Dès la manifestation du 27 mai, une autre lutte est menée à l’intérieur de la lutte. Un combat de tous les instants s’engage autour de la production et de la diffusion des discours et de l’image, photographique ou télévisuelle, combat qui prend à Dammarie-lès-Lys la forme de l’appropriation du moyen de lutte des détenteurs de la parole autorisée, qu’elle soit texte ou image : le droit. L’article 9 du Code civil est sans cesse convoqué, qui précise qu’une association est une personne morale, qu’elle bénéficie du droit à l’honneur, de la présomption d’innocence, du respect de la vie privée, et que de ce fait son consentement à l’image est requis. Une convention est établie par Bouge qui Bouge, obligeant les journalistes à s’y soumettre avant de filmer sous peine de mise en demeure et de poursuites. C’est dans le même registre qu’il faut situer la plainte en diffamation déposée le 16 septembre contre les propos du maire.

Ce combat est autant celui de l’appropriation de moyens de lutte aussi universels qu’asymétriques, le droit et le contrôle des discours autorisés sur « la banlieue ». Notre travail s’est effectué dans ce contexte.

Petit observatoire des idéologies sécuritaires (POIS)

Suite à la mobilisation du 1er mai dernier et au vu des résultats de l’élection présidentielle - qui a donné lieu à la création d’un « grand » Ministère de la Sécurité - des artistes, étudiants, pédagogues et acteurs culturels ont ouvert un Petit Observatoire des Idéologies Sécuritaires. Le POIS se propose d’être un outil et un forum pour tous ceux qui, intéressés par les possibilités critiques de l’art, veulent rappeler que le travail de l’information est de se mettre au service de l’éducation et de la démocratie, plutôt que d’accepter aveuglément des interprétations de l’actualité dictées par des discours de propagande. Son exigence est de soutenir le débat sur le traitement de la violence sociale par une information précise et réfléchie. À partir du 16 octobre 2002, ses séances auront lieu les mercredis des semaines paires, à 18 h, en alternance avec le séminaire des territoires à l’Amphithéâtre des Loges n°1, École des Beaux-Arts, 14 rue Bonaparte, 75006 Paris, M° Saint-Germain-des-Prés.

La séance du 16 octobre s’organisera autour de la sortie du numéro de Vacarme consacré à la pression sécuritaire exercée au Bas-Moulin (Dammarie-lès-Lys) et à la réponse politique de l’association Bouge qui Bouge. Elle portera plus particulièrement sur la relation critique de Bouge qui Bouge aux médias et sur les formes possibles d’une collaboration avec le POIS. En présence des responsables de Bouge qui Bouge, de militants du Mouvement de l’Immigration et des Banlieues et de l’équipe rédactionnelle de la revue Vacarme.