Le voile républicain, et ce qu’il donne à voir en le cachant

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La question du foulard, posée dès 1989 en termes d’intégration et de laïcité, est repensée aujourd’hui à partir des débats sur les violences sexuelles via les banlieues et la trouble fascination qu’elles exercent, surtout depuis le 11 septembre. La controverse sur le voile se fait ainsi l’écho du débat sur les « tournantes » qui l’a précédé. c’est donc désormais à travers la sexualité que les enjeux de classe et d’ethnicité trouvent leur formulation.

Paradoxe du voile : c’est en masquant à la vue qu’il appelle le regard ; il désigne en cachant. C’est ainsi que le voile de la discrétion pudique est en même temps signe ostensible, voire ostentatoire,en tout cas visible. En miroir, la laïcité républicaine n’est pas moins paradoxale : elle se donne à voir comme histoire ; mais c’est en occultant son historicité. En effet, si elle affiche ses origines, de la Révolution à la IIIe République, c’est pour mieux revendiquer un universalisme qui transcende l’histoire. C’est ainsi qu’on peut débattre du foulard islamique en oubliant la colonisation. Jules Ferry, le père fondateur de l’école républi-caine, ne fut-il pourtant pas, pour ses contemporains, « le Tonkinois » ? Et comment penser aujourd’hui le communautarisme, l’ethnicisation ou la racialisation de la société française sans rappeler cet héritage colonial ? Mais il ne s’agit pas seulement du legs d’un passé toujours présent : l’historicité, ce sont aussi les avatars de la laïcitérépublicaine, et ses reformulations, d’un débat à l’autre. La République doit bien être comprise comme une rhétorique, à travers ses usages.

la République sexualisée

Plutôt que du voile, parlons donc des controverses sur le voile ; mais partons de contextes, plutôt que de concepts : la rhétorique universaliste ne s’accommode en effet que trop aisément de l’abstraction théorique, qui vise à faire abstraction de l’histoire. À l’inverse, au lieu de réfuter, essayons de resituer. à première vue, la querelle récente semble répéter à l’identique une première polémique : 2003 rejoue 1989. Avec les jeunes filles intemporelles sous l’uniforme du voile, mais aussi avec leurs mères, et surtout leurs pères et leurs frères, ce sont les mêmes images qui occupent l’espace médiatique, tandis que les mêmes mots occupent l’espace public. C’est à peine si le tchador, sans doute trop lié à l’actualité iranienne des années 1980, a laissé la place au hidjab dans notre vocabulaire. En revanche, deux septennats plus tard, on retrouve de vieux couples qui n’ont pas pris une ride – islam et laïcité, en même temps que communautarisme et République.

Il est vrai qu’en 1989, c’est justement le voile qui définissait la République – ou plus exactement : c’est contre le foulard que déjà certains la refondaient. Dans Le Nouvel Observateur, Elisabeth Badinter, Régis Debray et Alain Finkielkraut le proclamaient alors avec d’autres « républicains » : « L’avenir dira si l’année du Bicentenaire aura vu le Munich de l’école républicaine. » Pour ces intellectuels, « la figure française de la démocratie a pour nom République », tandis que « la République a pour fondement l’école ». Notre culture politique s’opposerait au communautarisme « à l’américaine » : interdire le voile à l’école, ce serait donner aux « élèves le loisir d’oublier leur communauté d’origine », et prévenir la ghettoïsation en arrachant les enfants d’immigrés, à l’instar des paysans de la fin du XIXe siècle « francisés » par les hussards de la République, à leurs appartenances – en les affranchissant, du moins dans l’enceinte scolaire, de leur « culture ».

