Vacarme 65 / Cahier

Blouses blanches et panthères noires entretien avec Alondra Nelson

Dans son ouvrage Body and Soul. The Black Panther Party and the fight against medical discrimination (University of Minnesota Press, 2011), Alondra Nelson, professeure à l’université de Columbia à New York, retrace un aspect méconnu de l’activisme des Black Panthers à partir de la fin des années 1960 : leur combat pour l’accès aux soins et l’ouverture de cliniques communautaires dans les quartiers noirs. Dans ces lieux, les soins étaient dispensés par des médecins et des infirmières ralliés à la cause mais également par les militants eux-mêmes qui s’étaient emparés des savoir-faire médicaux.

On se représente toujours les Black Panthers comme des militants armés, engagés dans un conflit violent avec l’État. Votre travail montre à quel point leur activisme dans le domaine de la santé a été occulté. Comment l’expliquez-vous ?

Aux États-Unis, à gauche comme à droite, qu’on ait des sympathies pour les Black Panthers ou qu’on les considère encore comme des terroristes, on partage l’image du Black Panther Party (BPP) comme mouvement armé et para-militaire. Pour les uns, cela s’explique par la peur que leur inspire le BPP, pour les autres, par un certain romantisme de la lutte armée. Y compris nous les chercheurs, sous-estimons certainement les ravages faits par Cointelpro, le programme de contre-espionnage mis en place par le FBI pour venir à bout des Black Panthers. Le parti a été infiltré, les militants ont été montés les uns contre les autres avant d’être isolés ou emprisonnés. Mais le plus grand succès de Cointelpro est certainement d’avoir imposé un récit unique de l’histoire des Black Panthers, centré sur la violence. Au cours de ma recherche, j’ai découvert qu’en 1972 les Black Panthers avaient été invités pour parler de la drépanocytose[ [La drépanocytose est une maladie héréditaire caractérisée par l’altération de l’hémoglobine. Elle est particulièrement fréquente dans les populations noires.]] à la télévision, à une heure de grande écoute, dans l’une des émissions les plus populaires de l’époque. John Lennon et Yoko Ono étaient également sur le plateau. Des millions de personnes ont vus Bobby Seale, Marsha Martin et Donald Williams parler de la drépanocytose avec John et Yoko. Et personne ne s’en souvient ! Pendant les dix ans qu’a duré ma recherche, quand je disais que je travaillais sur la politique de santé des Black Panthers, les gens me prenaient pour une folle ! Même les ouvrages académiques les plus sérieux n’y consacraient pas plus d’une ligne, on y lisait simplement : « Le BPP a fait du travail communautaire et ouvert des cliniques. »

Il a d’abord fallu constituer les archives de cette histoire. J’ai commencé par le centre d’archives du BPP à l’université de Stanford. J’ai ensuite multiplié les entretiens avec d’anciens médecins qui avaient travaillé dans ces cliniques et d’anciens membres du BPP, surtout des militants de base. Il était difficile de gagner leur confiance : Cointelpro les a rendus à jamais méfiants. Par ailleurs beaucoup avaient été interrogés il y a quelques années par un journaliste du Wall Street Journal qui avait finalement dressé un portrait très négatif du BPP dans son livre. Mais à force de patience j’ai accumulé des entretiens et des tracts, des photos, des articles… Au point qu’un deuxième livre pourrait être écrit à partir de ces archives.

En quoi consistait l’activisme du BPP en matière de santé ?

