Vacarme 17

automne 2001

Vacarme 17

À nos lectrices et lecteurs

Ce numéro, Vacarme 17 (automne 2001), est désormais archivé et tous ses articles sont accessibles dans leur intégralité. Vacarme aime la gratuité, mais une revue existe grâce à ces abonné·es.

Éditorial

mondialisation

par

1. On mesure mal, sans doute, ce que fut pour les Grecs l’épopée d’Alexandre, la monarchie macédonienne qu’elle devait asseoir, les conséquences qu’elle eut pour une démocratie athénienne dès lors réduite à n’être qu’intermittente, fictive, soumise et diminuée. « Une polis de théâtre », dit l’historien américain Moses Finley (victime un temps du maccarthysme, celui-là sait de quoi il parle). Alexandre avait repoussé les limites du monde, et les Grecs lui prêtaient un empire s’étendant (...) Lire 

Entretien

Pierre Vidal-Naquet

Pierre Vidal-Naquet

Chantier

Libéralisme : d’un pied sur l’autre

l’individu minoritaire

par

Durant la première moitié des années 1990, en France, la rhétorique républicaine renvoyait tout discours minoritaire dans l’enfer politique d’un communautarisme réputé étranger à notre culture. La République, nous expliquait-on, ne connaissait, et surtout ne reconnaissait pas les communautés. Sans doute les appartenances de groupe n’étaient-elles pas nécessairement niées, occultées ou réprimées. Du moins n’avaient-elles pas droit de cité - elles n’existaient ni ne devaient exister (...) Lire 

Libéralisme : d’un pied sur l’autre

Arsenal

Le passant de la bande

par

Géographe, benjamin@geosolutions.com n’a pas résisté à la proposition de Speedial, leader mondial de l’internet : faire la cartographie du web. C’est-à-dire, plus précisément, la cartographie des infrastructures très matérielles d’un réseau censément virtuel. Philippe Vasset est journaliste. Collaborateur de Vacarme, auteur de plusieurs nouvelles, il a accepté que nous publiions un extrait de ce premier roman, encore inédit, où la fiction et l’aventure partent, repartent, à l’assaut des (...) Lire 

La traversée des apparences

par

La fiction de l’emploi, le salariat rêvé, le travail des fuites. Le dernier film de Laurent Cantet poursuit les questionnements du précédent, mais d’une manière plus perverse que dans Ressources Humaines. Le travail ne structure plus la vie que dans le mensonge ; le héros ne cherche pas sa place, il la fuit dans un emploi du temps irréel qu’il croit maîtriser et qu’il a construit seul et loin du salariat.
Le spectateur en sort parfaitement hébété et voué au vertige de questionnements (...) Lire 

Couples

par

Vous y étiez habitué comme à un vieux couple, fâché mais inséparable. D’un côté, la narration classique, où une action succède à une autre, un plan à un autre, dans l’ordre immémorial du récit. De l’autre, une durée dégagée de l’intrigue, où l’événement est perceptif, sensoriel, optique ou sonore, en tout cas affectif, pas narratif. L’opposition était trop abrupte, sans doute, pour que vous n’ayez jamais soupçonné que la beauté du cinéma se joue précisément dans sa capacité à la dissoudre. (...) Lire 

les salles d’attente de l’universel

par

Arnaud Veisse est l’un des médecins-coordinateurs du Comité médical pour les Exilés (COMEDE). Depuis 1979, cette association se consacre à la situation médicale des demandeurs d’asile, avec ou sans papiers. Elle anime un centre de santé à l’hopital du Kremlin-Bicêtre (consultations de médecine générale et de psychothérapie, actions de prévention-dépistage, accès aux droits sociaux), exercice concret du soin depuis lequel s’articule un travail juridique et politique. On savait qu’un rapport (...) Lire 

Arsenal

Processus

De l’intérêt d’évoquer le peuple pour parler de culture

par

L’expression de « culture populaire » est une de ces formules qui entretient plus de confusion qu’elle n’éclaire l’objet qu’elle prétend désigner. Tous les mots font difficulté, celui de culture évidemment, mais surtout celui de peuple, de populaire.
Il y a trois points qu’il faudrait éclairer. D’abord pourquoi parler d’une telle entité, quel intérêt, quel besoin y a-t-il de l’invoquer, et qui en a besoin ? Ensuite quel rapport l’ensemble des choses, des formations, des productions de (...) Lire 

Sur le vif

Une visite de l’exposition « À Fleur de peau, le moulage sur nature au XIXe siècle ». Avec Édouard Papet. Lire 

Processus

Chroniques

L’eau de la mer

par

la mer, eau la plus pure et la plus impure
pour les poissons elle est potable ;
pour les hommes elle est imbuvable et mortelle Lire 

la manière lente

par

Manque d’idées, atonie générale, coassement suspect et sifflements d’une Mélusine dont les flancs rongés de malaria ressemblent à de la vase. - Elle est assise au bord de la fontaine ; ses chevilles roulent sur les galets, sa robe perpétuellement imbibée d’eau ressemble à de l’écume - plus personne n’emploie le mot moire en désignant ce haillon, ou tel autre de ces termes précieux pour lesquels le monde de la forêt a un penchant si marqué.
Au bord de cette fontaine circulaire comme un (...) Lire 

Sex-appeal de Mitchum

par

Hollywood s’est assez peu intéressé à la sexualité masculine. C’est qu’à la grande époque Hollywood fut une affaire d’hommes, qui s’y représentèrent volontiers d’une façon flatteuse et pauvre, en séducteurs ou pères de famille. Les détours du désir féminin y furent plus finement frayés. Il y a bien sûr des exceptions. Certains films fantastiques (avec le vampire, le bestial), certaines screw-ball comedies (l’indécis, l’homme objet), certains Hitchcock (le pervers, le nécrophile). Et puis (...) Lire 

