et raccourcir la procédure actuelle (6 mois à 4 ans) ainsi qu’à imposer le “diagnostic par le test de vie réelle et le traitement hormonal” théorisé par Harry Benjamin et en vigueur en Allemagne et en Hollande. Ce projet de loi est l’instrument d’un lobby auprès des politiques. L’ultime revendication est d’avoir « des papiers en accord avec l’apparence physique dès la phase transitoire ». La perspective biologisante adoptée par l’ASB n’implique donc pas un strict recouvrement entre sexe biologique et sexe social : le changement d’état civil n’est pas conditionné au changement de sexe.

La plaquette de présentation de l’ASB est ornée d’un papillon : « Il est chenille puis devient chrysalide pour enfin être papillon. » Ainsi posée, la métaphore de la transformation rend impensable la “phase transitoire” : elle ne peut être définie que négativement. Le récit que fait Joëlle de la première réunion de l’ASB à laquelle elle participe, en témoigne : « Il y avait des gens à toutes les étapes de la transformation. Moi, j’avais trouvé cela un peu triste. Il y a dans ces réunions des gens complètement largués, qui ne savent pas où aller, des gens bloqués dans l’espace-temps, qui ne progressent pas. » La sexualité est également vécue de manière négative : « Tu ne peux pas dans un rapport sexuel vivre en tant que femme et utiliser ton sexe de garçon. Si tu utilises ton sexe de garçon, tu es un garçon. » Elle ressort de la fatalité et de l’impossibilité : « En général, les trans ne sont pas sexuelLEs. Comment veux-tu avoir un épanouissement avec ce truc qui a écroulé ta vie ? »

À cela s’ajoute l’état civil : les difficultés qu’il fait surgir, les techniques d’évitement qu’il impose. Acheter à crédit, passer une frontière, recevoir une lettre recommandée deviennent des “cauchemars” lorsque l’apparence s’est modifiée sans que les papiers le soient. Alors, “on s’organise” : on paie toujours en espèces, jamais par chèques ; on repousse le moment où il faudra fournir une photocopie de sa carte de sécurité sociale.

Chaque année, l’ASB organise une manifestation de visibilité : “l’Existrans”, un nom inventé par l’ASB soucieuse de ne pas employer l’expression trop attendue de “trans-pride”. « Faire en sorte que les trans acceptent de marcher à visage découvert dans la rue n’est pas une mince affaire. » Joëlle rêve que les trans défilent par corps de métier : des avocats en robe avec une pancarte “je suis transsexuel”, des bouchers, des moniteurs d’auto-école, et même des groupes folkloriques. Mais ce rêve de manifestation est aussi un rêve de respectabilité : « On ne veut pas non plus d’une espèce de carnaval ridicule, parce qu’après on va avoir tout ce qu’on ne veut pas ; on veut un minimum de respectabilité. » Derrière la condamnation du carnaval ridicule, on devine le refus de l’association entre transsexualité et prostitution. Parlant de sa participation à l’émission “52 sur la une”, elle explique qu’il faut « montrer une autre image : quelqu’un qui vit son évidence de transsexualité en menant une vie “normale” parce qu’on est fatigué de cette équation : trans = pute. » Auparavant, elle avait précisé : « (À l’ASB) nous n’avons aucune prostituée. Il doit y en avoir deux ou trois, mais qui font « a parce que c’est un métier qu’elles ont choisi, pas parce que c’est une évidence. » On pense alors à la police qui, au bois de Boulogne et aux portes de Paris, verbalise les filles pour “port de tenue de carnaval en dehors des périodes de carnaval”. On comprend aussi que le souci de respectabilité de Joëlle traduit un positionnement associatif de l’ASB au sein des associations transexuel(le)s.

L’ASB, Association du Syndrome de Benjamin :
Permanence, entretiens :
01 43 57 21 25.
Tous les jeudi de 14h30 à 18h30 au CGL (Centre Gay et Lesbien), 3, rue Keller, 75011 Paris.
Réunion le premier dimanche de chaque mois (14h - 18h) au Relais 59, 1, rue Hector Malot, 75012 Paris.

Armand Hotimsky (CARITIG)

par Axel Delmotte

En 1995, Armand Hotimsky crée le Centre d’Aide, de Recherche et d’Information sur la Transsexualité et l’Identité de Genre (CARITIG). Son passé de militant pour la cause homosexuelle et le droit à pouvoir disposer de son corps, sa rencontre avec le pasteur Doucet, ses voyages à l’étranger l’avaient orienté vers des études de sexologie. Aux États-Unis, il a fait la connaissance du plus proche collaborateur d’Harry Benjamin et a décidé de travailler sur la question transsexuelle. Pour lui, il s’agira désormais de lutter contre l’image stéréotypée des transsexuelLEs en France, leur prise en charge rudimentaire et l’absence de toute réflexion sur la notion de genre. À cette fin, il importe la notion américaine de transgenderism.

CARITIG veut rassembler tout le “spectre transgenre” (transgender umbrella) : travestiEs, transsexuelLEs (celles et ceux qui vont jusqu’à l’opération génitale), transgendéristes (celles et ceux qui ne sont pas opéréEs), androgynes, bigenres, hermaphrodites, intersexuelLEs, transformistes, drag-queens, etc. Quand d’autres associations lui reprochent de diluer les problèmes et les revendications spécifiques des personnes dont le genre est en discordance avec le sexe, Armand rétorque qu’il est indispensable d’entretenir une réflexion permanente sur tous les aspects de l’identité de genre et d’interroger sans cesse les frontières identitaires. C’est ce qui lui fait refuser une vision surmédicalisée de la transsexualité : « Le syndrome de Benjamin, ça n’existe pas. »

Chaque mois, soit à Paris, soit en province (Lyon, Lille et prochainement Bordeaux), le CARITIG rassemble des transgenres, leurs proches, des étudiants, des personnes intéressées par les questions queer, mais aussi des professionnels, qu’Armand trouve souvent trop éloignés des personnes dont ils s’occupent. Il s’agit de réunions originales et ouvertes, où la réflexion théorique s’articule à une dimension d’auto-support.

C’est que les missions du CARITIG sont triples. Le centre produit et diffuse de l’information — outre une lettre mensuelle, une revue trimestrielle (Les Chemins de Trans) et un site internet ; Armand envisage de publier la traduction d’un certain nombre de livres anglo-saxons, totalement ignorés en France. Mais il propose aussi une écoute, une assistance dans les domaines médicaux, juridiques, sociaux, familiaux, etc. Il travaille enfin à sensibiliser l’opinion publique et les professionnels sur les questions relatives au genre. Pour Armand, il est en effet indispensable que les transgenres soient considérés comme des citoyenNEs à part entière, qu’ils/elles aient accès à des soins de qualité et des papiers dérogatoires pendant la période de transition. « L’amélioration des droits et des conditions de vie des transgenres ne sera possible qu’avec le soutien du corps médical et de l’opinion publique. » C’est pourquoi, si Armand regrette que le combat des trans ne passe pas actuellement par la visibilité, il reste réservé sur une « attitude trop ostentatoire » qui nuirait aux personnes concernées plus qu’elles ne les servirait : « La communauté transgenre est essentiellement fragile. »

BP 756 - 75827 Paris Cedex 17 - 01 43 42 28 58 http://caritig.org