La République est ainsi définie par la séparation entre la sphère publique et le domaine privé : tandis que dans la première s’affirme la neutralité d’un espace commun, également ouvert à chacun, le second est le lieu de toutes les spécificités et de tous les particularismes. C’est le sens de la laïcité à la française, dit-on alors volontiers : loin de s’opposer à la religion, elle lui fait toute sa place – dans la vie privée. à l’inverse, « l’Amérique » ne donnerait-elle pas l’exemple d’une confusion des genres, puisqu’en politique on y invoque volontiers Dieu et la Bible ? Au-delà de la religion, le contre-modèle américain confirmerait les dangers d’un effacement de la frontière entre public et privé – du « politiquement correct », qui prendrait sa source dans le multiculturalisme, au « sexuellement correct » qu’engendrerait le féminisme. Au début des années 1990, la « guerre des sexes » qu’on dénonce à l’occasion de l’affaire Clarence Thomas – ce juge noir accusé de harcèlement sexuel au moment d’accéder à la Cour Suprême – vient ainsi illustrer le contraste avec notre République, fondée sur le refus de toute politisation de la sexualité.

C’est justement sur ce point que la controverse entamée en 2003 s’écarte de la version de 1989. Le voile est aujourd’hui sexualisé. Sans doute s’agissait-il déjà, voici quinze ans, d’une affaire sexuelle – mais seulement au sens où le voile est toujours sexué : ce sont les femmes qui le portent. L’argument féministeétait donc déjà présent, avec l’oppression des femmes. Mais la nouveauté de la polémique actuelle,c’est qu’il y est question, en même temps que de genre, de sexualité. De Chahdortt Djavann à Liliane Kandel, en passant par Jacques Julliard, on pose désormais un lien entre voile et viol, qui serait inscrit dans les mots eux-mêmes. L’argument est double : d’une part, le voile est un viol symbolique du consentement, qui prive la femme de sa liberté en même temps qu’il la dépouille de sa séduction ; d’autre part, le port du voile expose davantage encoreaux violences sexuelles celles qui refusent de s’y soumettre dans les banlieues. Ainsi, on ne saurait être libre de choisir le voile, signe d’aliénation ; mais on peut être coupable de l’accepter, voire complice en le revendiquant.

Contre la chasteté intégriste, voici donc la République redéfinie par la modernité de la libération sexuelle. Mais comment comprendre aujourd’hui la sexualisation d’une rhétorique hier encore fondée sur le refus de toute politisation de l’intimité ? Bien sûr, il faut commencer par rappeler le contexte politique qui, depuis le PaCS et la parité, a défait l’évidence républicaine d’un partage entre les sphères publique et privée : l’actualité sexuelle, du harcèlement aux violences, et de la prostitution à la pornographie, est bien devenue une actualité politique à part entière dans notre pays. Mais il convient également de préciser les conditions de l’appropriation du nouveau langage public de la sexualité par la rhétorique républicaine : comment la République, dans un premier temps menacée par cette sexualisation, a-t-elle pu, dans un second temps, en faire usage et même la retourner à son avantage ?

D’une part, c’est qu’on retrouve avec le voile des arguments entendus dans le débat sur la prostitution : on ne saurait choisir d’aliéner sa sexualité. C’est bien pourquoi la parole de la fille voilée, non plus que prostituée, ne saurait émaner d’une femme libre. D’ailleurs, le plaidoyer féministe contre l’aliénation s’est aussi fait entendre contre le « string », autre envers impudique du voile. Sans doute ce signe se prête-t-il autant que la prostitution à la dénonciation du Capital. Mais il en va du string comme de la pornographie : il parle à la fois « des jeunes » et de « nos enfants », de « leurs filles » et de « nos filles ». Aussi la figure de la prostituée se prête-t-elle davantage à l’inversion, comme en miroir, de la figure de la femme voilée : l’une et l’autre sont pareillement d’origine étrangère, et pareillement mises à distance. Pour affranchir ces immigrées, il faut donc interdire. Or la libération suppose l’aliénation, qui passe par le détour de l’altérité.

