un petit jardin au bord du carrefour devoir de mémoire

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Il y a des moments où l’on se laisse encore surprendre, honteux d’avoir oublié ou plus souvent de ne pas avoir chercher à trop savoir. Le Vélodrome d’Hiver à Paris en est un exemple. La rafle du Vél’ d’Hiv, tout le monde connaît. Elle est le symbole de la participation active et zélée du gouvernement français à la politique d’extermination nazie. Mais, au fait, où se trouve le Vélodrome d’Hiver ? Du moins, où était-il, si l’on a dans l’idée qu’il a sans doute été détruit depuis ? Quand j’ai posé la question autour de moi, bien peu ont su y répondre. Moi encore moins, avant que je ne me retrouve, il y a quelques années de cela, face à une bien mauvaise surprise : le nouvel appartement dans lequel je venais d’emménager était situé exactement en face de l’ancien Vel d’Hiv. La honte de ne pas m’en être inquiétée plus tôt s’est doublée d’un sentiment de colère. Non seulement il est difficile de savoir aujourd’hui, pour qui s’en préoccuperait, que l’ancien Vel d’Hiv était situé rue Nélaton dans le 15e arrondissement, mais le bâtiment qui l’a remplacé après sa destruction dans les années 1970 est à soi seul tout un symbole. Il s’agit en effet d’une annexe du Ministère de l’Intérieur, qui sert entre autres aux services de la DST. Quant à la plaque commémorative de la rafle, elle est posée dans un minuscule jardinet, qui a plus l’air d’être le carré de verdure du concierge du coin, le long du boulevard de Grenelle. Il existe bien une place des Martyrs juifs du Vélodrome d’Hiver, mais rien n’est moins facile que de la repérer. Normal, moins que d’une place il s’agit d’un carrefour automobile au croisement du boulevard et du quai de Grenelle, à l’embranchement du pont de Bir Hakeim. Une place qui n’en a que le nom puisque les piétons ne peuvent que la longer. Difficile alors de lire la petite plaque qui indique son nom, sur un pilier du métro.