récits de Raqqa, la nuit une ville occupée par Daesh

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Raqqa, ville moyenne située à l’est de la Syrie, est passée depuis 2013 sous contrôle des islamistes : d’abord le Front al-Nusra puis l’auto-proclamé État islamique. Malgré une offensive arabo-kurde lancée en novembre 2016 pour libérer la ville, Raqqa est toujours, à l’heure où nous mettons sous presse, le fief de cette organisation. Depuis son occupation par Daesh, Raqqa est surtout une ville que l’on désire fuir à tout prix mais toujours avec le sentiment triste qu’on abandonne derrière soi ceux qu’on aime. Zeina, Iman, Maha, Mohammed racontent la vie quotidienne des habitants, notamment des femmes sous l’occupation de Daesh, qui se sert de l’islam pour les asservir aussi durement que le faisait le régime précédent.

Un matin d’automne, une amie m’appelle et me propose de l’accompagner pour rencontrer Zeina qui vient d’arriver de la ville de Raqqa avec quelques membres de sa famille. Zeina a la quarantaine bien avancée. Elle était institutrice jusqu’à ce que la révolution débute. Mon amie n’a pas vu Zeina depuis plusieurs années. Après avoir pris part aux manifestations contre le régime, elles ont été séparées lorsque Zeina a pris la route de Raqqa, sa ville natale, libérée par l’Armée syrienne libre (ASL) en mars 2013. Elle espérait alors pouvoir continuer ses activités révolutionnaires sans être inquiétée par le régime. Mais quelques mois après son retour, en janvier 2014, sa ville natale a été prise par un groupe se désignant comme l’État islamique d’Iraq et de Syrie [al-dawla al-islamiyya fi-l-Iraq wa-l-Sham] que les révolutionnaires de la ville et du reste de la Syrie ont dénommé Daesh. DAESH est un acronyme, inusuel en arabe — inventé pour tourner ce groupe en dérision, surtout pour marquer le refus de le reconnaître comme un État, encore moins comme « l’État islamique ». L’organisation, considérant ce terme comme une insulte, punit de mort quiconque l’appelle Daesh. Les habitant·e·s des zones passées sous son contrôle doivent l’appeler l’État [al-dawla].

Zeina, marcher, partir

Lorsque j’arrive chez la famille qui héberge Zeina, sa sœur Maha et son frère Mohammed, ils viennent juste de traverser la frontière, avec un groupe d’ami·e·s et de proches. On est en train de leur servir un déjeuner copieux. Ils sont heureux de trouver des aliments qui sont devenus rares dans leur ville. « On a traversé toute la Syrie avant d’arriver ici » explique Zeina. « Damas, Hama, Idlib, Alep puis les montagnes kurdes ! À chaque checkpoint, on devait inventer une nouvelle histoire : on va rendre visite à des proches ici ou là... Quand le bus était arrêté, on était tous fouillés un par un, ainsi que nos sacs. Daesh vous ramène à Raqqa et vous avez de gros ennuis s’ils découvrent que vous vous apprêtez à quitter le pays. Le plus important, pour les femmes, est qu’il faut être accompagné par un mahram c’est-à-dire une sorte de tuteur comme un homme de la famille accompagnant une femme et cela peut être son mari, son père, son frère ou un fils pubère. Ça nous a pris plusieurs jours avant d’arriver aux montagnes kurdes. On a dû marcher sept kilomètres dans les montagnes, la route était comme ça. Zeina met sa main presque à la verticale pour signifier la pente de la route qu’ils ont empruntée. Il y avait des familles entières, des enfants en bas âge, des femmes enceintes. Il y avait cette vieille femme qui était vraiment mal en point, mais tout le monde devait marcher. Il n’y avait pas d’autre choix. La route était très boueuse et la marche fatigante. On n’avait pas emmené assez d’eau et on n’en trouvait plus dans les montagnes. On est arrivé à la frontière turque. Sans doute la partie la plus épuisante. Il faut franchir une tranchée de deux mètres et courir. On a dû payer une somme énorme aux douaniers pour pouvoir entrer en Turquie. On a ensuite pris un bus à la gare routière pour arriver ici. »