Ce n’est pas un hasard si le groupe « Femmes publiques », constitué en réaction contre la loi de sécurité intérieure et contre la répression qui s’abat sur les personnes prostituées, s’investit ensuite dans l’opposition à la loi sur le voile. Toutefois, les logiques ne se superposent pas toujours à mesure que se déclinent les sujets de controverses. D’un débat à l’autre, en effet, c’est moins une idéologie qui circule que des arguments qui sont empruntés. Aussi certains occupent-ils successivement des positions potentiellement contradictoires : c’est ainsi qu’Elisabeth Badinter, naguère hostile à l’abolitionnisme, dans le débat sur la prostitution, s’engage derechef contre le voile. Mais si c’est toujours pour l’émancipation des femmes, l’héritière des Lumières doit à la fois les supposer libres de se prostituer, et aliénées sous le voile.

D’autre part, au-delà des stratégies argumentaires, c’est la question des violences sexuelles qui nous livre la clé idéologique du débat. Au début des années 2000, on commence à parler des « tournantes », c’est-à-dire des viols collectifs dans les cités – chez eux, plutôt que chez nous : il est en effet bien plus difficile de parler du harcèlement sexuel à l’université... C’est que les banlieues de l’islam sont aussi les quartiers des « classes dangereuses ». La religion (et à l’inverse, la laïcité) permet ainsi d’articuler les deux lectures : en termes ethniques, et en termes de classes, c’est toujours l’opposition entre « eux » et « nous ». Sans doute les « sauvageons » ne se confondent-ils pas avec les « barbus ». Mais peu importe : dans les débats actuels, qu’ils soient déculturés par la galère ou au contraire captifs de leur culture islamique, ces « jeunes » sont bien construits comme l’envers de notre culture nationale, universaliste par nature. D’origine immigrée, ils sont l’autre de la République.

Et d’abord en matière de sexualité : si l’autre, c’était hier encore l’Amérique, c’est aujourd’hui cet étranger plus proche, presque intime, qui hante notre identité. Ainsi la République a-t-elle reconstitué son double colonial. Mais on mesure l’écart entre les deux moments forts de la controverse : tandis qu’en 1989 la rhétorique républicaine se définit contre la politisation féministe de la sexualité, en 2003 la République emprunte au féminisme pour dénoncer les violences sexuelles, contradictoires avec notre modernité. Toutefois, la « guerre des sexes », c’est toujours ailleurs – outre-Atlantique, ou au-delà du boulevard périphérique. Un mouvement politique issu des banlieues a d’ailleurs bien articulé les deux versants de cette sexualisation rhétorique de la République, en se mobilisant à la fois contre les violences sexuelles et pour la loi interdisant le voile : « Ni Putes, Ni Soumises », ce pourrait être la devise nouvelle d’un républicanisme modernisé, qui « nous » définit contre « eux », par une culture sexuelle « civilisée » qui s’oppose à la « barbarie ».

l’école de la République

Autre contexte : le débat sur le voile aurait trouvé une actualité nouvelle après le 11 septembre 2001. à n’en pas douter, la confusion entre islam et islamisme doit beaucoup au retour en force du terrorisme – à la fois dans la réalité internationale et dans nos représentations du monde. Mais une date peut toujours en cacher une autre – derrière le 11 septembre, il y a le 21 avril. L’union nationalequi fait voter contre le voile la gauche socialiste avec la majorité gouvernementale rejoue l’unité démocratique mobilisée pour le second tour de l’élection présidentielle en 2002.

Toutefois, les enjeux du 21 avril sont en même temps occultés par la référence au 11 septembre. Si, face au voile, l’indulgence qui subsistait en 1989 ne semble plus de mise en 2003, c’est que le péril intégriste serait venu se substituer à la menace de l’extrême droite : l’ennemi principal, ce ne serait plus Jean-Marie Le Pen, mais Mohamed Latrèche, ou Tariq Ramadan. Contre le voile, la République n’est donc plus définie, comme au moment des manifestations qui ont suivi le premier tour de l’élection présidentielle, par l’antiracisme, mais, en écho aux attaques lancées contre l’Amérique au nom de l’islam, par la laïcité. Sans doute s’agit-il bien d’un 5 mai permanent que réussit Jacques Chirac, Président voué à incarner toujours la République ; cependant, il importe de souligner qu’il ne s’agit pas à chaque fois de la même République.

