Vacarme 11 / chroniques

De prime abord ailleurs ensuite

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Il y a quelque temps déjà alors qu’il était facile de se rendre ici ou là justement forcément plutôt ailleurs qu’ici, non précisément ailleurs quelque part sous un nom mais ailleurs en soi, on a constaté d’expérience que précisément personne à ce que je sache ne tentait d’aller au-delà, au loin déjà, ailleurs en tout cas, par exemple d’y aller, de s’y rendre, de continuer, de voir venir aussi comment comment (surtout moi le premier d’entre).

Non pour critiquer ce que chacun fait ou ne pratique pas comme expérience minimale d’existence parmi toutes celles qui peuvent être posées les unes à côté des autres parmi lesquelles choisir à notre tour en ces circonstances si nous pouvions les comparer nous comportons-nous et -terions-nous par exemple pouvez-vous nous l’expliciter bien sûr que non.

Toujours est-il posé comme principe que puisque l’on était à cet endroit né arrivé déménagé transmué parfois par hasard qui fait bien les choses, arrivée involontaire à la conscience encore historique parfois miraculeuse pas tragique la vie la circonstance le désir concourent à l’idée d’un agréable endroit quelconque pour vivre, car il est aussi présupposé que l’on ne vit qu’une unique fois unique existence forcément sienne, celle des autres par connivence, soit de surcroît beaucoup de monde d’ailleurs sans lieu ni sujet.

L’insatisfaction notoire quoi qu’on en dise éprouvée d’être là où l’on est connu, l’endroit n’en reste pas moins terriblement en son genre typique lieu très agréable de vie ensemble commune à plusieurs solitaire avec agrément, le tout n’a d’importance et il est très probable qu’il puisse le rester avec l’habitude ou un jour ou l’autre viendra qui le remplacera automatiquement par un autre endroit aussi quelconque sensationnel sans en changer la signification mais n’empêche ailleurs reste par principe le plus intéressant.

Ailleurs, sa probabilité d’y aller sans oublier son extrême facilité son charme omettons avoisinent à combien dans une existence les nôtres évaluez combien par rapport aux paramètres en vigueur, incertains, mais pas plus improbables de s’y rendre que de pas y aller est la conviction générale quand même que feriez-vous ailleurs est la bonne question, à laquelle réponse précise évasive plutôt il faut bien en fournir une n’a d’ailleurs pas besoin d’être recherchée activement, pourquoi s’en aller ailleurs précisément surtout quand l’endroit est paisible parce qu’il en est l’aboutissement mais sans trop insister.

À force de rester ici sur place ailleurs prend la forme d’une multitude d’expériences qui n’ont rien à envier aux voyages plus faramineux hormis qu’infaisables ils nous tentent, subissons infortunément très informés que l’existence est générale, partout comme ailleurs un même mot la désigne, des sensations similaires nous gouvernent, proposons alors de changer par un autre vocable les termes de l’échange, la grande futilité sur place qu’ailleurs est ici par moments de par notre volonté expresse convention afin de compliquer un petit peu mais est-ce possible l’existence commune et facile à peu près, se décide qu’ailleurs est ici et ici ailleurs ailleurs excellent prétexte mais problème factice comme faux départ courir d’un lieu à un autre sur place mauvaise idée, rapidement alors la vie quotidienne à peine supportable, mais il n’est pas indispensable de la ressentir ainsi.

Injoignable individuel, assez souvent d’agréables destinations de ce genre viennent à l’esprit, on se calcule facilement l’équation de tête plus heureux qu’ici plus malheureux à cause d’expériences acquises par voie secondaire, l’idée abstraite d’être ailleurs sans y aller à caresser ailleurs est quand même vaine.

Alors après plusieurs expériences mentales similaires qui jonchent le sol tentatives approximatives de théories réfutables sur des années du genre il est plus intelligent de ne pas penser aller ailleurs quand on est déjà quelque part, quelque part occupe beaucoup de notre vie, l’endroit où l’on est est le plus parfait qui soit, quand bien même cela est faux et le reste non pas pour se persuader du contraire ni de l’inverse mais afin de résoudre un problème faux pareil une note, cette difficulté aplanie on est est toujours présent là toujours quelquefois on en vient à regretter ailleurs était bien beau.

Ailleurs commence alors une période d’incubation intéressante, il est tout à fait recommandé à ce moment justement de partir à l’improviste n’importe où dans la mesure du possible, ce qui somme toute n’est pas incompliqué faisable.

L’expérimentation d’un ailleurs sur le champ si on peut l’exaucer va prouver à l’instant même qu’en effet se déplacer est utile, ailleurs est toujours trop loin, où que l’on arrive ailleurs n’est pas suffisamment ailleurs, mais suffisant néanmoins entre la prise de décision et sa réalisation on éprouve sur place ou en mouvement une gamme impressionnante une satisfaction, le plus gênant pour la démonstration qui suit in vivo est cet ensemble d’approximations et sensations posé par contre l’on découvre comme par mégarde les innombrables satisfactions mais on l’a déjà dit qu’engendre d’être ailleurs, ailleurs en est un mot est embêtant.

Ne surtout se rendre où l’on en avait envie afin de préserver ce désir, choisir une autre destination, renoncer au bon moment exact, envisager sciemment se tromper et les autres d’endroit, rester sur place avec, endommager.

Il est néanmoins certain qu’un brutal mouvement d’un endroit à un autre n’entraîne pas moins des conséquences et que prétendre comme je l’ai fait antérieurement après d’autres que tous les endroits se valent n’est guère réaliste voire même aimable pour les lieux divers qui nous accueillent, un de nos devoirs consiste à laisser l’endroit dans la mesure du possible, à défaut nous utilisons-nous (mais par ailleurs aussi à un pourcentage ridiculement faible).