Iman, survivre pour espérer rentrer

Alors que les voyageurs refont leurs sacs et se douchent l’un après l’autre, ceux qui attendent leur tour ou qui ne reprennent pas la route le soir même racontent d’innombrables histoires. Iman, une cousine éloignée de Zeina qui a la trentaine, compte poursuivre sa route vers Izmir où elle prévoit de retrouver sa sœur et sa famille pour tenter la traversée vers la Grèce. Tout en réorganisant son petit sac à dos dans lequel elle n’emmène que le strict nécessaire pour la route, elle raconte comment elle en est venue à quitter sa ville natale : « Il n’y avait plus de travail dans la ville. Daesh a confisqué nos biens et nous a interdit de travailler. Mes frères avaient un hôtel. Daesh l’a fermé. Ils n’avaient plus de travail. Ils ne pouvaient plus nourrir leurs familles, donc ils ont fui. Ils n’ont pas eu le choix. Un de mes frères a dû fuir la ville car il combattait avec l’ASL et avait participé à la libération de Raqqa en 2013. Comme il avait pris part aux manifestations contre le régime, il était recherché. Il a fui Raqqa et a été arrêté par le régime à Lattaquié. Deux semaines plus tard, on a appris qu’il était mort sous la torture par le régime. » Alors qu’elle plie une petite serviette et qu’elle remet son peigne dans une petite trousse dans son sac à dos, elle poursuit : « J’ai été arrêtée par Daesh il y a quelque temps parce qu’un daeshi m’a vu nettoyer la cour intérieure de la maison de mes parents sans porter de chaussettes dans mes sandales. Je suis divorcée. C’est donc mon frère qui m’a accompagnée au commissariat. Quand il leur a dit qu’il était mon frère, ils ont demandé où était mon mari. On leur a expliqué que je ne suis pas mariée, mais ils n’arrivaient pas à comprendre pourquoi. Après avoir été arrêtée, j’avais tout le temps peur, même quand j’étais chez moi. La peur est omniprésente à Raqqa. Après cet incident, ma mère m’a dit qu’elle préférerait me savoir en sécurité à l’étranger plutôt que de me garder auprès d’elle. » Après une courte pause, elle reprend : « Elle a raison. Je ne peux pas travailler à Raqqa, je ne peux rien faire du tout, je reste à la maison parce que j’ai constamment peur. J’ai donc accepté de partir. Mais je veux retourner à Raqqa. Tout le monde veut rentrer, mais pour le moment on a besoin d’un endroit sûr où trouver refuge et recevoir de l’aide, avant que l’on puisse rentrer dans notre ville, et retrouver nos vies et notre travail. On ne peut pas rester en Turquie, la vie est trop chère ici et il n’y a pas de travail. Mais en Europe, on peut survivre jusqu’à ce qu’on puisse rentrer. »

En achevant de raconter son histoire, Iman ouvre un sac plastique, puis un deuxième, dans lesquels elle a placé ses habits pour les garder au sec. Elle se tourne vers moi et me demande : « Il fait froid en mer ? ». Comme les températures ont chuté et sont déjà proches de zéro, j’acquiesce timidement. « Heureusement que j’ai pris un pull en laine ! » me dit-elle soulagée, sortant un épais pull de ses sacs plastique. Iman part peu après pour la gare routière où elle espère trouver un bus pour Izmir.

