introduction

Ce sont trois événements que peu de choses rassemblent. L’irruption soudaine de sans-papiers dans une église. Une noria de camions qui s’arrêtent brusquement en travers des routes. Une pluie de pierres lancées par des enfants sur d’autres, pas beaucoup plus vieux, mais armés et casqués.

Ce sont trois personnes que tout sépare, hormis peut-être une insistance de la mémoire. « Un vieil ambassadeur de France » comme il le dit lui-même avec douceur et ironie. Un représentant syndical, rompu depuis trente ans aux jeux de la parole et du conflit. Un historien palestinien, engagé très tôt dans la lutte d’un peuple qui ne désarme pas.

Ce sont trois négociations. Différentes dans leurs lieux, dans leurs formes et dans leurs résultats, elles ont pourtant en commun de sculpter patiemment un paysage, le nôtre. S’y montre la crise profonde et la refonte des modes de négociations nationaux et internationaux. On pourrait nommer certaines causes : la fin d’un monde bipolaire où l’on était tenu de choisir son camp. Une économie soumise à un modèle unique, qui ne fonctionne pourtant qu’à condition de s’effondrer, d’exiger chaque jour davantage des uns, et de laisser les autres sur le bord de la route.

Ce n’est pas que ces causes nous importent peu, elles transparaissent d’ailleurs dans chaque entretien. Mais nous avons préféré demander comment ils font à ceux qui ont encore la charge de parler.