Je dirais qu’ils avaient une perspective de santé sociale. Pour le BPP, la santé n’était pas seulement l’affaire de la science et de la médecine, elle renvoyait également aux questions économiques, à la satisfaction des besoins essentiels, aux inégalités sociales et tout particulièrement au racisme. Ils avaient compris que le racisme et le capitalisme étaient des obstacles à la santé des personnes. Dès la formation du BPP en 1966, les Panthères voulaient mettre en place une intervention communautaire et une offre sociale dans les quartiers noirs. Mais c’est seulement en 1968 que fut décidé que chaque section devait avoir sa clinique. Cela correspond à une modification des équilibres de genre au sein du parti : en 1968, la plupart des leaders, des hommes, étaient en prison, d’autres avaient été tués, ce qui a laissé la place à l’investissement des femmes. Cela correspondait aussi à l’air du temps : depuis le lancement en 1964 et 1965 de Medicare et Medicaid, les assurances-santé publiques pour les plus âgés et les plus pauvres, le débat autour de la couverture médicale était intense. Enfin il s’agissait aussi d’une réorientation stratégique de l’activité du BPP : les militants prenaient conscience qu’avec l’utilisation des armes, ils risquaient de s’aliéner une partie du soutien de la communauté noire.

« Le plus grand succès du FBI est certainement d'avoir imposé un récit unique de l'histoire des Black Panthers centré sur la violence. »

À partir de 1968, les cliniques ont été au cœur de l’intervention sociale des Panthères. Leur activité dépendait largement des ressources locales, de la capacité à trouver des alliés et du matériel... Dans ces cliniques, les militants faisaient d’abord un premier triage : ils demandaient aux personnes qui se présentaient quel était leur problème et décidaient si cela pouvait être pris en charge sur place ou s’il était préférable de les orienter vers des personnes plus qualifiées et de confiance. Ils tissaient un réseau avec des infirmières issues des mouvements militants. Quand ils adressaient des personnes vers l’hôpital public, ils disaient : « Va à l’hôpital mais ne va pas voir n’importe quel médecin, consulte celui-ci, nous savons qu’il va bien te traiter ». Les Panthères entretenaient une relation complexe aux autorités médicales et à l’expertise. D’un côté ils étaient extrêmement critiques envers le pouvoir médical. Comme les féministes et d’autres mouvements de contestation, ils considéraient que le patient devait avoir le droit à la parole dans la relation de soin. De l’autre, ils savaient que du fait des mécanismes de reproduction sociale, il n’était pas possible que les médecins diplômés des cliniques soient exclusivement noirs et qu’il fallait passer des alliances avec des représentants du pouvoir médical. Les recensements montrent que, dans les années 1970, moins de 5% des médecins et des infirmières étaient afro-américains. Ils choisirent donc de mettre à l’épreuve le personnel médical blanc pour savoir qui était digne de confiance. Les médecins blancs issus de la gauche radicale qui voulaient exercer dans les cliniques des BPP devaient d’abord suivre une formation politique et faire leurs preuves pour être acceptés. Dans mon livre, je les appelle des trusted experts, c’est à dire des experts à qui l’on peut se fier car on sait qu’ils sont dans le même camp, qu’ils connaissent les spécificités non pas biologiques mais sociales et politiques de la communauté.

Les cliniques pratiquaient la vaccination, le dépistage d’exposition à des poisons, le contrôle de la pression artérielle, des consultations gynécologiques ou encore le diagnostic de la drépanocytose. À Oakland, la ville d’origine du BPP et son principal bastion, la clinique offrait également des soins dentaires. À Berkeley, des consultations ophtalmologiques étaient proposées. Les cliniques participaient aussi aux programmes d’entraide communautaire avec des distributions de nourriture, de vêtements, de chaussures. Les enfants pouvaient y petit-déjeuner gratuitement. Elles étaient des organisations de terrain qui permettaient de rentrer en contact avec la population noire en partant de ses préoccupations quotidiennes. Les gens n’avaient pas forcément envie de parler de Marx, de Lénine ou de Fanon, mais la santé de leurs enfants était un excellent sujet pour entamer une discussion politique.

Les Black Panthers se sont beaucoup mobilisés autour de la drépanocytose, en faisant de la prévention et du dépistage. Pourquoi se sont-ils concentrés sur cette maladie ?