La nuit tombe. Ceux qui devaient continuer leur route le jour même sont partis. Zeina se met à raconter la vie quotidienne sous Daesh. Quand elle en vient à la situation des femmes à propos de l’accès aux soins, plusieurs narguileh ont été allumés et on fume abondamment, ce qui crée une épaisse fumée dans le salon de nos hôtes. Zeina explique que la plupart des docteurs ont fui la ville car ils étaient forcés de coopérer avec Daesh. En outre, du fait des régulations imposées par Daesh, les femmes ne peuvent être soignées que par des femmes, ce qui rend le nombre de médecins qu’elles peuvent consulter proche de zéro. Zeina décrit une situation à la fois dramatique par le manque de médecins et proche de l’absurde du fait de ces prétendues lois islamiques : « Les femmes meurent pour rien dans notre ville à cause de ces règles. » Elle dépeint ainsi le système mis en place par Daesh : « Les femmes ne peuvent consulter que des femmes médecins, mais nous n’avons plus qu’une ou deux doctoresses dans la ville. Et les femmes ne sont pas autorisées à sortir de chez elles sans un mahram. Donc, si tu es veuve et que tes fils ont quitté la ville, ou si tu es déplacée avec des enfants en bas âge, tu ne peux pas te rendre à l’hôpital. J’ai vu une femme de soixante-dix ans se faire arrêter à l’hôpital par des daeshi parce qu’elle était venue seule. Qu’est-ce qu’elle était supposée faire ? Elle avait besoin de voir le médecin et elle n’avait personne pour l’accompagner. On ne peut quand même pas la laisser mourir seule chez elle ! Mais ils ont refusé de l’écouter et l’ont arrêtée ! » dit-elle, encore choquée.

Je lui demande comment se passent les accouchements. Elle m’explique qu’il reste quelques sages femmes dans la région, mais qu’en cas de complications, les femmes doivent se rendre à l’hôpital. « J’ai accompagné ma sœur et sa fille qui était sur le point d’accoucher. Il y avait une femme médecin à l’hôpital. Ma nièce avait besoin d’une césarienne, mais il n’y avait plus d’antalgiques. Du coup le docteur a dû faire la césarienne sans anesthésie. Tu imagines ? Une césarienne sans anesthésie ! On n’a plus de médicaments, Daesh garde tout pour son propre usage. Et ils réquisitionnent tous les médecins, c’est pour ça que les docteurs ont fui la ville. Si vous ne voulez pas travailler pour Daesh, il vaut mieux partir. » Nous remplissons à nouveau nos verres de thé. Zeina poursuit : « Le manque de médecin est vraiment un problème majeur, surtout pour les jeunes femmes. Daesh ne laisse personne en dessous de quarante-cinq ans se rendre à Damas pour des raisons médicales. Si tu as moins de quarante-cinq ans, ils te laissent mourir sans traitement ! ». Je lui demande naïvement : « Comment veulent-ils que vous viviez dans ces conditions ? ». Elle me répond : « Mais ils ne veulent pas qu’on vive ! Ils veulent qu’on meure ! ».

« Le docteur a dû faire la césarienne sans anesthésie. On n’a plus de médicaments, Daesh garde tout pour son propre usage. »

Quelques jours plus tard, Zeina nous parle cette fois-ci du sort des Syrien·ne·s qui sont temporairement déplacé·e·s à Raqqa, en provenance d’autres localités du pays. « Ceux qui essaient d’aider les déplacés sont traités comme des criminels par Daesh — comme le régime le fait dans les régions qu’il contrôle ! » Elle continue, exaspérée : « Daesh ne veut pas aider les déplacés et nous empêche de les secourir, mais ils s’autoproclament musulmans ! » Zeina nous raconte alors l’histoire d’une jeune veuve avec trois enfants en bas âge : « Cette femme vit dans un petit appartement qu’elle a réussi à louer au-dessus d’un garage. Elle est accompagnée de trois jeunes enfants, et n’a personne pour lui servir de mahram. Un daeshi l’a remarquée, et a commencé à se rendre chez elle tous les jours pour la demander en mariage, lui disant qu’elle devrait bien épouser l’un d’entre eux car il lui fallait un mahram dans cette ville. Elle a finalement accepté, avant de s’enfuir de la ville quelques jours plus tard avec ses enfants. Les femmes ne peuvent aller nulle part sans mahram. » Zeina ajoute, sourire aux lèvres : « Moi, je n’avais pas de mahram, mais je continuais à rendre visite à mes amies. Je demandais à n’importe quel garçon du quartier que je trouvais sur mon chemin de prétendre être mon fils ! »