L’école joue dans ce basculement rapide un rôle central. Contre le Front national, les élèves faisaient entendre leur voix au printemps 2002. Contre le voile, c’est au tour de leurs professeurs, à l’automne 2003. On sait en effet que les enseignants du secondaire se sont révélés particulièrement favorables à la loi (76% dans le sondage CSA pour La Vie et Le Monde, dont les résultats sont publiés dans ce quotidien le jeudi 5 février 2004) – plus encore que l’opinion dans son ensemble (69% dans un sondage CSA réalisé les 15-16 décembre 2003 pour Le Parisien). Mieux : en majorité, ils auraient préféré une loi plus stricte, proscrivant les signes « visibles » (57%), et pas seulement « ostentatoires » ni même « ostensibles ». Sans doute n’est-ce qu’une faible minorité (19%) qui refuse tout compromis ; mais c’est une minorité plus fragile encore qui refuse de se résoudre à l’exclusion, en cas d’échec du compromis (15%). Bref, les enseignants ont été le ciment de cette logique républicaine – Jack Lang l’a très tôt compris, en se ralliant à la loi, mais non (démonstration par l’absurde…) son successeur à l’éducation nationale, Luc Ferry, qui s’est révélé un républicain réticent.

Pourquoi ? Sans doute les plus directement concernés sont-ils les plus motivés – les femmes, les jeunes, les enseignants en ZEP. Pour autant, cet engagement contre le voile n’est pas le simple reflet d’une expérience de terrain : 91% des enseignants reconnaissent que le voile est absent de l’établissement où ils enseignent, et 65% ne l’ont jamais rencontré dans leur carrière. Dans l’ensemble, ils n’ont d’ailleurs pas même le sentiment que le voile se répand chez les élèves (seulement 28%). Il s’agit donc plutôt d’un enjeu symbolique. La laïcité pourrait devenir une manière d’affirmer une identité professionnelle fortement remise en cause par l’évolution du métier. L’hostilité au voile permet peut-être de dire indirectement la difficultéd’enseigner, et tout particulièrement dans la distance sociale croissante avec les élèves des zones dites sensibles, sans verser dans le conservatisme nostalgique, grâce au langage de progrès d’une laïcité modernisée par une thématique féministe. Loin de s’associer à des réactionnaires soupçonnés de racisme, nombre de professeurs se sont engagés contre le voile avec d’autant plus d’ardeur qu’ils avaient le sentiment de constituer, dans les « territoires perdus de la République », un front contre le sexisme, mais aussi sans doute contre l’homophobie et plus encore l’antisémitisme.

Sans doute ce malaise enseignant n’est-il pas nouveau. En revanche, la conjoncture politique de 2003 permet d’éclairer l’actualité du voile. Il faut rappeler en effet que le printemps avait montré une forte mobilisation des professeurs contre la politique du gouvernement, tandis que leur échec devait être sanctionné pendant l’été par de sévères retenues sur leurs traitements. Dans le monde de l’école (qui s’en souvient encore ?), la rentrée promettait d’être chaude – pour Jean-Pierre Raffarin, et non pour les élèves voilées, comme ce fut le cas à l’automne. Les premières grèves auront pourtant attendu mars 2004, et le vote de la loi : tout se passe comme si la colère enseignante s’était déplacée – non plus contre la décentralisation, mais pour la laïcité. Un débat chasse l’autre : on passe de la lutte contre la privatisation au refus de la politisation, de la préservation de la Chose publique à la défense de la République. Si le combat se livre désormais contre le fondamentalisme religieux des banlieues, et non plus contre le libéralisme économique de la droite, la mobilisation nouvelle peut donc aussi bien apparaître comme une démobilisation – un symptôme qui cache en même temps qu’il révèle le malaise enseignant.