La drépanocytose était perçue par les Panthères comme un crime de masse dont la responsabilité revenait à l’État, qui ne prenait pas en compte les besoins spécifiques de la population noire et n’allouait aucune ressource pour lutter contre cette maladie. Leur programme de dépistage de la drépanocytose fut certainement la première campagne généralisée de dépistage génétique aux États-Unis.

Aujourd’hui, nous avons tendance à penser qu’en tant qu’antiracistes nous devons nous méfier de la génétique, que l’utilisation systématique de la génétique amène au racisme. Mais l’exemple du BPP montre la complexité de la question. D’une part, ils disent : « Cette maladie nous touche plus particulièrement et vous devez vous en occuper ». D’autre part, ils affirment : « N’utilisez pas la génétique contre nous pour justifier vos affirmations sur notre communauté. Ne formulez pas vos préjugés racistes comme des hypothèses scientifiques en pensant que nous allons nous taire ». Ils ont à plusieurs reprises directement interpellé les scientifiques en refusant que les recherches en génétique restent le « pré carré » des spécialistes. Ils se sont par exemple fermement opposés en 1973 à l’ouverture au sein de l’université de UCLA à Los Angeles d’un centre de recherche sur la violence. Le projet était soutenu par le gouverneur de l’époque, Ronald Reagan, et visait à mener des recherches sur les origines génétiques et biologiques de la violence. Les prisonniers, en majorité des hommes noirs, devaient être la première population étudiée. Pour les BPP, ces recherches étaient une façon de biologiser puis de racialiser les souffrances sociales de la communauté noire, et de détourner la médecine à des fins répressives. Finalement, grâce à la mobilisation du BPP rejoint par une partie des étudiants de UCLA, l’État de Californie a renoncé à financer le projet.

L’activisme en matière de santé des Black Panthers s’inscrit-il dans une tradition existante de « santé communautaire » (community health) aux États-Unis ?

Rappelons qu’au moment de la création du BPP, la ségrégation raciale vient juste d’être abolie aux États-Unis. Le système de santé avait lui aussi fonctionné de façon ségréguée. Les Noirs n’avaient pas accès aux soins primaires et n’avaient pas l’habitude d’aller à l’hôpital. Les espaces de soins étaient différenciés, les Noirs avaient leurs propres écoles de médecine, leurs propres lieux de soins. Le BPP a poursuivi cette pratique à une époque où la ségrégation était devenue illégale mais restait toujours effective dans la pratique, notamment pour l’accès aux soins. Derrière ces initiatives il y avait l’idée que si l’État n’assurait pas l’accès aux soins, c’était à la communauté de l’organiser. Le mouvement de santé communautaire existait depuis le début du XXe siècle mais il était surtout mené par les élites philanthropiques et la classe moyenne éduquée, qui n’avaient pas un discours critique sur l’État ou de perspective de classe. Dans le cadre de la politique de « guerre contre la pauvreté » lancée par le président Johnson du début des années 1960, l’État s’était lui-même beaucoup appuyé sur ces cliniques communautaires. Elles recevaient des subventions mais en réalité la population, notamment les plus pauvres et les moins éduqués, n’était pas réellement impliquée dans leur gestion. De ce point de vue, avec sa pensée antiraciste et sa critique de classe, l’activisme des BPP en matière de santé était en rupture avec les initiatives précédentes.

« Les gens n'avaient pas forcément envie de parler de Marx, de Lénine ou de Fanon, mais la santé de leurs enfants était un excellent sujet pour entamer une discussion politique. »

Dans les années 1960-1970, un mouvement sur les questions de santé émergeait à l’extrême gauche avec des groupes comme Health/PAC, qui critiquait la médecine et les couvertures médicales tournées vers les profits plutôt que vers le soin. On pourrait citer également la clinique hippie de Haight Ashbury en Californie, qui accueillait notamment des consommateurs de drogues, ou les mouvements féministes qui voulaient destituer le pouvoir patriarcal de la médecine. Les Black Panthers dialoguaient avec tous ces mouvements, qui voulaient bouleverser les normes de la médecine. Mais leur projet était certainement plus radical. Ils voulaient modifier la hiérarchie entre le médecin et le patient. Ils considéraient que les soins primaires, comme le contrôle de la pression artérielle ou le test pour la drépanocytose, pouvaient être donnés par les membres de la communauté elle-même.