Zeina explique plus sérieusement qu’elle ne pouvait pas quitter sa maison seule : « Je ne pouvais même pas me rendre chez mon frère ou ma sœur, même si je me déplaçais en taxi. Donc je devais mentir si je voulais sortir de chez moi. Je ne suis pas mariée, je n’ai pas d’enfants et je n’ai plus qu’un frère dans la ville mais il a sa famille. Alors, si j’étais tombée malade, personne n’aurait pu m’emmener à l’hôpital. Qu’est-ce que je suis supposée faire ? Rester chez moi et mourir comme ça ?! »

Maha, uniformes daeshis

« Tout a changé depuis que Daesh occupe la ville : on manque d’électricité, de gaz, de pain... Les plus démunis ne peuvent même plus acheter de pain... Il n’y a plus de vie dans la ville. On attend de mourir chez nous, et d’être soulagés de nos tourments par Dieu. » Alors que la discussion glisse sur les restrictions vestimentaires imposées aux femmes, Maha, la sœur de Zeina, en profite pour ajouter à mon intention : « Tu sais, les règles vestimentaires ne sont pas seulement imposées aux femmes. Mon mari ne sort plus de chez nous parce qu’il était toujours arrêté dans la rue : les hommes ne sont pas autorisés à porter des jeans ou d’autres pantalons longs, ils doivent porter des pantalons plus courts, des pantalons afghans. » Maha précise que les coutumes importées par Daesh sont étrangères et inconnues en Syrie et que les lois que l’organisation impose n’ont rien à voir avec l’Islam. Comme les récits de sa sœur, les histoires de Maha soulignent le sentiment d’étrangeté, de surprise et de colère vis-à-vis de Daesh et de ses coutumes, tout comme leur condamnation.

« S’ils étaient vraiment là au nom de l’Islam, ils nous traiteraient humainement et avec dignité, mais à la place, ils nous oppriment et nous torturent. Ils ne sont en rien différents du régime... »

Les histoires de celles et ceux qui ont fui les régions contrôlées par Daesh, comme d’ailleurs par le régime, laissent une grande place à la peur. « La situation est vraiment effrayante. Daesh peut t’arrêter à tout moment, même pour avoir prononcé un mot qui ne leur plaît pas. Le fils de nos voisins, un jeune homme de dix-sept ans, a été arrêté pour avoir juré. Son corps a été rapporté à ses parents, la tête et le sexe en moins. On a tous très peur, on ne sort de chez nous que pour acheter de la nourriture parce qu’on peut être arrêtés pour un oui ou pour un non... J’ai vu un daeshi d’environ seize ans insulter et arrêter un homme de soixante ans parce que son pantalon était trop court. Ce n’est pas l’Islam, ça ! Notre religion nous prescrit d’être moral, généreux et accommodant. On a perdu beaucoup de jeunes gens, tués par Daesh. S’ils étaient vraiment là au nom de l’Islam, ils nous traiteraient humainement et avec dignité, mais à la place, ils nous oppriment et nous torturent. Ils ne sont en rien différents du régime... Si l’on veut enseigner à quelqu’un à lire le Coran, on ne doit pas le fouetter tous les jours pour qu’il l’apprenne. Au contraire, il faut pousser l’étudiant à désirer lire le Coran et à aimer le lire... » conclut Zeina.

Dans leurs descriptions des traitements — inhumains, selon leurs propres termes — infligés par Daesh à la population, les deux sœurs insistent sur le fait que les méthodes de cette organisation ne sont pas différentes de celles du régime. « On est opprimé comme on l’était par le régime. La seule différence se trouve dans la rhétorique adoptée par Daesh ! » explique Zeina. Les deux sœurs dénoncent aussi le fait que Daesh ne gouverne pas les territoires qu’il occupe comme un État. Toutes deux soulignent que Daesh ne délivre pas les services de base à la population locale et que la vie dans les territoires qu’il contrôle est hautement incertaine et instable. En outre, il n’y a pas vraiment de système scolaire, ni d’administration efficace. Zeina a fui avec Maha et ses enfants ; leur frère Mohammed les a accompagnés jusqu’à la frontière turque. Maha avait très peur que ses deux adolescents finissent par être réquisitionnés par Daesh. Elle raconte que l’organisation réquisitionne les jeunes hommes de plus en plus tôt, et que leurs parents risquent d’être emprisonnés s’ils refusent de les envoyer. C’est ce qui est arrivé à leur voisin.