Programa dos mil uno/ dos mil dos

par

En septembre, vous serez revenus de Madrid.
Le samedi premier, il fera un temps de merde et vous regarderez Australie/Nouvelle-Zélande. Parce que le tournoi des tri-Nations est le plus spectaculaire de l’univers. Parce qu’à Sydney, ce sera la fin de l’hiver. Pour le Haka. Le lendemain vous pourrez voir Bernard Hinault remporter le championnat du monde de la chemisette à manches courtes à Plouay.
Le dimanche suivant, finale de US open avec Agassi papa et les avions qui passent. C’est (...) Lire 

Rébus

par

Votre nom ici

par

cette pièce
La pièce où je suis entré était un rêve de cette pièce. Tous ces pieds sur le sofa étaient les miens, sûrement. Le portrait ovale d’un chien, c’était moi lorsque j’étais jeune. Quelque chose chatoie, quelque chose est tu.
Nous mangions des macaronis tous les jours au déjeuner sauf le dimanche, où l’on avait convaincu une petite caille de se laisser servir. Pourquoi je te raconte cela ? Tu n’es même pas ici.
pas toi, encore
J’ai pensé t’écrire ce poème. Oui, je sais que (...) Lire 

le paon du jour / qu’un baiser vous réveille

par

« Qu’est-ce... que c’est... que ça ? « demanda la licorne. « C’est une petite fille ! » répondit allégrement Haigha. « Nous avons trouvé ça aujourd’hui même. C’est grandeur nature et deux fois plus vrai que nature ! » « J’avais toujours cru que c’étaient des monstres fabuleux ! s’exclama la Licorne. Est-ce vivant ? » « Ça sait parler » répondit, d’un ton de voix solennel Haigha. La Licorne, d’un air rêveur, regarda Alice, et ordonna : « Parlez, mon enfant. » Alice ne put empêcher ses (...) Lire 

Instinct très doux

par

jacques petit chanteur et père de petit chanteur l’ emploi du vide sur le mur divisé aucune différence charbon charbon finalement ce qu’il voit de l’autre c’est une quantité de petites fenêtres deuxième morceau le continuum par téléphone il détache les syllabes que l’idée ne vienne à personne d’arriver fin finale explication lucas frère de jacques sens habituel du terme à la fontaine sur un tableau éléments neutres les gens entrent explorent autant l’environnement cent pour cent dans la (...) Lire 

Including pathology

par

que tout à coup tout se lézarde, se froisse comme une tôle, je tenais très difficilement sur ce point, cette ligne, mais le temps était devenu un argument pour cette résistance, une seconde peau, impaire je vous en veux de me solliciter sur ce point, où je tenais sur un pied, mais vous l’avez trouvé, et je m’incline, ravie pour de tout autres motifs crispée, je cherche à nouveau ma respiration, je la trouve, elle s’échappe, l’effroi revient, que je maintenais à distance, très longuement (...) Lire 

l’aspect sentimental du savoir

par

sachant qu’elle ne rencontrerait personne au cours de sa promenade, elle n’avait pas jugé utile de se coiffer d’un chapeau et le soleil nimbait de lumière ses boucles blondes légèrement en désordre - sa silhouette parfaite et sa taille de guêpe étaient mises en valeur par une blouse en mousseline blanche d’une simplicité exquise et une longue jupe d’équitation à la coupe parfaite
dans ce dîner-là comme dans les autres, il arriva déjà un peu ivre et ennuyé la jeune japonaise à son bras (...) Lire 

Chroniques

Enquête

La Bible, work in progress

Oh

par

« Au début, j’ai reçu les deux premiers psaumes. J’ai passé six mois à chercher une méthode, et puis j’ai proposé une première forme. Ensuite on a discuté pendant deux ans avec Marc Sevin ; les trois années suivantes, je recevais son travail par la poste. Puis à la fin, de nouveau, on a travaillé énormément, ensemble. Au début, il regardait ce que j’avais fait, et il me disait "ce n’est pas ça" ; et puis il regardait le texte hébreu et me disait quelquefois "ah si, c’est ça". » C’est ainsi (...) Lire 

Le récipient d’argile

par

Avant que les mots de la Bible et leur sens ne se précipitent et se figent en un discours d’autorité, les textes furent le véhicule fragile et incertain d’un sens tour à tour obscur et lumineux, qui se laissait apercevoir par tâtonnements et trébuchements. Il y a des chances qu’en s’affrontant aujourd’hui à la langue intime que parle la littérature, la lettre des Livres étranges nous revienne à vif, dans le souffle et le songe dont elle procède.
Dans le milieu grec érudit où ils sont (...) Lire 

Répond le psaume

par

Dans l’entretien qui précède, Frédéric Boyer et Olivier Cadiot redoutent que le débat suscité par leur « nouvelle traduction » ne se cristallise autour de la question du droit, pour des écrivains, à se colleter avec les écritures bibliques. S’ils craignent juste, si se déclenche une querelle des légitimités, alors nos questions sont vieilles, et nos débats disent une ignorance. Soit le Psaume LI, et ce qu’en firent successivement Marot, Castellion, Baïf, Corneille, Claudel, Meschonnic et (...) Lire 

La Bible, work in progress
Vacarme 17

Vacarme 17 / automne 2001

Rédaction en chef la revue Vacarme

Parution le 8 octobre 2001 Édition Vacarme

Pages 112 ISBN 9782915547887

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