C’est ainsi qu’on peut comprendre l’écart entre différentes réponses dans le sondage déjà évoqué : en effet, si pour 78% des enseignants sondés le port du voile à l’école est bien un problème important, 88% trouvent que les médias en parlent trop, et surtout, la laïcité n’intervient qu’en onzième position de leurs préoccupations professionnelles (en premier, l’échec scolaire, devant la défense du service public). L’ambivalence traduit sans doute ce récent déplacement : un problème s’est substitué à un autre, sans pouvoir l’effacer ni s’imposer tout à fait. C’est ainsi que s’explique peut-être également l’écart surprenant, face à la loi, entre le ralliement des socialistes (comment ne pas suivre leur électorat enseignant ?) et l’opposition des syndicats de professeurs du secondaire (comment encourager la démobilisation de la base ?) – voire le rôle de Lutte Ouvrière, avant-garde de l’UMP (comment reconvertir la rage des professeurs ?). Bref, c’est dans l’école que se joue, avec le débat sur le voile, la reconstitution d’un discours politique qui dépolitise la République. Alors que beaucoup d’enseignants avaient applaudi les manifestations lycéennes après le 21 avril, 72% ne se prononcent-ils pas désormais pour étendre l’interdiction aux signes politiques à l’école ?

la laïcité révélée

En dépit des apparences, l’affrontement entre partisans et adversaires de la loi n’aura guère porté sur des valeurs : si les premiers se réclament de la laïcité, dans leur très grande majorité, les seconds ne la récusent pas. Il concerne plutôt la formulation du problème : le soutien à la loi suppose d’accorder au voile une importance centrale, tandis que la critique en est fondée sur l’idée que l’essentiel est ailleurs. Vraie question, ou fausse question ? On s’est employé ici à comprendre à la fois ce que le voile révèle, et ce qu’il masque – ce qu’il donne à voir en le cachant. Le débat n’aura pas (simplement) détourné des « vrais » enjeux (inégalités et discriminations). Il aura tout autant contribué à définir des enjeux comme « vrais ». Il ne suffira donc pas de le balayer d’un revers de main, parce qu’il distrait de la réalité. En fait, il n’en constitue pas moins la réalité : la controverse pose et impose des questions.

Ainsi de la République, et de la laïcité. Leurs reformulations récentes peuvent être analysées du point de vue de ce qu’elles ne disent pas, et aussi de ce qu’elles disent ; de ce qu’elles empêchent de penser, mais également de ce qu’elles rendent pensable. Un exemple le montre bien : le rapport de la Commission Stasi propose l’instauration de deux jours fériés – juif (Kippour) et musulman (Aïd-el-Kebir). D’une part, il est remarquable que la logique républicaine de ses membres s’accomplisse dans ce projet multiculturaliste lorsqu’ils s’efforcent de faire contrepoids aux discriminations : à chaque groupe ses commémorations, également reconnues dans l’espace public. Loin d’être incompatible avec le communautarisme, la République se construit donc bien contre lui, c’est-à-dire avec lui – comme l’a montré le rôle fondateur du voile dans la rhétorique républicaine depuis 1989.

D’autre part, les réactions unanimement hostiles à cette proposition, d’ailleurs aussitôt repoussée, ne sont pas moins révélatrices. C’est au nom de la laïcité qu’on la récuse – sans pourtant relever jamais la phrase étonnante qui l’introduit : « Il n’est pas question de remettre en cause le calendrier conçu principalement autour des fêtes catholiques ». Autrement dit, pour les critiques du rapport Stasi, la laïcité serait compatible avec le temps catholique, mais non juif ou musulman. C’est aujourd’hui l’autre visage de la République :le catholicisme serait notre héritage universaliste. Comment mieux révéler la laïcité comme religion nationale – mais peut-être aussi, par contraste, ouvrir l’espace d’une réflexion sur une véritable laïcisation de la société française, c’est-à-dire sur notre avenir et non sur notre passé ?