Quelles étaient leurs relations avec l’État ? D’un côté, le BPP fondait des cliniques communautaires autonomes. De l’autre, il demandait à l’État de prendre ses responsabilités en matière de santé.

Tout d’abord, il faut comprendre que les BPP n’étaient pas séparatistes, à la différence d’autres mouvements noirs comme Nation of Islam ou les rastafaris adeptes de Marcus Garvey. Ils voulaient des espaces autonomes et une révolution pour transformer l’État. Au quotidien, leur attitude était extrêmement pragmatique. Elaine Brown, l’une des leaders du mouvement, me disait : « Nous prenions l’argent d’où qu’il vienne ». Ils recevaient des dons de riches magnats d’Hollywood, des subventions fédérales ou locales, le soutien de paroisses…

En 1971, Nixon a mis en place un programme de lutte contre la drépanocytose. Le BPP a été très affaibli par cette initiative. Tant qu’ils pouvaient critiquer l’État et démontrer qu’il y avait un biais racial dans la répartition de l’argent fédéral, ils restaient dans une perspective marxiste-léniniste selon laquelle le problème de fond est que, dans un système capitaliste, la santé est un moyen comme un autre de faire du profit et que le racisme n’est qu’un révélateur de cet état de fait. Mais quand le gouvernement a débloqué 1,2 million de dollars en un an, l’argument de la négligence d’État n’a plus fonctionné. Dans un premier temps, le BPP a vu dans l’initiative de Nixon une victoire mais à long terme, avec l’engagement de l’État dans le traitement de la drépanocytose, il a perdu ce qui avait été l’un des outils idéologiques les plus efficaces pour démontrer la discrimination raciale en matière de recherche et d’accès aux soins et pour mobiliser la base. S’il avait été un mouvement comme Act Up, qui se consacre uniquement aux questions de santé, il aurait pu réorienter son action. Mais à ce moment-là les Black Panthers étaient engagés sur la question des prisons, ils assuraient des distributions de nourriture à travers tout le pays, Bobby Seale briguait la mairie d’Oakland…

« Il y avait l'idée que si l'État n'assurait pas l'accès aux soins, c'était à la communauté de l'organiser. »

Comment cet activisme sur les questions de santé s’est-il éteint pour finir ?

Contrairement à d’autres activités des Panthères, les cliniques demandaient énormément d’énergie et d’organisation. Si vous voulez organiser une manifestation, vous trouvez cinquante personnes, vous faites des pancartes et vous y allez. Pour une clinique il faut des locaux, de l’équipement spécialisé, des militants formés, éventuellement une assurance, vous devez avoir un réseau de médecins qui viennent dans la clinique ou vers lesquels vous pouvez adresser les patients. Le BPP demandait à chaque section de fournir cet effort mais ne donnait aucun moyen, chaque section devait trouver des ressources locales. En 1968, c’est-à-dire après que le BPP a pris son tournant social, John Edgar Hoover a déclaré que les Black Panthers étaient la plus grande menace pour l’Amérique. Il savait que les Panthères attiraient la sympathie et trouvaient des soutiens grâce aux interventions communautaires. Une grande part de la répression va consister à détruire ces initiatives et notamment les cliniques. En décembre 1969, la police de Los Angeles a été autorisée à détruire une clinique qui était supposée ouvrir la semaine suivante. Les locaux et les équipements ont été saccagés, les produits médicaux détruits, des mois de travail militant ont été anéantis. Si la police ne pouvait pas empêcher les cliniques d’ouvrir, elle rendait la vie impossible aux militants en multipliant les amendes, car ils n’avaient pas les bonnes autorisations, en exigeant des attestations d’assurance, en les poursuivant en justice. Ce harcèlement a épuisé les forces militantes. D’autant qu’à la même époque de plus en plus de membres de la communauté étaient mis en prison, le système d’incarcération de masse des Noirs prenait son essor et les rangs du parti commençaient à être infiltrés par le FBI.