rester ou revenir

Leur frère a décidé de rester dans leur ville natale. Zeina explique : « Si tu quittes Raqqa, Daesh s’empare de ta maison, et tu ne peux plus y revenir. C’est pour ça que notre frère n’a pas voulu quitter la maison familiale. Il ne veut pas la leur laisser. Il veut vivre avec dignité, et, pour lui, ça signifie vivre dans son pays et dans sa ville, et non à l’étranger. Malgré les difficultés et la peur, il a décidé de rester. Quitter le pays est vu comme un crime par Daesh. Quand on a commencé à voir leur véritable visage, la ville a commencé à se vider de ses habitants. Ils se sont mis à confisquer les biens de ceux qui partaient pour les décourager. Sur les checkpoints, ils inscrivent sur des panneaux que “ceux qui quittent le pays se rendent dans des pays infidèles aux mœurs corrompues”. »

Après quelques semaines passées chez leurs proches, Mohammed s’apprête à retourner à Raqqa. Il veut retrouver sa famille et sa ville, malgré les nouvelles conditions de vie. Il ne pourrait pas survivre sans travail en Turquie, car le coût de la vie y est très élevé pour les Syrien·ne·s. Son départ est précipité par les bombardements répétés sur Raqqa. Il est inquiet pour sa femme et ses enfants et veut les emmener à l’extérieur de la ville où les bombardements sont plus rares. Sans lui, ils ne peuvent aller nulle part. Les deux sœurs rapportent du marché de larges sacs remplis de produits pour bébé que l’on ne peut trouver à Raqqa et de chocolats pour les enfants. Elles ont aussi acheté du tabac qu’elles conseillent à leur frère de cacher dans son pantalon. Elles essaient pour voir si c’est assez discret et lui disent qu’elles le fixeront pour lui avant qu’il ne traverse la frontière.

Plusieurs semaines après le retour de Mohammed à Raqqa, Maha et Zeina sont toujours en Turquie. Un soir, alors que je leur rends visite pour prendre de leurs nouvelles, j’assiste à des retrouvailles émouvantes entre les deux sœurs et une cousine venue d’une ville voisine. Les trois femmes ont les larmes aux yeux quand Zeina remet à sa cousine les quelques petits objets qu’elle a pu ramener avec elle de la mère de celle-ci, récemment défunte. Zeina tend à sa cousine une petite pile de photos de sa mère, de pique-niques familiaux au bord de l’Euphrate, de mariages et d’autres moments heureux. Elle lui remet un châle et des boucles d’oreilles que sa mère a demandé de lui donner avant de mourir. Alors qu’elle lui conte les derniers jours de sa mère, elle la rassure : « Elle ne t’en voulait pas d’être partie, elle savait que tu n’avais pas le choix ! ». La cousine de Zeina se tourne vers moi et me raconte qu’elle a dû s’enfuir en pleine nuit pour ne pas être arrêtée par les hommes de Daesh. Elle était apparemment recherchée pour avoir participé aux manifestations contre le régime et pour l’aide qu’elle apportait aux familles de déplacés. Elle ne peut encore admettre qu’elle n’a pas pu rendre visite à sa mère une dernière fois ni la veiller avec le reste de sa famille. « On est si proche de notre ville mais on ne peut plus y retourner ! »

Post-scriptum

Maya Florino (pseudonyme) est journaliste indépendante et arabophone. Ce texte a été écrit dans le cadre d’un projet de portraits de réfugié·e·s syrien·ne·s dans les pays limitrophes.