Que reste-t-il alors de cet aspect de l’intervention des Black Panthers dans ce domaine ? Que s’est-il transmis de cet activisme aux mouvements de lutte contre le sida par exemple ?

On ne peut pas dire qu’il y ait eu transmission directe et évidente entre la politique des Black Panthers en matière de santé et l’activisme de la lutte contre le sida des années 1980, bien que le sida ait massivement décimé les communautés noires. La répression d’État a entravé un tel transfert de compétences et d’expériences militantes. Dans la littérature sociologique anglo-saxonne on parle souvent de social movement spillover pour évoquer la façon dont les façons de faire et les stratégies des mouvements sociaux sont reprises et réinterprétées par d’autres. C’est une idée très intéressante mais extrêmement difficile à démontrer empiriquement, sauf quand on peut retracer la trajectoire d’individus. C’est le cas pour certains militants des Black Panthers ou des Young Lords (voir l’article de Claire Richard, page 83) qu’on retrouve dans la lutte contre le sida plus tard. La lutte activiste contre le sida des années 1980 est souvent vue comme l’héritière des mouvements activistes de femmes dans le domaine de santé, notamment autour du cancer du sein. Mais si on pense que le mouvement critique et militant autour de la santé était beaucoup plus large et incluait des organisations aussi diverses que le BBP, Health/PAC ou le centre Haight Ashbury, il y a certainement des connexions à trouver. J’aimerais écrire cette histoire, consigner la mémoire de ces formes d’activisme.

« Après l'ouragan Katrina, un collectif s'est monté à la Nouvelle-Orléans. À l'origine, on retrouve un militant des Black Panthers, un militant anarchiste et une infirmière qui venait des milieux activistes. »

Il ne faut pas perdre de vue que les contraintes sur ces formes d’action communautaire ont beaucoup évolué. Après l’ouragan Katrina, un collectif s’est monté à la Nouvelle-Orléans : the Common Ground Health Collective. À l’origine du collectif on retrouve un militant des Black Panthers, Malik Rahim, un militant anarchiste, Scott Crow, et une infirmière qui venait des milieux activistes, Sharon Johnson. Ils ont monté une clinique en trois jours et ont apporté des soins alors que les services d’État étaient défaillants. Aujourd’hui Common Ground est devenue une ONG qui doit se plier à des protocoles, respecter des normes et se professionnaliser pour être reconnue par les autorités et continuer à exister. Cela n’a rien à voir avec la situation des cliniques des BPP en 1968. À l’époque il suffisait d’ouvrir un local, d’appeler ça une clinique et de commencer à faire des frottis gynécologiques, des tests de dépistage de la drépanocytose, des contrôles de la pression artérielle… Aujourd’hui, les autorités feraient fermer un tel endroit en quelques jours. L’exemple de Common Ground illustre bien ce que Naomi Klein raconte dans La Stratégie du Choc : c’est dans les moments de crise, où les règles habituelles ne s’appliquent plus, que vous pouvez expérimenter de nouvelles choses comme ouvrir une clinique communautaire. Par exemple, l’une des premières initiatives du mouvement Occupy à New York a été d’organiser la tournée de médecins de rues pour les militants, des street medics. Mais rapidement cette fenêtre de possibilités se referme et l’État se rappelle à vous : « Qui vous a autorisés à faire cela ? »